Transport scolaire : un cauchemar pour certains enfants en situation de handicap !

Contribution externe
Transport scolaire : un cauchemar pour certains enfants en situation de handicap !
©Bortels

Une opinion de Jean-François Delsarte, directeur des services diocésains de l’enseignement fondamental catholique Liège, et Béatrice Barbier, Présidente de l’Association des directions de l’enseignement spécialisé catholique ( Adesp).

En 1970, le législateur belge met en place une loi qui garantit l’obligation scolaire pour tous les enfants et adolescents en situation de handicap en créant en Belgique un système unique au monde, l’enseignement spécialisé. Cette loi novatrice fut à l’origine de la mise en place du transport scolaire gratuit pour les élèves afin que ces derniers rejoignent l’école de libre choix la plus proche de leur domicile. Un État se donnait enfin les moyens de garantir un droit fondamental, celui de pouvoir accéder à l’éducation.

Cinquante ans plus tard, où en sommes-nous ? À chaque rentrée scolaire, les mêmes scénarios se reproduisent ici et là, qui mettent à mal les premiers concernés, à savoir les enfants. Comment accepter que certains enfants passent plus de 5 heures par jour dans des bus scolaires ? Quels adultes accepteraient qu’on leur impose cela chaque jour ? Comment expliquer à un enfant de 6 ans qu’il doit se lever à 6h00 pour quitter la maison sans déjeuner à 6h30 afin de rejoindre son école à 9h00 ? Les responsables politiques ou de l’administration vous répondront que, globalement et majoritairement, la durée des trajets est correcte, cependant leur responsabilité n’est-elle pas de trouver des solutions pour qu’aucun enfant ne doive vivre ce type de cauchemar journalier ?

Familles démunies

Mais cette année, les directions d’écoles spécialisées vivent aussi un véritable cauchemar car plusieurs élèves ne sont toujours pas scolarisés depuis le 1er septembre. Pourtant les directions ont bien introduit les demandes de prise en charge à temps aux services ad-hoc, mais pour d’obscures raisons, à la fin du mois de septembre, nombreux étaient les élèves qui n’avaient toujours pas accès à l’école. Vous conjuguez cette réalité avec des familles sinistrées par le désastre des inondations de juillet, obligées à se délocaliser et à garder à la maison des enfants fragilisés psychologiquement et vous créez énormément d’angoisse chez les bénéficiaires du transport scolaire. C’est un scandale et une honte pour notre société dite évoluée. Ces familles parfois démunies devraient pouvoir faire appel au délégué général des droits de l’enfant ou à UNIA (Centre pour l’égalité des chances) pour que leurs droits soient respectés, mais connaissent-elles l’existence de ces services ? Pouvez-vous imaginer que si cela se passait dans l’enseignement ordinaire, les choses se dérouleraient de la même manière ? Quels parents accepteraient que leur enfant de 6 ans entrant en première primaire ne puisse aller à l’école et apprendre à lire et calculer à cause du transport scolaire qui, pour des raisons administratives, doit encore traiter son dossier ? Impensable, tout le monde crierait au scandale ! Mais dans le cas d’élèves du spécialisé, on se renvoie la balle et en réalité on donne cette vilaine impression de s’en foutre complètement.

Merveilleuse idée...

Cerise sur le gâteau, cette année les élèves fréquentant l’enseignement spécialisé de type 1 (retard mental léger) et de type 8 (troubles des apprentissages) doivent prioritairement être mis sur des lignes publiques. Merveilleuse idée pour des enfants de 6 ans par exemple qui présentent des troubles spatio-temporels ou qui ne comprennent pas bien les consignes ! Quels parents accepteraient de laisser partir leurs enfants en bas âge sans aucun accompagnement dans des bus non sécurisés alors que d’autres peuvent emprunter des bus adaptés avec des ceintures de sécurité et du personnel d’accompagnement ?

Rassurez-vous, tout va bien ! les responsables du transport scolaire et les responsables politiques en charge de cette compétence dorment bien. Ça au moins c’est une bonne nouvelle !

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