"Ma femme, elle, a demandé à mourir dans la dignité sans passer par l'euthanasie. En parlera-t-on autant que de Miet Smet?" (OPINION)

contribution externe
"Ma femme, elle, a demandé à mourir dans la dignité sans passer par l'euthanasie. En parlera-t-on autant que de Miet Smet?" (OPINION)
©jean-luc flémal

Une opinion de Xavier Cornet d’Elzius, veuf de Joëlle depuis 11 mois aujourd’hui (écrit en écoutant "Johannes-Passion" de J.S. Bach)

Plusieurs journaux ont fait leur une d’une ancienne ministre parce qu’elle a signé tous les papiers pour demander l’euthanasie et le respect de son droit à mourir dans la dignité. J’espère qu’ils pourront écrire quelques lignes sur une femme de 55 ans, épouse, mère de 3 enfants, croyante et infirmière, qui a demandé qu’on respecte son droit à mourir dans la dignité sans en passer par l’euthanasie.

Âgée de 55 ans, atteinte d’un cancer de l’œsophage avec métastases hépatiques, osseuses, musculaires et cérébrales, Joëlle s’est éteinte dans la dignité il y aura un an le 4 avril prochain.

C’était son souhait, sa demande : "Je veux que la douleur soit gérée, en aucun cas je ne souhaite d’acharnement et je veux mourir dans la dignité !" Mais elle est allée plus loin encore : "JE NE VEUX PAS d’euthanasie, c’est trop violent pour ceux qui restent. Quand la douleur sera ingérable, je vous demande de me mettre en sédation et de me laisser partir en douceur."

Et c’est ce qui a été fait.

Joëlle a été infirmière à domicile de première ligne pendant plus de 20 ans. Titulaire d’une spécialisation en soin palliatif, elle a accompagné des dizaines de personnes âgées et de malades dans leurs derniers instants, y compris des malades qui ont été euthanasiés.

Joëlle était catholique pratiquante, très souvent exaspérée par l’institution de l’Eglise, mais croyant profondément en l’infinie miséricorde du Père.

Joëlle n’avait pas de problème moral avec l’euthanasie, elle trouvait seulement cela trop violent pour les proches et ne voulait pas nous l’imposer.

Nous avons pris le temps de nous parler à deux, avec nos enfants, nos amis les plus proches, de préparer ensemble ses funérailles, de nous dire MERCI, PARDON, JE T’AIME...

Elle a vécu une incroyable journée durant laquelle elle a pu entonner son « chant du cygne », nous dire « à Dieu » à chacun, le 2 avril 2017.

Elle a dansé le dernier tableau, magnifique et douloureux, "La mort du cygne", avec d’intenses souffrances ne répondant plus à la morphine, le 3 avril 2017 de 15 à 20h. Comme elle en avait exprimé le souhait, notre médecin traitant, également amie, l’a mise en sédation ce même soir à 20h. Joëlle lui a lancé un regard plein de reconnaissance, s’est endormie et n’a plus souffert.

Près de 5 h plus tard, après trois apnées de plus en plus longues, Joëlle s’est éteinte dans le calme et la dignité, comme elle l’avait souhaité !

Plusieurs journaux ont fait leur une d’une ancienne ministre parce qu’elle a signé tous les papiers pour demander l’euthanasie et le respect de son droit à mourir dans la dignité.

J’espère qu’ils pourront écrire quelques lignes sur une femme de 55 ans, épouse, mère de 3 enfants, croyante et infirmière, qui a demandé qu’on respecte son droit à mourir dans la dignité sans en passer par l’euthanasie.

Je suis convaincu que l’une et l’autre sont aussi dignes et respectables !

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