"Je sais que si je me restreins à attendre que ça passe, je vais avoir du mal à tenir le coup psychologiquement"
La peur excessive nous fait faire des choses irrationnelles et nous isole, alors battons-nous pour la rationalité.
Publié le 14-01-2021 à 11h11 - Mis à jour le 14-01-2021 à 11h12
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Une témoignage d'Alice, 24 ans, participante à un atelier d’écriture organisé par Scan-R, une association qui accompagne des jeunes de 12 à 30 ans pour les aider à s’exprimer par écrit. La finalité de ce projet est de permettre aux jeunes de se raconter sur des sujets dont ils sont acteurs ou témoins. (1)
On ne se sauvera pas tout seul ! Pourtant, il est difficile d’être sereine pendant cette crise. Avec les mesures prises par le confinement et la distance sociale, on a tendance à se replier sur soi et à passer beaucoup de temps derrière nos écrans.
Personnellement, j’ai beaucoup traîné sur Internet et mes parents aussi. Mon avis, par rapport à la crise, changeait en fonction de l’information que je venais de lire ou de ce que mes parents avaient lu. Soit j’étais parano, soit fâchée et scandalisée, parfois aussi dans le déni ou dans l’espoir. Face à toutes ces infos, difficile de savoir comment réagir.
Une chose est sûre : la peur excessive nous fait faire des choses totalement irrationnelles et nous isole. Il est évident qu’on ne pourra pas se sauver seul. On est tous et toutes dépendants les unes des uns et les uns des autres, et, tant que l’autre ne sera pas protégé, le virus sera toujours une menace pour nous.
Les grandes victimes de cette crise sont les personnes qui avaient déjà des difficultés avant. Les voilà encore plus démunies et vulnérables aujourd’hui. Je pense aux sans-abri, aux migrants, aux détenus, aux malades, aux personnes âgées, seules, aux indépendants, aux pays pauvres… Et j’en passe. Cette crise fait ressortir les failles de notre système et les inégalités ne font qu’augmenter.
Soyons rationnels
Je reste prudente et je respecte les mesures prises par le gouvernement, elles sont nécessaires, mais ce ne sont pas les seules solutions. Je sais que si je me restreins à rester dans ma bulle à attendre que ça passe, je vais avoir du mal à tenir le coup psychologiquement. En ce temps de crise, un peu de solidarité fait du bien au moral. Les pouvoirs publics et les soignants ne sont pas les seuls à savoir agir. Je pense qu’on peut tous et toutes faire notre part, (s’)informer, militer ou agir… les possibilités ne manquent pas.
Limiter le flux d’infos, penser à d’autres choses et aider - ne fût-ce qu’un petit peu - les personnes dans le besoin, voilà ce qui me permet de ne pas céder à la panique et de garder le moral.
Aujourd’hui on a besoin que tout le monde agisse de manière rationnelle. Faites ce qui semble le plus juste pour vous et pour les autres. Comment voulez-vous agir pour vivre le plus sereinement possible cette crise ? Voulez-vous attendre devant la télé que ça passe et recommencer à vivre comme avant une fois que tout sera fini ? Ou voulez-vous participer à limiter les dégâts de cette crise historique et rêver d’un avenir meilleur ? Beaucoup d’initiatives ont déjà émergé.
(1) Ce texte est issu de l’ouvrage "Bouches émissaires. Jeunesse confinée", publié par l’association Scan-R aux Éditions namuroises avec une préface de Bernard De Vos, délégué général aux droits de l’enfant, et une postface de Valérie Glatigny, ministre de la Jeunesse en Fédération Wallonie-Bruxelles. (12 euros).
