Les jeunes parents et leurs enfants, oubliés du déconfinement

Contribution externe
Les jeunes parents et leurs enfants, oubliés du déconfinement
©Unsplash & D.R.

Une opinion de Victor Wiard, papa de Achille (6 mois) et compagnon de Marie (infirmière), et d'Hervé Jourquin, papa de Margaux (1an et demi).

Vendredi soir à 21h30, la Première ministre et ses collègues ont annoncé les grandes lignes de la stratégie du déconfinement pour la Belgique et les entités fédérées. Chaque secteur reçoit des informations plus ou moins précises qui sont accompagnées d’autant d’espoirs et d’appréhensions. Le secteur de la petite enfance est lui balayé en une phrase. Selon la Première ministre Madame Wilmès, "il est important que l’accueil de la petite enfance soit pleinement assuré en respectant les normes en vigueur".

Certes. Pourtant, il y a là une incohérence frappante qu’il convient de signaler. Comment assurer l’accueil des enfants en crèche en maintenant les "normes en vigueur" ? S’agit-il de la "distanciation sociale" ? De la "stratégie des silos" ? Difficile à dire. De plus, ces propos sont en contradiction totale avec les déclarations du 17 mars annonçant le confinement. Celles-ci annonçaient en substance que les ménages dont un parent ne se trouve pas en première ou deuxième ligne doivent garder leurs enfants chez eux. Ces consignes sont d’ailleurs présentes sur le site de l’ONE : "l’accueil dans les crèches est maintenu, mais limité aux enfants dont les parents exercent une fonction “cruciale”, à savoir des fonctions de première ligne. (…) Au-delà de ces situations, il est demandé aux parents de garder leurs enfants au domicile familial". Le flou est donc complet, et dans les faits, la grande majorité des ménages dont au moins un parent est en télétravail gardent les nouveaux nés à la maison.

Cet état de fait engendre des situations difficiles, avec des parents tenus de télétravailler "à temps plein" tout gardant un bébé "à temps plein". Pire encore, certains parents dont le compagnon ou la compagne travaille en première ou deuxième ligne ne peuvent s’arrêter tant ces derniers rentrent souvent épuisés à la maison. Depuis le début du confinement, les journées passent et se ressemblent : debout, bébé, travail, bébé, courses, bébé, travail, cuisine du repas du soir, bébé, lessive, travail. Peu de temps pour le sommeil, peu de temps pour un jogging, peu de temps pour regarder un film et lâcher la pression. Il est clair que cette situation va engendrer bon nombre de burnout parentaux, comme l’a déclaré La Ligue des Familles.

Depuis le début du confinement, on demande à demi-mot aux jeunes parents de faire le gros dos, de laisser pas la tempête. Toutefois ceux-ci attendaient de la conférence de presse un espoir, une bouffée d’oxygène. Or il n’a pas été question de réunion de famille. Pas de garderies. Pas de souplesse pour les parents en télétravail et qui doivent garder leurs enfants, ni d’ailleurs pour toute autre raison qui peut empêcher un travailleur de prester ses heures durant cette période. En cette période difficile, tout le monde souffre et doit faire des efforts. Mais force est de constater que les jeunes parents et leurs enfants sont des grands oubliés de ce déconfinement.

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