Le bonheur n’est pas au sommet de la montagne

Selon mon prof de math, la vie est comme un arbre, une succession de choix que l’on fait. Mais pour mon prof de français, nous sommes plutôt prisonniers de la pression sociale. Dilemme.

Contribution externe
"La Montagne", de et avec Thomas Salvador et Louise Bourgoin.
Le bonheur n’est pas quelque chose qu’on atteint en souffrant, c’est quelque chose qu’on construit tous les jours ©©Christmas in July

Par Charles Casterman.

De ce que l’on nous apprend à l’école, il ne reste pas toujours grand-chose. Entre analyses de textes de Baudelaire et calcul d’intégrales, notre cerveau décide souvent de ranger la matière absorbée dans des vieux tiroirs poussiéreux que nous ne sommes même pas certains de rouvrir un jour. Il en existe cependant un qui est un petit peu différent des autres. Il est plus petit mais malgré tous les autres tiroirs qui viennent s’ajouter avec le temps, il est aussi plus accessible. C’est le tiroir des “petites leçons de vie inattendues au détour d’un cours pas toujours très intéressant”. Lorsqu’on l’ouvre, on y retrouve certains commentaires de professeurs qui pouvaient paraître anodins à l’époque mais qui prennent tout leur sens au fur et à mesure des années qui passent.

Des milliers de chemins possibles, un seul tracé

Je me rappelle qu’en rhétorique, notre professeur de mathématiques nous avait introduit le concept d’arbres des probabilités en nous disant que la vie était comme cet arbre. C’est une succession de choix que l’on fait et qui nous mettent sur un chemin. Il y a des milliers de chemins possibles mais il n’y en a qu’un seul que nous traçons, comme si nous dessinions notre propre vie non pas avec un crayon mais avec des décisions. Le choix de faire telles études, de s’entourer de telles personnes, de suivre telle habitude… À 18 ans, ce discours nous donnait l’idée que tout était possible, qu’il suffisait de “choisir” et de suivre ses rêves finalement.

“L’enfer, c’est les autres”

Pourtant, aujourd’hui persiste parfois l’impression que la vie est un train placé sur des rails formatés par une société dans laquelle nos actions et nos choix sont définis par le regard des autres. Notre professeur de français et Jean-Paul Sartre nous avaient pourtant prévenus, “L’enfer, c’est les autres”, nous sommes jugés sur tout ce que nous faisons et sommes prisonniers de la pression sociale.

Le courage de savoir dire non

Aussi opposés que le français et les mathématiques, ces deux discours cachaient en fait une merveilleuse leçon de vie. On ne choisit pas son destin mais on ne le subit pas non plus et c’est quand on a compris cela qu’on peut trouver la paix intérieure. Pour ça, les clés sont le courage et l’acceptation. Le courage de savoir dire non quand il le faut et accepter de déplaire pour se trouver soi-même est une vertu dont on ne parle sans doute pas assez. En particulier de nos jours où la prison dorée des réseaux sociaux tend à nous conditionner toujours plus aux autres.

Attention à la frustration infinie

Ensuite, accepter que tout n’est pas parfait et que c’est très bien ainsi est également fondamental pour être heureux. Penser que le parfait bonheur est au sommet de la montagne et qu’il faut souffrir pour y arriver est une illusion qui mène à une frustration infinie. Le bonheur n’est pas quelque chose qu’on atteint, c’est quelque chose qu’on construit tous les jours en trouvant de la satisfaction dans ce qu’on fait, dans ce qu’on a, dans ce qu’on est.

Parfois perdu dans un monde matérialiste dont les soucis n’ont pas de fin, il est toujours bien de se rappeler l’essentiel. De telle sorte, le sens de notre vie est sans doute un peu moins difficile à trouver.

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