Droit à l’avortement : le combat continue, restons vigilantes !
Publié le 05-09-2019 à 09h53 - Mis à jour le 05-09-2019 à 16h33
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Pour le PS, quatre personnalités répondent à la chronique de Charles Delhez publiée le 30 août, et intitulée "Ne banalisez pas le drame de l’avortement !". Une opinion de Caroline Désir, Karine Lalieux, Christie Morreale et Éliane Tilieux.
Aucun droit n’est jamais acquis. Même un droit aussi fondamental que celui de disposer librement de son corps peut être remis en question en 2019 ! Et pas seulement en Pologne ou en Alabama, chez nous aussi.
La chronique de Charles Delhez "De grâce ! Ne banalisez pas le drame de l’avortement !" qui nous accuse, nous socialistes, de mener un mauvais combat pour l’IVG en est une illustration.
Il y déplore que l’avortement soit devenu un plan B, un mode de contraception, une option parmi d’autres pour les jeunes, et non plus un "problème de conscience". À le lire, vouloir dépénaliser l’IVG, allonger le délai pendant lequel il peut être effectué, réduire le délai de réflexion de la femme, comme le prévoit la proposition socialiste, ne contribuerait pas à renforcer la liberté de la femme à disposer de son corps mais reviendrait à faire d’un "échec" un droit !
Réduire l’IVG à un échec, c’est retirer aux femmes le droit d’opérer leurs propres choix de vie. Et plutôt que de nous reprocher un mauvais combat, il serait plus direct de dire qu’on veut supprimer le droit à l’avortement. Quitte à faire fi de la réalité qui montre qu’une grossesse sur cinq dans le monde est interrompue volontairement.
C’est cette même logique de paravent qui prévaut lorsqu’il nous est conseillé d’agir en amont, par l’éducation à l’affectivité et à la sexualité pour "éviter des amours peu matures, ludiques et sans maîtrise". Nous laissons à l’auteur le choix du ton paternaliste et de la conception culpabilisante de la sexualité. Mais nous lui rappelons que nous, socialistes, avions rendu la pilule gratuite pour toutes les filles jusqu’à 18 ans et avons permis d’étendre la mesure, l’année dernière, jusqu’à 25 ans. Nous avons aussi rendu la pilule du lendemain gratuite pour toutes les femmes quel que soit leur âge. Nous, socialistes, nous sommes battus pour l’introduction des cours d’éducation sexuelle à l’école, notamment via le projet Evras.
L’IVG est rarement un plan B ou un moyen de contraception, c’est bien souvent l’unique solution qui s’offre à une femme qui se retrouve enceinte alors qu’elle ne l’avait pas voulu.
Notre proposition veut notamment inscrire l’avortement dans une loi santé, le permettre jusqu’à 18 semaines, réduire le délai de réflexion d’une semaine à 48 h. Protéger et améliorer le droit à l’IVG est un combat nécessaire. Et tant mieux s’il peut rencontrer la "clameur populaire", s’il peut recueillir le soutien de larges pans de la société. Parce que protéger et améliorer le droit à l’avortement, c’est protéger les droits des femmes et leur liberté, leur permettre de s’émanciper et poser les conditions d’une réelle égalité entre les femmes et les hommes.
Ce combat est largement soutenu chez nous : près de 75 % des Belges soutiennent la dépénalisation de l’IVG, toutes les fédérations de planning familial, les recteurs de Mons, de l’ULB, de la VUB, de Gand, de Liège, des médecins de toutes les universités, y compris l’UCL et la KUL, le Centre d’action laïque, Amnesty international, la Ligue des familles, la FGTB, la CSC, la Ligue des droits de l’homme, Vie Féminine, Touche Pas à ma Pote, le MOC, les Femmes prévoyantes socialistes, etc., ont appelé à légaliser réellement l’IVG et à revoir les conditions dans lesquelles elle peut être réalisée.
En Iowa, l’avortement est interdit dès que les battements de cœur peuvent être identifiés, c’est-à-dire à 6 semaines. En Hongrie, en Pologne, les conservateurs soutenus par l’Église ne pensent pas la femme comme individu mais comme pilier de la famille. À Malte, l’IVG est interdite.
Le combat pour l’égalité et l’émancipation des femmes est toujours d’une actualité criante. Simone de Beauvoir l’avait dit : n’oublions jamais qu’il "suffira d’une crise politique, économique ou religieuse pour que les droits des femmes soient remis en question. Ces droits ne sont jamais acquis".