L’ironie d’une corrida remportée par le taureau

Quand l’homme vient à bout de la bête brute, on célèbre sa victoire. Mais, quand le taureau encorne son bourreau, on crie à l’assassinat. La corrida n’est-elle donc pas un combat ? OPINION.

Contribution externe
L’ironie d’une corrida remportée par le taureau
©Montage

Quand l’homme vient à bout de la bête brute, on célèbre sa victoire. Mais, quand le taureau encorne son bourreau, on crie à l’assassinat. La corrida n’est-elle donc pas un combat ?
UNE OPINION DE SOLANGE T'KINT (administratrice de l'ASBL "Suppression des expériences sur l'animal")

Samedi dernier, le torero espagnol Victor Barrio a été mortellement blessé dans l’arène. Lorenzo, un beau taureau de 500 kg, l’a encorné au côté droit du thorax. Exit Victor Barrio et son habit de lumière.

Ces images dramatiques ont été diffusées en direct à la télévision espagnole. Depuis lors, les amateurs de corrida et les toréadors crient au scandale. Le taureau est un assassin ! Sale bête, elle ne se laisse pas persécuter puis tuer gentiment ! Non, l’animal se rebiffe, enfonçant sa corne sous l’aisselle de celui qu’on désignait comme "un magnifique combattant dans son habit de lumière rouge et doré".

Il paraît que Victor Barrio était un torero "talentueux", ayant fréquenté toutes les arènes d’Espagne. Les "spécialistes" et les amateurs lui prédisaient un avenir prometteur : il aurait dû continuer à nous démontrer la soi-disant supériorité de l’Homme (avec un grand H) sur la bête brute. Et puis paf ! Plus de torero.

Si je comprends bien, quand le matador gagne et tue le taureau, c’est la victoire de l’Homme sur la brute… et on applaudit… Mais, par contre, quand c’est le taureau qui tue un toréador, c’est un assassinat ! A ce titre, j’apprends que la mère de Lorenzo sera conduite à l’abattoir "comme le veut la tradition" et qu’ainsi la lignée du "taureau assassin" s’éteindra avec elle. Le torero devrait-il donc toujours gagner ? La corrida n’est-elle pas un combat ? Je vous avoue que j’ai du mal à suivre ou alors je n’ai rien compris…

Comme le rapportent les médias espagnols, le dernier décès d’un torero dans les arènes espagnoles remonte à 1985, quand un "jeune prodige", du nom de José Cubero, est embroché au cœur. Un "jeune prodige" ? On croit rêver ! Un jeune tortionnaire, me semble plus adéquat.

1 868 spectacles taurins ont été organisés en Espagne en 2014, d’après les données officielles. Ils ont attiré 6 millions de spectateurs, précise L’Association nationale des organisateurs de spectacles taurins, voulant à tout prix que ces représentations cruelles soient maintenues.

Pourtant, nombreux sont les amis des animaux (en Espagne ainsi qu’à l’étranger) à dénoncer les souffrances endurées par les taureaux dans les écoles de tauromachie et bien sûr lors des corridas, réclamant qu’une telle barbarie soit interdite. Ce que la Catalogne fait en 2012.

Par ailleurs, le parti espagnol de défense des animaux Pacma qui milite notamment pour l’interdiction des spectacles taurins a obtenu un score électoral remarquable aux dernières législatives. Toutefois, le chef du gouvernement sortant espagnol, Mariano Rajoy, a adressé ses condoléances aux proches du torero décédé, souhaitant que celui-ci "repose en paix". Personnellement, j’espère plutôt que Lorenzo, le taureau, et tous ses compagnons tués à la corrida, seront là-haut pour l’accueillir…

En attendant, j’ai adressé une lettre à l’Ambassadeur d’Espagne en Belgique pour lui dire que c’en est assez, que cette parodie de combat où le taureau a soi-disant sa chance doit cesser.

La semaine passée des personnes de ma famille voulaient réserver leurs vacances en Espagne. Elles ont décidé de partir vers une autre destination où les animaux sont respectés et où ces pratiques barbares n’existent pas. Et vous, allez-vous réagir ?


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