Des élèves du premier degré du secondaire prennent la parole : "Nous demandons une suspension immédiate de l’obligation scolaire en présentiel pour tous les enfants jusqu’au treize décembre "
Comment pensez-vous qu’il soit possible de travailler, d’écouter les professeurs et en même temps faire attention à ce que notre voisin porte bien son masque, ne se penche pas trop, car il n’y a aucune distance de sécurité entre chacun ?
Publié le 12-11-2020 à 15h13 - Mis à jour le 12-11-2020 à 15h54
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Une lettre ouverte écrite par des enfants du premier degré secondaire et adressée aux divers pouvoirs organisateurs, aux femmes et aux hommes politiques ayant dans leurs responsabilités l'éducation, la santé et le bien-être en général. Retrouvez l'ensemble des signataires au bas de l'article.
À Madame Caroline Désir, Madame Sophie Wilmès, Madame Christie Morreale, Madame Hang Nguyen, Monsieur Alexander De Croo, Monsieur Frank Vandenbroucke, Monsieur Jan Jambon, Monsieur Rudy Vervoort, Monsieur Elio Di Rupo, Monsieur Alain Maron, Monsieur Wouter Beke, Monsieur Pedro Facon, Monsieur Olivier Deleuze, Depuis le début de cette pandémie, on a beaucoup entendu parler des écoles. Tout le monde exprime son opinion : les politiciens, les pédiatres, les scientifiques. Tout le monde semble savoir ce qui est bon pour nous, les enfants. Mais en réalité ils n’ont aucune idée de ce que nous vivons et ressentons. Ils ne se rendent pas compte du poids qu’ils nous mettent sur les épaules.
Depuis la rentrée, nous sommes soumis à un stress énorme et impossible à gérer pour nous. Nous sommes élèves du premier degré secondaire, nous avons onze, douze, treize, quatorze ou quinze ans et on nous impose un surcroît d’attention permanente, toute la journée. C’est à dire huit heures à l’école plus les allées et venues en transports. Nous devons faire attention à tout : ce que nous avons touché, avoir peur de prêter un crayon ou une gomme ou de ne pas s’être désinfecté les mains après avoir fait ceci ou cela. Pleins de gestes spontanés nous sont désormais interdits.
Comment pensez-vous qu'il soit possible de travailler et d'apprendre dans ces conditions ?
Comment pensez-vous qu’il soit possible de travailler, d’écouter les professeurs et en même temps faire attention à ce que notre voisin porte bien son masque, ne se penche pas trop, car il n’y a aucune distance de sécurité entre chacun ? Dans les classes rien n’a changé : évidemment impossible de tenir les distances à deux sur un banc de 1 mètre 20… La seule chose qui a changé c’est la désinfection des mains à l’entrée des classes.
Comment pensez-vous qu’il soit possible d’apprendre de façon efficace avec les heures de fourche qui se multiplient à cause des profs en quarantaine et des élèves absents pour la même raison ? Saviez-vous qu’il nous est déjà arrivé d’aller à l’école pour à peine deux heures de cours et de passer les heures restantes agglutinés dans les locaux d’étude ?
Bref, nous allons à l’école avec le stress permanent d’attraper le virus et de le ramener chez nous. Nous ne sommes jamais sereins. Car certains parents sont des personnes à risques : âgés, style 60 ans, ou avec des problèmes pulmonaires, cardiaques, diabètes, etc. Certains enfants n’osent même plus embrasser ou câliner leurs parents. Il y a aussi beaucoup d’enfants qui somatisent.
Nous ne sommes pas des glandeurs
Évidemment, nous préférerions qu’il en soit autrement. Nous ne sommes pas des glandeurs. Nous avons très envie d’aller à l’école, d’apprendre ensemble, de voir les amis. Nous préfèrerions mille fois faire tout ça plutôt que d’être confinés. Mais, nous avons la conscience que le virus circule beaucoup, beaucoup trop. Nous savons aussi, grâce à notre expérience depuis la reprise, qu’il est totalement impossible de respecter toutes les mesures sanitaires tout le temps.
En conclusion, il nous semble que la première chose à faire serait de suspendre immédiatement l’obligation scolaire en présentiel pour tous les enfants jusqu’au treize décembre et de mettre en place un système d’enseignement hybride qui puisse efficacement garantir la continuité de notre scolarité. Ce système serait ainsi structuré : tous les cours devraient être organisés en distanciel (éventuellement filmés) et les enfants ne pouvant pas rester chez eux pourraient assister aux cours en présentiel en nombre limité (un par banc), en respectant les horaires déjà établis.
Nous espérons que tous les Pouvoirs Organisateurs en charge de l’enseignement et de la santé entendent notre message et le prennent en considération pour le bien-être de tous.
Merci.
Liste complète des signataires :

