Marre du pessimisme…

Le bilan du monde est tout sauf réjouissant. Faut-il pour autant sombrer dans le pessimisme le plus noir ? D’où viendront les étincelles de l’espoir ?

Marre du pessimisme…
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Une chronique de Francis Van de Woestyne, Journaliste

La guerre est sur notre continent. Des conflits armés jettent sur les chemins de l’exil des hommes, des femmes, des enfants qui n’ont que leurs yeux pour pleurer. Dans l’est du Congo, cette tragédie oubliée, le viol est l’arme principale de milices qui se déchaînent sur des femmes isolées, sans défense. Les richesses du Congo sont pillées sans que personne n’intervienne. Sauf le Pape François, admirable de courage. Le réchauffement climatique provoque partout des cataclysmes : nous ne pourrons éviter les prochaines catastrophes que si nous modifions radicalement notre mode de vie, notre façon de manger, de nous déplacer. Après le Covid, un autre virus figera peut-être encore le monde. Et dans les pays “riches”, les inégalités se creusent, la crise économique affaiblit les plus faibles, les sans-emploi broient du noir. Même les couples qui disposent chacun d’un travail connaissent des fins de mois difficiles. Les perspectives économiques sont en berne. Les travailleurs du non-marchand, autrefois considérés comme des héros, sont épuisés, mal payés, en sous-effectif. La main-d’œuvre étrangère ne parvient pas à pallier le manque de vocations belges. Le bilan du monde est tout sauf réjouissant.

Faut-il pour autant, sombrer dans le pessimisme le plus noir ? D’où viendront les étincelles de l’espoir sinon de nous-mêmes ? Ne sommes-nous pas les architectes de nos propres vies, nous les nantis, les privilégiés, nés dans des pays qui ont fait de la solidarité leur principal axe politique. Utopie ? L’utopie est une réalité en puissance. Mais pour que les choses changent, évoluent, il est utile de dézoomer. Il faut reconnaître que certaines personnes se livrent régulièrement à ce qui devient parfois un sport national, à savoir la complainte éternelle, le “ouin ouin” sans limite et sans pudeur…

La complainte permanente

Il y a quelques jours, le Journal Télévision de France 2 enfile les sujets du jour “sans transition”, comme des perles qui s’entrechoquent. Problème électrique à la Gare de l’Est. Train en retard. Deux voyageurs se plaignent. Sujet suivant : la réforme des retraites. Sujet inabordable en France. Les droits acquis doivent le rester même si les conducteurs de locomotive ne doivent plus nourrir leur Micheline au charbon. Exemple à l’appui, la réforme est présentée comme l’injustice totale. Reportage : deux dames de 62 ans, plutôt dynamiques, vont devoir travailler trois mois de plus pour obtenir une carrière complète. L’une est employée dans une agence de voyages, l’autre est enseignante. Les deux vont devoir postposer les projets qu’elles nourrissaient depuis des années. La première avait prévu de revendre son petit pavillon : plutôt que de le mettre en vente en décembre elle devra attendre en février. L’autre avait organisé un voyage d’un mois à Papeete. Elle devra reporter son trip de trois mois. Ces personnes sont concentrées sur leurs petites préoccupations quotidiennes, négligeant les urgences, les nécessités de ceux qui sont réellement dans le besoin : les familles monoparentales qui ont des difficultés de fin de mois, les petits artisans dont les revenus fondent à cause de l’augmentation frénétique des factures énergétiques. Et que dire de ce jeune qui manifeste pour sa pension : n’a-t-il pas d’abord envie de construire un projet, de fonder une famille ?

L’optimisme est un devoir moral

Le sujet suivant dure à peine 30 secondes : le 78e anniversaire de la libération des camps d’Auschwitz est juste évoqué par le journaliste. Un peuple qui oublie son passé se condamne à le revivre… Que dire de la vie quotidienne des Ukrainiens, de millions de personnes qui fuient la terre ou ils sont nés ? Comment oublier les enfants abandonnés dans les rues du Caire, de Bogota ou de Monrovia ? Notre époque sombre dans l’individualisme, le repli sur soi. L’époque, on le concède, n’est pas la joie. Les signaux d’alerte sont tous au rouge. Mais il faut aussi voir les élans de la jeunesse. Pourquoi avoir perdu foi en l’homme, en la science, en la technologie ? Pourquoi certains médias passent-ils leur temps à susciter, dans des micros-trottoirs pathétiques, la tristesse, le pessimisme, l’égoïsme des gens qui n’ont d’autre horizon que leur nombril. “L’optimisme est un devoir moral” disait Churchill. Les médias ont sans doute leur part de responsabilité dans ce pessimisme ambiant. Bart De Wever aime à dire que l’optimiste est un citoyen mal informé. Non, c’est aussi une question de courage, d’altruisme. L’avenir n’est pas au rejet des autres. Il est dans le collectif. Dans le “Nous”. Nourrissons-nous des contacts, de l’intelligence, de la tendresse des autres. Partageons le goût de l’effort, le goût des autres, le goût du travail. “Vis chaque jour comme si c’était le dernier. Apprends comme si tu devais vivre toujours” (Gandhi).

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