La révolution numérique au service de l’éducation (CHRONIQUE)
- Publié le 09-10-2017 à 11h07
- Mis à jour le 09-10-2017 à 14h49
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Une chronique de Soufiane Amzur.
Comment nous avons utilisé l’intelligence artificielle pour faire progresser tout le monde.
Septembre, il y a quelques années. C’est ma première année d’enseignement. Je donne cours de mathématiques à des étudiants de 3e année secondaire. Dans cette classe, il y a 15 élèves seulement, mais 15 niveaux différents. Tous viennent d’une école différente.
Jeune enseignant motivé et naïf, je prépare un dossier personnalisé d’exercices de remise à niveau pour chaque élève qui souhaite rattraper son retard. Ils sont 4-5 élèves par classe à le vouloir. En amont, le travail est énorme. Il faut connaître les faiblesses de chaque élève et donner un nombre suffisant d’exercices pour qu’ils progressent. En aval, la tâche n’est pas moindre, corriger toutes ces copies et donner un feedback à ses élèves est monstrueux car en parallèle, il faut continuer à donner cours normalement avec son lot de travail. Autant dire qu’il s’agit d’une équation impossible.
Comment ignorer cette souffrance de certains jeunes ? Ils veulent donner le meilleur d’eux-mêmes pour réussir mais vous ne pouvez pas réduire votre vie personnelle à seulement corriger des dossiers de travail personnalisés pour chaque élève dans le besoin. C’est la raison pour laquelle je me suis penché sur une solution numérique.
Je suis passionné d’informatique et, avec l’aide d’un ami ingénieur, nous nous sommes lancé un défi fou : numériser les exercices en mathématiques ! Sur la plateforme que nous voulons développer, l’élève aurait une variété infinie d’exercices. Les exercices lui seraient présentés en fonction de ses difficultés et la plateforme préparerait un rapport simplifié des lacunes et des forces de l’élève pour le professeur.
Nous voulions passer de l’idée à la réalisation. Des centaines d’heures de réflexions, des nuits courtes, de longues réunions pour déterminer précisément le cahier de charges de ce projet pharaonique et quelques (milliers) de lignes de code, mais le projet se concrétisait, il avançait.
Dans un mois, nous lancerons notre première version bêta aux quelques professeurs heureux qui nous auront fait confiance et se seront inscrits sur le site. Voilà comment est né www.virtual-academy.be.
J’ai déjà pu tester notre plateforme avec quelques élèves. Aujourd’hui, elle permet de donner une infinité d’exercices et de corriger automatiquement ces solutions avec un feedback sommaire. Et après ? En observant toutes les réponses des élèves, nous avons remarqué quelques récurrences dans les types d’erreurs. Par exemple, un élève qui a des difficultés avec l’addition de fractions indiquera la même réponse fausse à un exercice sur les équations où il y aura des fractions. On peut donc imaginer un programme qui, en fonction de l’erreur que l’élève a introduite, redirige l’étudiant vers la bonne matière à réviser. En somme, l’intelligence artificielle au service de l’homme.
Aujourd’hui, nous progressons sur fonds propres. Nous payons nos serveurs et travaillons sans compter pour aboutir à un résultat : des professeurs mieux équipés face à la diversité de leurs élèves. Faites passer le mot à vos amis professeurs de mathématiques. Plus on est de fous, mieux on réussit !
→ Soufiane Amzur a participé au programme Teach for Belgium.