9 astuces pour gérer les angoisses d’un enfant au coucher

Contribution externe

Un témoignage de Liv, maman de trois enfants et auteure du blog "Maman Lempicka" (*).

On parle souvent des angoisses des nourrissons, des techniques pour gérer les pleurs des bébés, mais que faire pour aider un « grand » enfant qui développe de l’anxiété, parfois très forte et envahissante, au moment de dormir? Je te livre ici mes propres techniques de torturée de la vie, testées et approuvées sur mes enfants, pour les aider à appréhender le temps du coucher. Les angoisses, j’en connais un rayon. Je suis ce qu’on peut appeler une angoissée de la vie. Très jeune, l’endormissement m’a posé des problèmes parce que je faisais régulièrement des « crises », dès qu’un évènement perturbant ou une échéance importante se présentaient à moi. J’ai toujours eu des difficultés à m’endormir, à l’époque je rechignais même à aller dormir ailleurs que chez moi. Le sommeil est la première fonction impactée en cas de problème dans ma vie. Je rêve d’avoir le rapport au sommeil de mon conjoint: les angoisses? Il ne connaît pas. Il pose sa tête sur l’oreiller et dort dans les deux minutes, alors que j’en suis à ma cinquantième rumination.

Mon aînée, qui a 7 ans, n’est pas la plus sereine en la matière, mais depuis qu’elle a changé de chambre en février, ses angoisses vont et viennent sans jamais disparaître. Elle a développé la fameuse peur du je vais pas réussir à dormir, peur qui s’auto-nourrit et produit exactement le résultat qu’on veut éviter.

Faire face à mes propres démons ne me fait pas vaciller, au contraire. Car je dispose d’une armada de techniques peaufinées durant des années de pratique personnelle, que je répète inlassablement avec ma fille, chaque soir, tout en la laissant s’endormir seule:

1. Sonder le terrain et accueillir Je respecte toujours les angoisses de ma fille. Je ne lui dis jamais que c’est rien, tu fais vraiment des histoires pour rien, mais ça va aller, quoi encore. Particulièrement quand ses angoisses la submergent. Je lui demande toujours si quelque chose la tracasse, s’il s’est passé quelque chose à l’école, au sport, qui pourrait expliquer son état. Même si je lui ai posé la question la veille, je recommence. Souvent, ma grande ne sait pas. D’autres fois, elle évoque juste sa peur de ne pas dormir. D’autres fois encore, des soucis ponctuels surgissent. J’accueille ce qu’elle a à me dire sans juger, sans minimiser, sans dramatiser. Je reformule pour être sûre d’avoir bien compris.

2. Respirer par le ventre La technique de la respiration abdominale est un classique de la relaxation. Pour aider ma fille à la pratiquer, je pose ma main sur son ventre en lui enjoignant de la soulever tout en inspirant. Puis, il faut souffler l’air jusqu’à sa dernière goulée, comme si on l’expulsait dans une paille. A faire autant de fois que nécessaire pour atténuer la sensation de poids ou d’étreinte.

3. Se représenter son corps dans le lit Souvent, nous n’avons aucune conscience de notre propre corps quand il est allongé. De sa position, de son poids, de tous les membres qui le composent. Je propose donc à mon aînée d’imaginer son corps comme si elle le regardait du dessus et de ressentir le poids de chacune de ses parties sur le matelas.

4. Les caresses/les massages Les caresses dans les cheveux sont un héritage familial. Enfant, mon père me caressait les cheveux tous les soirs avant de dormir, si bien que je garde aujourd’hui une vénération béate vis à vis de cette pratique, relaxante à souhait. On peut aussi caresser le dos, masser les jambes, les mains…

5. La visualisation positive Là encore, je suis devenue une véritable experte en intrigues plus ou moins fantasmées, qui me permettent de m’évader le temps de trouver mon sommeil. Je propose à ma fille de visualiser des évènements passés, présents ou à venir qui la rendent heureuse, lui font plaisir ou du bien. D’en choisir un. Et de l’étirer, de le développer dans toutes ses possibilités scénaristiques, réalisables ou imaginaires.

6. Relativiser Ma fille aime beaucoup que je lui rappelle que tout va bien: qu’elle est en bonne santé, qu’elle vit dans un foyer sécurisant, entourée de gens qui l’aiment et répondent à tous ses besoins, qu’elle n’a ni faim, ni froid, qu’elle vit dans un pays en paix, a des amis, a la chance d’aller à l’école. Cet élargissement lui permet de se distancer de ses angoisses et d’en diminuer l’emprise.

7. Faire une coupure Quand ma fille n’arrive vraiment pas à dormir, je lui propose une coupure physique avec le lieu de ses angoisses, son lit: j’accepte qu’elle se lève pour nous faire un câlin, manger un yaourt ou relire un petit livre. Mais elle ne dort jamais avec nous, et nous ne dormons jamais avec elle.

8. Pas de médicaments Même au plus fort de mes angoisses, c’est une règle à laquelle je n’ai jamais dérogé. Je n’ai jamais pris un seul médicament pour m’aider à dormir. En revanche, j’ai déjà testé les solutions à base de plantes et l’homéopathie. Mais si ma fille peut faire sans, je préfère, car je sais qu’elle pourrait développer une dépendance psychique pour cette béquille, qu’elle soit efficace ou pas, et croire qu’elle ne doit son endormissement qu’à de petites granules.

9. Etre patient Un rapport apaisé au sommeil, quand il ne va pas de soi, est un long chemin, semé d’embûches, avec des embellies et des rechutes, il faut beaucoup de maturité et de connaissance de soi pour parvenir à contrôler ses peurs et son cerveau et, si on n’y réussit pas, à ne pas dramatiser le fait de ne pas dormir. Je sais d’instinct, pour l’avoir vécu, que ma fille ne traverse pas « une phase », mais que j’aurai à l’accompagner pendant de nombreuses années pour qu’elle puisse un jour s’endormir de ses propres ailes.

(*) : Ce texte a initalement été publié sur le blog "Maman Lempicka"

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