La Belgique devrait prendre deux mesures fortes pour consolider les liens entre ses trois communautés
Publié le 28-02-2020 à 11h33 - Mis à jour le 28-02-2020 à 18h22
Une opinion de David Rosseels, universitaire et citoyen belge.
Depuis le XIXème siècle, la tendance a été au morcellement des empires pour ensuite se transformer en un mouvement favorable au fractionnement des pays. Les anciens satellites de l’union soviétique mais aussi les pays des Balkans ont biensûr été touchés dans la seconde moitié du XXème siècle tandis que des menaces sérieuses pèsent aujourd’hui sur des pays de l’Europe de l’ouest. La Belgique se retrouve en première ligne mais des pays comme l’Espagne, l’Italie, le Royaume-Uni ou même la France sont également concernés à des degrés moindres avec des régions réclamant une plus grande autonomie.
Cette tendance au fractionnement des pays se poursuit généralement avec le but de fonder des nations plus homogènes. Les populations les plus favorisées revendiquent le droit de fonder des nations homogènes ne devant plus être solidaires avec les moins favorisés. Mais on peut légitimement se demander quel type de nation peut naître sur des fondations basées sur une homogénéité ethnique. En effet, cette quête d’homogénéité s’accompagne généralement d’une plus grande fermeture d’esprit. En devenant largement majoritaire au sein d’une nouvelle nation, les populations ont tendance à devenir moins tolérantes vis-à-vis des étrangers car elles ne doivent plus compter sur des minorités importantes pour organiser la vie et le débat public comme elles le faisaient précédemment. Cette homogénéité sert alors de paravent permettant d’appliquer la loi du plus fort.
Rajoutant à cela que l’homogénéité n’existe pas et représente une chimère impossible à réaliser. La logique de fractionnement pourrait dès lors se poursuivre sans limite… Pourquoi une Flandre indépendante ne se séparerait-elle pas du Limbourg, région plus pauvre et dont le patois n’est pas facilement compréhensible pour le reste des Flamands ?
L'art du compromis
La Belgique a la chance d’être une vraie nation plurielle, ce qui est à contre-courant de la tendance actuelle. Elle a une spécificité qu’elle partage avec très peu de nations autour du monde: elle arrive à faire coexister pacifiquement en son sein des communautés importantes parlant des langues différentes. Les Belges sont depuis leur plus jeune âge confrontés aux autres communautés du pays, ce qui leur confère une ouverture d’esprit et leur apporte une richesse et diversité culturelle. Quoique connaissant parfois certaines difficultés, le pays a toujours réussi à fonctionner grâce à un subtil art du compromis politique. Nos institutions sont loin d’être parfaites et leurs efficacités devraient être améliorées mais elles ont le mérite d’exister.
La Belgique devrait aujourd’hui faire de cette spécificité une force afin d’inspirer d’autres pays mais également l’Europe. Je suis en effet intimement persuadé que le futur appartient aux peuples rassemblés sous une même entité politique pesant un poids certain sur l’échiquier mondial. A l’heure du Brexit, notre pays a sa carte à jouer dans des discussions visant à augmenter l’attractivité et la démocratisation des institutions européennes.
Je me prends à rêver. Qu’un nouveau gouvernement belge puisse voir le jour et qu’il prenne deux mesures fortes afin de consolider les liens entre les trois communautés de notre pays:
- renforcer l’enseignement des langues nationales via des programmes d’immersion et
- recréer une circonscription fédérale permettant à chaque politicien d’être redevable devant le pays et non devant sa communauté linguistique.
J'espère que le futur me donnera raison...