En Belgique, les acquis pour les communautés LGBTQIA+ sont encore menacés par ce que l’on appelle le "wokisme”

Ce samedi, c’est la Belgian Pride dans les rues de Bruxelles. Il y a trois jours, avait lieu la journée internationale de lutte contre l’homophobie, la transphobie et la biphobie. L’occasion de faire le point sur les droits des personnes LGBTQIA +. et de le marteler : ne nous asseyons pas sur nos acquis !

Belgian Pride Brussels 2021  grand plca Bruxelles
©Bauweraerts Didier

Une opinion de Nicolas Van der Maren, juriste d’entreprise, conseiller communal

À 40 ans, et à l’approche de mon dixième anniversaire de mariage, je suis d’abord reconnaissant envers les générations qui m’ont précédé et qui se sont battues pour les droits dont je profite pleinement. Je me sens également privilégié de vivre dans un pays dont les institutions et le législateur ont évolué probablement plus rapidement encore que l’opinion publique pour adopter toute une série de lois très libérales en matière d’égalité : égalité entre femmes et hommes d’abord, mais aussi mariage entre personnes de même sexe, homoparentalité, possibilité de changer de sexe et de prénom sans devoir invoquer de raison médicale.

On pourrait dès lors se demander si la pride de ce samedi a encore beaucoup de raisons d’être, à part de célébrer et fêter la diversité. La réponse est malheureusement positive car l’actualité nous démontre que nous ne pouvons jamais nous reposer sur nos acquis ! Faut-il rappeler que l’homosexualité est encore un crime frappé de la peine de mort et/ou d’emprisonnement dans de nombreux pays ? Que même au sein de l’Union européenne, certains pays sont vite tentés d’adopter des lois homophobes sous prétexte de lutter contre une certaine “propagande” homosexuelle ? Faut-il rappeler qu’il y a quelques jours seulement, dans notre propre pays, alors qu’un établissement scolaire organisait, à Genk, un atelier de lutte contre l’homophobie dans la cour de l’école, des dizaines d’élèves se sont réunis et ont violemment pris à partie des agents communaux et un bénévole de l’association LGBT aux cris de “Allah Akbar” (!). À l’heure ou certains footballeurs refusent de participer à des campagnes de sensibilisation à la cause, justifiant de leurs convictions personnelles (comme si l’homophobie n’était pas un délit mais juste une question de conviction personnelle !), alors oui, la réponse est malheureusement positive et la marche des fiertés, dans la capitale de l’Europe, est plus que jamais justifiée, elle est nécessaire même !

En Belgique, comme dans d’autres démocraties occidentales, ces acquis pour les communautés LGBTQIA + sont encore menacés par certains mouvements de revendication radicale en matière d’inclusion. Je parle ici de ce que l’on appelle le “wokisme”. Certains, incapables de faire la différence entre les notions de sexe, de genre ou d’orientation sexuelle, rêvent de voir supprimer pour toutes et tous la mention du sexe sur la carte d’identité, comme si le fait de choisir librement son genre, même différent de son sexe, n’était pas suffisant ? D’autres encore voudraient qu’on cesse de parler de mère, mais plutôt de “personnes menstruées” ou de “personnes à utérus”, quitte à nier le concept de “femme”… D’autres encore organisent non plus des soirées “homos” mais des soirées pour “non-hétéros”. Cette course effrénée à qui sera le plus favorable aux minorités de genre ou sexuelles est dangereuse à plus d’un titre. Leurs revendications sont disproportionnées et incompréhensibles pour l’opinion publique qui a parfois encore du mal à accepter ne fût-ce que l’homosexualité ; elle provoque un repli sur soi de ces communautés, un rejet de la part d’autres communautés, alors que le seul véritable objectif devrait être de “coexister”, de vivre “ensemble”, chacune et chacun avec ses spécificités !

Si je me sens homme et homosexuel dans ma vie sexuelle et affective, qu’est-ce qui m’empêche de me sentir non-genré quand je représente les citoyennes et citoyens qui m’ont élu conseiller communal ? Qu’est-ce qui m’empêche de me sentir plus “femme” quand je reçois les confidences intimes de ma meilleure amie ? Est-ce que mon sexe m’empêche de vivre mes différentes identités (professionnelles, religieuses, politiques, de genre, etc.) aux différents moments de mon existence ou de ma journée ? En quoi la mention de mon sexe sur ma carte d’identité empêcherait-elle cela ?

Si les revendications de certaines minorités sont légitimes, si les souffrances de certaines et certains sont bien réelles, ces revendications et les débats qui s’ensuivent méritent beaucoup plus de nuances que ce que certaines et certains veulent bien nous livrer, dans les assemblées ou dans la presse.

N’oublions pas que chacune et chacun d’entre nous est unique. Qu’il y a autant d’identités qu’il y a de personnes sur cette terre et que chacune mérite le respect, le bonheur et la sérénité !

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