Réflexions sur la puissance de l'action collective

Contribution externe
Réflexions sur la puissance de l'action collective
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Voici quelques-unes de vos réactions aux sujets qui ont fait l'actualité cette semaine.

Crise sanitaire

Des droits et des devoirs

Serions-nous tous pareils ? À des degrés divers, évidemment. Je ne sais pas vous, mais moi quand je n’ai pas envie d’obéir à un ordre, je trouve mille et une raisons de ne pas le faire. Au nom de la liberté personnelle, au nom de mes droits civils et politiques, au gré de mes idées personnelles, philosophiques, sociales, économiques, religieuses. Et aussi pour laisser libre cours à une certaine fantaisie anarchique tellement drôle à vivre. Il y a des limites de vitesse ? Bah, je suis pressée, personne ne verra rien. Et puis, de toute façon, plein de gens font la même chose. Pfff, zone 30, je n’ai même pas ça sur mon tachymètre ! Impossible. Respecter les mesures Covid ? Pas pour moi. Est-ce seulement constitutionnel ? Et la Déclaration universelle des droits de l’homme, qu’en fait-on ? Tiens, on va justement s’en souvenir, le 10 décembre. Et on m’empêcherait d’organiser un grand baroud (c’est le terme qui convient !) pour faire signer une foule immense en faveur d’individus en danger ? Ben quoi, Trump le fait bien, rassembler les foules. Sans masque encore bien. En plus… En plus, voilà qu’on ferme tous les restaurants (les fêtes arrivent), les salons de coiffure (non mais, quelle tête vais-je encore avoir ? Ce n’est pas bon pour le moral, ça !). Heureusement qu’on m’a laissé la kiné, cette fois-ci : j’aurais l’air de quoi, pliée en deux ? Voilà pour moi. Et les autres, au fond, dans tout ça ? Est-ce que j’y pense, lorsque je conteste les mesures Covid et que je fais des comptes d’apothicaire pour prouver par A + B qu’il n’y a pas tant de morts que ça, que d’autres maladies tuent beaucoup plus et que, de toute façon, ce ne sont que des vieux, des faibles, des malades qui périssent ? C’est la loi de la sélection naturelle. On ne va pas s’arrêter de vivre pour eux, quand même ! Jusqu’au jour où… Mais faut-il attendre ce jour funeste qui remet les pendules à l’heure et qui m’apprend cruellement à obéir ? Faut-il vraiment un terrible retour de bâton pour me faire réfléchir et prendre en considération l’éventualité d’une obéissance bien trop tardive ? À mes droits, répondent mes devoirs, comme les deux faces d’une psyché double : ils se font face et, en se répondant, me renvoient mon image, sans concession. Ai-je été assez solidaire ? Ai-je pensé aux personnes vulnérables ? Ai-je perçu, sous tous mes calculs, des êtres vivants, avec leurs joies, leurs peines, leur amour de la vie ? Ai-je anticipé les conséquences de mes actes, de mes pensées ? Ai-je, pour finir, mis en pratique l’Évangile, bonne nouvelle pour tous ? Pour les autres aussi, pas rien que pour moi ! Suis-je un(e) vrai(e) disciple du Christ ? Vous savez, Celui qui se soucie des malades, des perdus, des pauvres, des petits enfants, des laissés pour compte, Celui qui est ému de compassion, dont les entrailles sont remuées par la souffrance de ceux qui l’approchent. Celui qui vient parmi nous, et dont nous fêtons la naissance à Noël. Noël ? Cette année ? Oui. Enfin un Noël simple. Les circonstances nous donnent une occasion en or de nous recentrer sur le sens profond de cette fête pour que nous y puisions paix, espérance et amour ! Pour ces raisons : Joyeux Noël ! PS : Rassurez-vous, je ne tue pas les enfants à la sortie des classes. J’ai enfin trouvé le 30 sur mon compteur et je respecte scrupuleusement les mesures Covid ! Yvette Vanescote à Marbais

L’intelligence collective Les Français ont, sans doute à raison, tourné en dérision le concept belge des bulles sociales savamment comptabilisées. À présent, nous avons aussi de quoi railler leur mesure d’interdiction des déplacements au-delà d’un kilomètre du domicile sauf à se munir d’une auto-attestation. Il faut reconnaître que, abstraction faite de certaines mesures dont les aspects juridiques apparaissent très critiquables, les Belges ont cette fois adopté un système assez bien pensé : bulle simplifiée et donc plus facile à comprendre (même si pas toujours aisée à respecter) et, surtout, aucune restriction de déplacements. Effectivement, les bars, cafés, restos et la plupart des commerces étant fermés, il n’y a plus guère de raisons de sortir loin de chez soi si ce n’est pour aller prendre l’air à la Côte ou dans les Ardennes sans risque sérieux de contamination. Il est vrai que sans la possibilité de se restaurer à table, de boire un verre ou de visiter les petits commerces artisanaux, les classiques lieux touristiques habituellement propices à la promiscuité n’offrent plus beaucoup d’attraits. Les mesures prises chez nous sont aussi plus acceptables psychologiquement dès lors qu’elles ne briment pas la liberté d’aller et venir tout en n’ayant vraisemblablement pas moins d’efficacité que les limitations contraignantes de déplacement adoptées en France. A priori, certains pourraient envier le système politique à la française avec un pôle décisionnel centralisé au regard du nôtre, obligeant à galérer pour aboutir à un consensus entre État fédéral, Régions et Communautés. En l’occurrence, les avantages supposés du jacobinisme ne sont guère avérés. Serait-ce une bonne illustration de la thèse de Pierre Levy sur la supériorité de l’intelligence collective ? Guy Laffineur

Le chant du Covid Onze jours depuis le test et depuis, quatre jours à l’étage 4 Covid de la clinique Saint-Pierre à Ottignies. La nuit des "pas dormi", des fatigués, des veilleurs, s’est achevée. Et la ruche des petits cosmonautes s’est activée. Des machines pour mesurer, encoder, comparer, etc. Une efficacité redoutable, bien drillée, gentille. Et puis un petit-déjeuner qui commence à faire du bien. Une toilette un peu comme les chats pour se sentir frais et retrouver son lit bien refait sentant l’amidon. Et puis, le passage des vrais spécialistes, ceux qui suivent de très près et restent en contact permanent avec les soins intensifs pour un transfert si nécessaire. De plus, ils sont en contacts continus avec tous leurs confrères. La qualité de cette collaboration, loin de tous les clivages grandit la profession qui avait déjà la confiance. Immense merci à tous. Et enfin, ce chant du Covid. Je ne l’entends plus dans l’étage. Il commence à s’y sentir menacé. Qu’il reste dans les champs de betteraves des environs avec les quelques médias qui se nourrissent de son chant… Repos à ceux qui rentrent. Confiance à ceux qui restent. Et encore un immense merci à ceux qui, avec la qualité de leurs compétences et la force de leur cœur, maintiennent le navire dans la tempête. Stéphane Braun

Politique belge

Réformons le système électoral

Je viens de prendre connaissance de l’opinion de Maxime de Cordes dans La Libre de ce jeudi 12 novembre et je ne peux m’empêcher de lui répondre et d’approuver ses idées sur le désarroi des citoyens à l’égard du personnel politique. Nos institutions vont à vau-l’eau dans l’indifférence générale. Les citoyens se sentent impuissants face à des forces qui les dépassent et qu’ils ne sont pas en mesure de raisonner lorsqu’on leur donne l’occasion d’aller aux urnes. Notre démocratie, pouvoir du peuple par le peuple et, j’ajoute, pour le peuple, ne fonctionne plus. Ce sont les partis qui se sont emparés du pouvoir. […] Que faut-il faire ? Que pouvons-nous faire ? Il faut réformer le système électoral. Pas besoin de changer la Constitution. De simples adaptations devraient suffire. Encore faut-il avoir la volonté de le faire. Ainsi, on doit supprimer la case de tête dont le seul effet est d’admettre que l’ordre de présentation des candidats sur la liste électorale est le seul valable. Cela n’est plus de mise à l’heure actuelle. Il faut également supprimer la liste des suppléants. Pourquoi deux catégories de candidats ? Des réservistes ? Depuis que le nombre de mandats politiques est limité, la première suppléance est devenue très intéressante puisqu’elle prend la place d’un effectif qui ne peut pas être élu, mais qui était en bonne place pour apporter des voix. L’électeur est trompé puisqu’il ne verra jamais son candidat élu. Le système électoral le plus équitable serait qu’on adopte des bulletins de vote ronds, sur lesquels les candidats apparaîtraient dans l’ordre alphabétique. Plus de priorités. Plus de passe-droits. Que le meilleur gagne ! C’est, à mon sens, le minimum à adopter pour que la démocratie retrouve une partie de ses droits. Mais c’est loin d’être suffisant. Ce serait néanmoins un premier pas dans la bonne direction pour que le citoyen reprenne goût à son rôle. Un deuxième pas serait que l’électeur puisse voter pour deux candidats différents et sur des listes différentes. Une liste électorale n’a pas le monopole de la vérité, ni du bonheur du peuple. Il y a des candidats valables dans tous les partis. Dans ce cas, les candidats choisis ne bénéficient chacun que d’une demi-voix. Évidemment. J. Belot

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