L'aile progressiste du MR sort du bois: "Si le parti rate ce tournant, il ne convaincra plus que ses électeurs les plus conservateurs"
Le score de l’extrême droite partout en Europe sonne comme un signal d’alarme qui doit pousser tous les libéraux au combat.
Publié le 23-09-2019 à 06h42 - Mis à jour le 25-09-2019 à 13h12
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Décidément, la perspective des élections internes au MR suscite beaucoup de réflexion chez les libéraux. Alors que le nouveau président des "bleus" doit être connu pour la mi-novembre et que plusieurs candidats putatifs apparaissent (Denis Ducarme, Georges-Louis Bouchez, etc.), une quarantaine d’élus locaux ont pris leur plume pour réclamer un tournant progressiste du MR (lire ci-dessous).
Ils réclament une refondation du MR sur cette base: " Nous soutenons l’affirmation d’un projet politique fort , résolument progressiste et moderne ", écrivent-ils. Sans changement dans le message porté par le MR, ils craignent que leur parti ne séduise plus que les électeurs les plus conservateurs. À leurs yeux, le Mouvement réformateur doit insister sur des thèmes tels que l’émancipation sociale, l’égalité entre hommes et femmes ou encore l’environnement. Au passage, notons qu’ils réclament la dépénalisation de l’IVG.
Voici l'opinion d'un collectif de signataires issus du MR:
Le score de l’extrême droite partout en Europe sonne comme un signal d’alarme qui doit pousser tous les libéraux au combat. Notre monde actuel fait face à des changements profonds : résurgence des discours de peur et de haine, urgence climatique, difficultés institutionnelles, perte de confiance des citoyens, incapacité des partis classiques à mobiliser autour d’un projet de vivre-ensemble clair et à long terme, révolution numérique, mutations à venir en termes de mobilité et de mode de vie, besoin de repenser nos villes, etc.
Pour y répondre, complémentairement à son action dans les futurs gouvernements, notre parti doit prendre de la hauteur et se doter de nouvelles fondations.
Le départ de plusieurs de nos leaders pour de hautes fonctions européennes et l’élection à venir du nouveau président appellent notre formation à prendre le temps de la réflexion, à définir une ligne politique claire pour répondre aux attentes et besoins de notre temps.
Nous attendons des différents candidats et des instances du parti l’organisation d’un vrai débat d’idées en lieu et place de questions de personnes.
Un projet politique fort
Si le Mouvement réformateur a vocation à rassembler ce qui est épars, nous soutenons l’affirmation d’un projet politique fort, résolument progressiste et moderne, qui en constitue le socle commun auquel adhèrent militants et mandataires.
Les axes forts doivent en effet être :
• Défendre avec acharnement la liberté d’expression et la liberté d’entreprendre, sans lesquelles il n’y a pas d’avenir pour l’humanité. Mais aussi travailler à la réduction des inégalités, briser la reproduction sociale empêchant les nouvelles générations d’échapper au milieu défavorisé d’origine, faire disparaître les inégalités hommes-femmes, dépénaliser l’IVG, assurer l’égalité de tous les humains en regard de leurs choix de vie, de leurs origines, de leurs religions, de leurs préférences sexuelles.
Nous affirmons haut et fort que nous voulons promouvoir l’individu sans l’individualisme parce qu’il y a urgence à retrouver le goût d’être ensemble, à construire des projets communs, à retrouver la volonté d’agir, à cultiver le sens de l’engagement. Il n’y a pas de société si l’on réduit celle-ci à la simple juxtaposition des individus, à la satisfaction égocentrée des désirs individuels de chacun.
• La transformation du climat et la préservation de nos milieux de vie sont des enjeux fondamentaux pour la société, qui nécessitent des réponses politiques fortes et transversales aux différents domaines de l’action publique. Les politiques se doivent de promouvoir la voie de la durabilité par des choix cohérents, en guidant les citoyens et les organisations. Cela passera notamment par une incitation dans les investissements en matière de recyclage et une lutte drastique contre le gaspillage des ressources.
• Déployer un projet social qui prend en compte les questions de pauvreté et de cohésion sociale des grandes villes. L’avenir passe par le redéploiement économique à partir des zones urbaines et la transformation de nos villes pour qu’elles puissent répondre aux besoins de leurs habitants actuels et à venir, et offrir une qualité de vie, une sécurité et une ouverture sur le monde. Nos villes doivent être rayonnantes.
• Réaffirmer le principe d’impartialité de l’État, de la séparation entre les religions et l’État. Chacun a le droit de croire ou de ne pas croire, de pratiquer la religion ou la philosophie de son choix, mais dans sa sphère privée. Le droit prime sur la foi. Rejetant le repli sur soi communautaire, œuvrer à la mise en place d’une société interculturelle reposant sur les valeurs communes de tolérance et d’égalité. C’est particulièrement urgent à Bruxelles et dans les villes !
• Promouvoir la citoyenneté par son apprentissage tôt à l’école, et en associant ensuite le citoyen à la prise des décisions qui le concernent. Les libertés démocratiques s’estompent si on ne les entretient pas.
• Réinvestir dans notre enseignement, et redéfinir un projet éducatif émancipateur quelle que soit l’origine sociale des parents, par la mise en place de formations réellement qualifiantes dans les métiers d’avenir comme l’intelligence artificielle ou les biotechnologies, former à l’esprit critique indispensable à l’utilisation des nouveaux outils technologiques et à l’éthique.
• Travailler à un nouveau modèle économique, moderne, durable et plus proche ; un projet économique plaçant la Wallonie et Bruxelles enfin sur le chemin de la croissance pour s’assumer sans perfusion de l’État fédéral.
Si le MR ratait ce tournant, il se condamnerait à ne plus convaincre que ses électeurs les plus conservateurs.
Il y a urgence
Les villes abriteront bientôt 80 % de la population. Le MR doit s’y réinvestir et prendre en compte tous les enjeux liés à leur diversité, à leur paupérisation croissante et à l’exode des classes moyennes vers les périphéries, sous peine de ne plus être qu’une expression politique marginale.
Oui, nous l’affirmons haut et clair : il y a urgence à redéfinir dans notre parti un nouveau projet politique progressiste à l’écoute des évolutions sociétales, en phase avec les urgences climatiques et les enjeux technologiques, en lien direct avec tous ceux qui sont lassés de la politique et qui attendent de nous un nouvel élan, un réel espoir autour d’un projet de société qui rassemble et fait grandir. Nous voulons travailler avec force, chacun mais ensemble, à rendre notre monde plus beau et plus harmonieux.
(1) Signataires par ordre alphabétique : Janine CARPENTIER, anc. conseillère CPAS de Schaerbeek ; Marie-Frédérique CHARLES, militante de Namur ; Sara CLABECK, conseillère communale de Grâce-Hollogne ; Françoise DESMET, militante ; Aurélie DUFOUR, conseillère CPAS de Mons ; Anne-Marie GERREBOS, anc. présidente du CPAS de Schaerbeek ; Catherine HOCQUET, conseillère provinciale du Hainaut ; Audrey NEUPREZ, conseillère communale de Liège ; Josiane PARDONGE, conseillère CPAS d’Etterbeek ; Lucie ROUSSELLE, conseillère CPAS d’Ixelles ; Nadine VERHOUSTRAETEN, militante ; Kamal ADINE, conseiller communal d’Anderlecht ; Fuat AGIRBAS, conseiller communal de Saint-Nicolas ; Jean-Pol BOLETTE, militant de Verviers ; Lionel BONJEAN, militant de Mons ; Jérôme COCHART, conseiller communal de Blegny ; Steve COLIN, militant de Mons ; Adrien CROISIER, conseiller Communal de Herstal ; Fabian CULOT, conseiller communal de Seraing ; Fabrice DREZE, conseiller Communal de Liège ; Imad EL ZEIN, militant de Schaerbeek ; Daniel FALISE, conseiller provincial honoraire ; François FERNANDEZ, militant de Braine-le-Comte ; William GETTEMANS, militant ; Pierre GIELEN, conseiller communal d’Ans ; Pierre GILISSEN, conseiller CPAS de Liège ; Marc GUIOT, militant, ancien candidat à Schaerbeek ; Virgile JOTTRAND, Jeunes MR de Mons ; Tufan KARA, conseiller CPAS de Schaerbeek ; Olivier LAROCHE, militant de Heron ; Louis MARAITE, conseiller communal de Liège ; Samuel RIZZO, conseiller communal de Seraing ; Jean-Luc ROBERT, ancien échevin d’Etterbeek ; Albert RODEYNS, conseiller CPAS de Soumagne ; Pascal RODEYNS, conseiller communal de Liège ; Pascal ROMUS, militant de Louvain-la-Neuve ; Jean-Paul TASSET, conseiller communal de Liège ; Jérôme URBAIN, conseiller communal de Binche ; Peter VANDEPUTTE, militant ; Jacques VAN RILLAER, militant ; Georges VERZIN, conseiller communal de Schaerbeek ; David VOLANT, échevin de Quévy.
*Titre de la rédaction.