Sexisme ordinaire à la manifestation nationale

"Une fois arrivée à Bruxelles, je rejoins mes collègues, l'animation bat sont plein, et en tant que groupe de femmes, on se fait rapidement "charrier". Plus loin ça continue, et on a droit à un mec qui fait mine de se masturber. La coupe est vraiment pleine!" Opinion.

contribution externe
Sexisme ordinaire à la manifestation nationale
©Photo News

Une opinion de Pauline Legros, repérée sur Facebook.

Aujourd'hui je reviens de la Manifestation nationale contre la loi Peeters de réforme du travail qui vise à rendre le temps de travail encore plus flexible. Cette flexibilité accrue sera encore plus contraignante pour les personnes qui travaillent à temps partiel, c’est-à-dire plus de 80% de femmes. Alors oui, la coupe est pleine…

En tant que citoyenne et en tant que femme je me sens donc concernée par cette mobilisation. Alors, malgré ma crainte des pétards qui explosent n'importe où et "parce que je veux former durant quelques heures une unité politique d'opposition citoyenne : des dizaines de milliers de personnes, tous ensembles, au-delà des clivages ethniques, sociaux, linguistiques et générationnelles" (Jonathan Dehoust), je décide de prendre le train armée de mes drapeaux et foulards de Vie Féminine pour crier haut et fort que les femmes aussi refusent cette loi qui nous affaiblira une fois de plus.

Des choses à revendiquer, il y en a, c'est bien pour ça que je suis là. Jusque-là tout va bien.

Une fois arrivée à Bruxelles, je rejoins mes collègues, l'animation bat sont plein, et en tant que groupe de femmes, on se fait rapidement "charrier": "Ah ah mais faut aussi faire la Vie Masculine" - "On ne parle pas comme ça à un délégué syndical, on dit pardon camarade...". Sans parler des coup de sifflets en stéréo dans les oreilles… C'est pénible mais on est habituées, puis "des choses à revendiquer, il y en a, c'est pour ça que je suis là".

Plus loin ça continue, et on a droit à un mec qui fait mine de se masturber sur nous. Cette fois, je ressens comme un malaise qui s'installe mais "faut continuer, en tant que femmes on a vraiment des choses à dire, puis y a pire."

Plus loin encore, une jeune femme nous rejoint en pleurs et en colère. Grâce à nos couleurs Vie Féminine, elle nous a repérées dans la foule. Elle a besoin de parler à des femmes, des féministes de ce qu’elle vient de vivre. Que s'est-il passé? Un gars s'est permis de lui mettre la main aux fesses. Elle décide pour une fois de ne pas se laisser faire et de se dégager, mais il la retient violemment par le bras au point de lui démettre l'épaule.

Alors oui, la coupe est vraiment pleine!!!

Combien d'autres femmes ont vécu une situation similaire aujourd'hui?
Combien d'autres femmes se sont dit: "Allez c’est pas si grave?"
Combien ne sont pas venues à cause de ça?

Avant de partir se faire examiner par un médecin, elle nous interpelle et nous demande ce qu’on peut faire face à ça. Cette femme nous a rappelé l’importance à ses yeux d’organiser des blocs de femmes dans les manifs pour être plus fortes ensemble alors oui, nous continuerons à former des blocs de femmes…

Nous sommes la moitié de l'humanité, et les femmes sont des travailleurs comme les autres !

Quand vous comprendrez que le patriarcat fait autant de dégâts que le capitalisme, quand vous respecterez les femmes, quand vous cesserez de les évincer de l'espace public, nous n'aurons plus peur et nous pourrons mener des luttes ENSEMBLE, vraiment et nous en serons toutes et tous d'autant plus forts!

Prenez vos responsabilités!

‪#‎sexismeordinaire‬

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