Courrier des lecteurs : entre psychose et blasphème
Publié le 02-03-2020 à 12h38 - Mis à jour le 02-03-2020 à 12h41
:focal(955x965:965x955)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/N6BMGN3VZBDXHDJBKI6BJUHXIQ.jpg)
Voici quelques-unes de vos réactions aux sujets qui ont fait l'actualité cette semaine.
Coronavirus
Partis maintenant en vacances est-il bien adéquat ? Des dizaines de milliers de voyageurs ont pris l’avion pour aller en vacances à l’étranger. C’est un rituel normal en cette période mais cette année, la situation est un peu différente avec le coronavirus qui prend de l’ampleur chaque jour. Bien sûr, il n’est pas question de tomber dans la psychose mais les feux sont bien au vert pour parler d’un risque non négligeable de pandémie. Ainsi, à peine moins d’un millier de kilomètres séparent Bruxelles, d’une région italienne mise en quarantaine forcée. Si par malheur, certaines personnes se verraient infectées, il n’est pas impossible que notre pays se retrouve dans la même position que l’Italie aujourd’hui. Les vacances, c’est bien sûr un bon moyen pour décompresser mais elles ne sont pas indispensables dans la situation que le monde vit ou vivra peut-être dans les semaines à venir.
Christian Segers
Religion
L e prétendu "droit" au blasphème Dans le tout récent "courrier des lecteurs" (La Libre Belgique du 21 février 2020), M. Frédéric Close écrit que "la liberté d’expression n’autorise pas, en morale, le blasphème". Cette opinion doit, pour le moins, être sérieusement nuancée. Notre droit n’érige pas le blasphème en délit et il n’existe pas, à proprement parler, de droit au blasphème. Je rejoins sur ces points l’opinion exprimée par M. Close. Reste la liberté d’expression. Celle-ci permet de tenir des propos qui dérangent, qui heurtent, qui choquent autrui. Cette liberté autorise à insulter une divinité, une religion ou l’un de ses symboles ou à dénoncer, même en termes violents, l’emprise d’une religion sur l’espace public. Mais il faut distinguer clairement la religion de la croyance religieuse, de la foi d’une personne. La croyance relève d’une option personnelle ; elle est l’aboutissement d’une démarche individuelle et est à ce titre infiniment respectable. En d’autres termes, si on peut injurier une religion, c’est-à-dire blasphémer, on ne peut, en revanche, injurier les adeptes de celle-ci ni d’ailleurs appeler à la haine ou à la violence contre ceux-ci au motif de leur croyance. Ces deux sphères doivent être soigneusement distinguées. En écrivant que la liberté d’expression revient à autoriser tout citoyen à en offenser un autre, en portant atteinte à ses croyances et à sa foi, M. Close confond ces deux sphères et dénature la portée de la liberté d’expression.Claude Parmentier
Carnaval d’Alost Grossier et vulgaire Le Carnaval de Venise, malheureusement annulé, est magnifique, les hommes sont bien habillés, les femmes sont élégantes, les masques sont beaux. À côté, le Carnaval d’Alost fait pâle figure, il est grossier, vulgaire. Interrogés, les habitants le trouvent très bien, ils se contentent de peu. Il y a deux spécificités. Tout d’abord, les personnes sont, certes, présentées de façon grotesque mais sans qu’il y ait une volonté de les enlaidir, passent une fois et on les oublie vite, les Juifs sont présentés sur le char en grimaçant, en ricanant, le nez crochu, la lèvre pendante, il y a bien une volonté de les présenter de façon à ce qu’ils soient les plus laids, les plus rebutants possible. Ensuite, alors que les personnes passent une fois, les Juifs sont sur le char, avec un mur "De Klaugmier", avec l’Unesco, dans un stand de tir, en insectes, il y a donc bien une volonté délibérée de s’en prendre aux Juifs, c’est du fascisme des années trente sous le masque du carnaval. À la radio, j’ai entendu le bourgmestre d’Alost dire que c’est le carnaval et qu’il faut respecter ses traditions. Au même moment, les Juifs fêtent aussi le Carnaval appelé Pourim. À Pourim, imaginons dans les rues de Bruxelles, d’Anvers, de Jérusalem, de Tel Aviv, des Juifs tirant des chars représentant des Flamands en insectes et disant que c’est carnaval et qu’il faut respecter ses traditions, je voudrais voir comment les Flamands l’apprécieraient et quelles seraient leurs réactions.
Jacques Pol
Migration
Favorable à un musée La Libre de ce 19 février plaide, à travers l’écriture de Mme Hajar Oulad Ben Taib, pour l’introduction dans les référentiels scolaires de l’histoire des migrations et l’ouverture d’un véritable musée des migrations sur le site du Petit-Château à Bruxelles. Elle a tout à fait raison. Notre pays depuis l’après-guerre a connu une série de vagues migratoires et connaît encore aujourd’hui tout le problème des migrants qui fuient leur pays pour essayer de trouver chez nous l’eldorado que nous représentons à leurs yeux. Prendre ces deux initiatives, à l’école et dans un musée, pour sensibiliser les jeunes et la population en général à la problématique de l’immigration ne pourrait que favoriser la compréhension mutuelle et l’inclusion de ces personnes qui nous apparaissent trop souvent comme "étrangères". Contrairement à ce que certains hommes politiques ont fait ou veulent nous faire croire, nous devons les accueillir, en leur demandant bien entendu un effort de leur part pour s’intégrer. Bravo, Madame. Pourvu que vous soyez entendue !
Michel Lempereur