Vous signez un contrat avec une salle de fitness ? Voici ce à quoi vous devez rester vigilant
Publié le 16-01-2020 à 09h49 - Mis à jour le 16-01-2020 à 12h17
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Une fois le 1er janvier passé et les bonnes résolutions prises , de nombreuses personnes se laissent tenter par un abonnement à une salle de fitness. Mais attention, il existe des arnaques.
L'avis d'Olivier Collignon, manager et cofondateur de Da Vinci Private Fitness & Wellness
Lorsque des clients signent un contrat avec une salle de fitness low cost, ils ne se rendent généralement pas compte qu’ils ne seront absolument pas encadrés par des moniteurs professionnels. Cela va coûter très cher à la sécurité sociale.
Les clients doivent-ils systématiquement se méfier des abonnements proposés par les salles de fitness ?
Oui, bien sûr. Les novices doivent être particulièrement vigilants. Ceux qui ne pratiquent pas doivent être conscients que s’ils prennent un abonnement dans une salle de fitness low cost , ils ne seront pas encadrés par des professionnels lorsqu’ils réaliseront les exercices sur les machines. L’abonnement contracté permet seulement un accès aux infrastructures. Tous les clients plongent forcément sur le prix d’appel, très bas. Certes, je peux comprendre que le tarif est le critère de choix numéro 1, mais la plupart des gens ne sont pas capables de pratiquer une activité physique régulière sur des machines sans les connaissances de base. Elles risqueraient donc de se blesser ou pire, de se détruire à petit feu lorsqu’une machine est mal utilisée pendant des années. Cela va coûter très cher à la sécurité sociale et pourtant, les politiques ne font rien.
Que devraient-ils entreprendre ?
Ils devraient obliger chaque centre de fitness à engager un personnel qualifié qui pourrait venir en aide et conseiller les clients comme il se doit. Ce qui pousserait les centres de fitness low cost à revoir leurs prix à la hausse pour pouvoir enfin avoir une concurrence loyale entre les centres. Dans les fitness low cost , nous retrouvons des zones d’accueil avec du personnel de permanence qui est là pour faire l’entretien des machines, mais qui n’est absolument pas habilité à corriger les postures des gens. Les novices finissent par faire n’importe quoi. Lorsqu’on est un sportif confirmé et qu’on a besoin de s’entraîner entre deux entraînements, il n’y a aucun souci. Mais lorsqu’on est un sédentaire qui n’a jamais pratiqué d’activité physique et qu’on est attiré par le prix le moins cher, on fait n’importe quoi dans ces centres de fitness.
Les termes et conditions des contrats de salles low cost sont vivement critiqués, entre autres pour les reconductions tacites d’abonnements.
Cela vient principalement du fait qu’il n’y a pas de contact avec le client. Tout se fait de manière informatique et automatisée. Les gens sont confrontés à des systèmes préétablis qui envoient des reconductions sans qu’il y ait une discussion préalable à la réception. Car, comme je l’ai dit, le personnel de la réception n’a rien à voir dans la gestion du club. Il n’y a plus aucun contact humain. Les centres de fitness dignes de ce nom avec des gestionnaires et des moniteurs sur le terrain mettent en stand-by l’abonnement d’un client lorsque ce dernier est malade et présente un certificat médical.
Pourtant, il existe un code de conduite proposé aux salles de fitness depuis 2016…
Oui, mais tout cela est phagocyté par la puissance des business du low cost qui n’ont aucun intérêt à ce qu’un label de qualité soit mis en place. Le ministre André Antoine avait à l’époque proposé un label fitness qui n’a jamais vraiment été mis en place. Ce qui veut dire qu’aujourd’hui encore, n’importe qui peut ouvrir un centre de fitness sans qualification.
Pour vous, quel est le prix minimum à investir dans un abonnement mensuel afin d’accéder à un centre de fitness de qualité et dans lequel les clients seraient encadrés par des professionnels ?
Pour moi, si on veut la présence de moniteurs compétents, on ne peut pas envisager un abonnement en dessous de 49 euros par mois. Sauf s’il existe des tarifs préférentiels lors des heures creuses.
Constatez-vous une hausse du nombre d’abonnements en ce début d’année dans vos salles de fitness ?
Oui, mais aussi de façon générale depuis plusieurs années maintenant. Les gens ont pris conscience de la médiocrité des salles low cost . Elles avaient remporté le marché depuis 2012-2013, ce qui a entraîné un déclin voire la faillite de beaucoup de centres de fitness. Depuis 2017, on sent une reprise intéressante, et cette année c’est encore mieux.
Entretien : L.V.

L'avis de Julie Frère, porte-parole de Test-Achats
Test-Achats reçoit chaque année des centaines de plaintes de clients de salles de fitness. Ils se retrouvent parfois pieds et poings liés dans un contrat qui est reconduit tacitement ou qui ne leur convient plus. Il est temps de légiférer pour forcer les entreprises à être plus transparentes.
Entre le début de l’année 2018 et octobre 2019, Test-Achats a reçu plus de 300 plaintes de clients de salles de fitness. Quels étaient leurs griefs ?
Il s’agit la plupart du temps de plaintes liées à la difficulté de suspendre ou de résilier leur abonnement en cas de maladie. Le fait que leur contrat soit parfois reconduit explicitement à la fin du délai sans qu’ils ne s’en rendent compte soulève aussi des indignations. Une enquête menée par Test-Achats à ce propos a révélé également que des centres de fitness attiraient leurs nouveaux affiliés avec un prix d’appel assez bas, mais que ce montant n’incluait pas les frais d’inscription qui peuvent parfois être très élevés. La durée des contrats peut aussi changer en cours de route…
Depuis 2016, pourtant, un code de conduite facultatif a été mis en place pour les salles de fitness. Ce label vise à établir une relation équilibrée et transparente entre le centre de fitness et ses consommateurs, que ce soit au niveau des tarifs en application, des termes des contrats et de l’éventuelle résiliation de ce dernier
Malheureusement, cela fait des années que nous recevons des plaintes relatives aux centres de fitness. La démarche entreprise à l’époque a été de proposer un code de conduite pour encadrer certaines conditions des contrats. La charte amène les centres de fitness à être transparents sur la durée exacte du contrat qui sera signé, mais aussi sur le fait qu’un client puisse, en cas d’accident ou de maladie, suspendre ou résilier son abonnement gratuitement. Le code de conduite prévoit aussi que lorsqu’une salle modifie ses horaires d’ouverture et met un client dans l’incapacité de poursuivre son contrat, celui-ci peut mettre fin sans frais à son contrat.
Faudrait-il dès lors rendre ce code de conduite obligatoire pour toutes les salles de fitness ?
Aujourd’hui, le problème est que peu de centres se soumettent volontairement à ce code facultatif. On estime que seule une salle sur quatre a signé cette charte de conduite. De plus, le code tel qu’il est conçu aujourd’hui ne prévoit pas de sanction spécifique s’il n’est pas respecté. C’est un frein à son efficacité. Si nous voulions sanctionner, il faudrait bien sûr qu’il y ait des contrôles et des suivis donnés aux plaintes des consommateurs. La non-existence de tels contrôles et de tels suivis limite grandement l’efficacité de l’outil. C’est pour cette raison que Test-Achats préférerait la mise en place d’une réelle réglementation, inscrite dans la loi. En attendant, la ministre des Sport à la Fédération Wallonie-Bruxelles, Valérie Glatigny, devrait mieux faire connaître le code et encourager les différentes enseignes à s’y soumettre.
Malgré ces griefs, quels conseils donneriez-vous à une personne qui souhaiterait souscrire un abonnement à une salle de fitness ?
Ce conseil n’est pas très sexy, mais il vaut mieux l’appliquer : je conseille de lire toutes les conditions générales du contrat que vous vous apprêtez à signer. C’est parfois compliqué car il arrive que les salles de sport ne les mettent pas à disposition sur leur site internet. Il faut donc se rendre sur place pour les consulter. Une fois qu’on y est, les gérants de la salle en question vont lancer une opération de séduction et sortir un beau discours. Il ne faut donc pas se laisser distraire par les personnes qui essaient de vous vendre un abonnement à tout prix. Si on remarque qu’une clause pose problème, il faut le signaler au vendeur pour qu’il la modifie ou la supprime. Si le commerçant persiste à maintenir cette clause, alors je recommande de contacter Test-Achats et son service de médiation.
Entretien : Louise Vanderkelen