Pas d’intelligence artificielle, pas de déconfinement
Publié le 27-04-2020 à 10h11 - Mis à jour le 28-04-2020 à 07h13
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Une opinion de Badr Boussabat, économiste, politologue et auteur de L’intelligence artificielle : notre meilleur espoir (2020).
C’est sans doute la dernière fois, que l’humanité connaîtra un risque de pandémie, grâce à l’intelligence artificielle. En 2019, le Covid-19 avait été détecté par une intelligence artificielle de l’entreprise Bluedot, qui a identifié l’éclosion ainsi que la propagation du virus. Et ce, bien avant les autorités publiques et bien avant l’Organisation mondiale de la santé. Plus concrètement, Bluedot a récolté un volume titanesque de données sur les réseaux sociaux et puisé dans des avis médicaux publics dans des dizaines de langues. Ensuite, les données ont été analysées en fonction de plusieurs paramètres comme l’authenticité ou encore la région géographique, pour aboutir in fine, à l’information de l’existence d’un virus virulent et circulant librement. Cette information avait été confirmée en bout de course par des médecins. L’outil prédictif de Bluedot n’est pas à son premier succès. En 2016, cette entreprise avait prédit la propagation du virus Zika au Brésil et en Floride. D’ailleurs, leur leitmotiv est de souligner que la propagation du savoir est plus rapide que la propagation infectieuse. C’est tout le défi d’un capitalisme cognitif émergeant que nous devons adopter.
Plusieurs états asiatiques, dont la Chine, Taïwan ou encore Singapour, ont saisi l’importance de l’IA et sont précisément en train de sortir de l’épidémie. Ce qui est sans doute le plus extraordinaire dans ce récit, c’est leur capacité à n’avoir exigé aucune mesure de confinement total, contrairement aux Etats européens. En réalité, le confinement total est l’indicateur d’une prédisposition technologique et organisationnelle moins développée. En effet, la réussite de l’endiguement du coronavirus par ces pays asiatiques s’est fondée sur une stratégie qui puise dans la puissance de l’intelligence artificielle.
L'intelligence artificielle pourrait répondre à nos pénuries
Aujourd’hui, en Belgique comme en France, nous subissons une pénurie de masques et de kits de test. Deux pénuries auxquelles l’IA pourrait répondre avec une efficacité déconcertante.
Premièrement, les autorités publiques de Singapour, par l’entremise de son Ministre de la Santé, a déployé une intelligence artificielle intitulée "Beampro". Cette IA est capable d’interagir et de prendre en charge les patients dans plusieurs langues. Ce dispositif robotique permet de nettoyer les chambres ou encore de délivrer le traitement médicamenteux au patient, sans le mettre en contact avec le personnel infirmier. En temps de pénurie de masques, cela permet de réduire drastiquement la contamination interpersonnelle. C’est une mesure fondamentale pour protéger les équipes hospitalières qui se retrouvent en difficulté, mais héroïquement, au front du combat contre la vague épidémique. Rappelons qu’en Italie, des dizaines de médecins et infirmiers ont succombé, précisément car ils avaient été exposés au virus, faute de masques et d’équipements dotés d’intelligence artificielle. Des IA comme "Beampro" soutiennent d’une manière vertigineuse le corps médical à plusieurs égards. D’abord, elles permettent de mitiger le risque d’infection et donc la multiplication des cas confirmés. Ce qui exerce une pression baissière sur le risque d’engorgement dans les hôpitaux. Ensuite, elles augmentent l’efficacité organisationnelle du personnel médical, en optimisant le temps disponible. Effectivement, elles réduisent le temps d’interaction des infirmiers avec les patients.
Deuxièmement, Alibaba a développé une IA, dans plus de 100 hôpitaux chinois, capable de détecter le coronavirus en 20 secondes, avec un taux de réussite qui dépasse les 96%. Cet équipement a permis une détection précoce et un accroissement prodigieux des capacités de test. Ce qui a mené à une meilleure évaluation du risque de propagation du virus et in fine, une prise en charge optimale des patients. Cette IA a même contribué à augmenter le volume de temps disponible des infirmiers en excédant les 60%. Il s’agit véritablement d’une arme que nos hôpitaux doivent se procurer pour venir à bout du pic épidémique. Et c’est aux autorités publiques de mobiliser des financements.
Un espoir infini qui sauvera certainement des millions de vies
Nos Etats doivent s’augmenter et orienter leurs stratégies autour de l’intelligence artificielle. En celle-ci, réside un espoir infini qui sauvera certainement des millions de vies. En réalité, nos structures n’ont pas significativement évolué sur la stratégie anti-épidémique, qui est très similaire aux temps médiévaux. Cette stratégie consistant à procéder au confinement total de la population. Rappelons que ni la Chine, ni Taïwan, ni Singapour, n’ont établi de confinement total. De surcroit, certains de ces pays présentent même un nombre mineur de décès. Pourtant, ce furent les premiers pays à être exposés au coronavirus. Cette démonstration, conjuguant une utilisation de l’intelligence artificielle à une coordination harmonieuse entre les secteurs public et privé, devrait nous inspirer. Il serait par conséquent opportun qu’en toute humilité, dès à présent et sans attendre, nous renforcions notre vision de l’avenir, en intégrant et généralisant l’intelligence artificielle dans toute la société. Notamment, dans le secteur de la santé. C’est l’espoir que nous devons promettre aux générations futures qui doivent disposer de capacités intelligentes pour lutter contre les épidémies à venir. Tant dans la détection que dans la prédiction.
Cependant, il y a encore de l’espoir. En Belgique, EisphorIA propose un service qui octroie la possibilité de parcourir des milliers d'articles scientifiques liés au nouveau coronavirus, pour y détecter les tendances clés. En France, Microsoft tente de créer une IA dont l’objectif est de faciliter la détection des patients infectés par le Covid-19. Ce type d’initiative est inévitable, si nous voulons songer un jour nous libérer enfin du confinement.