Un hélicoptère va-t-il gâcher le titre de l'Union?
Une nouvelle fois, le foot pro montre à quel point il est hors sol.
- Publié le 31-05-2023 à 10h20
- Mis à jour le 31-05-2023 à 10h29
:focal(1869.5x1255:1879.5x1245)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/VMUZTJTEZFCT7A26L46H4XIQTQ.jpg)
Une opinion de Laurent Haulotte, expert médias et communication RSE
Alors que l’urgence climatique est bien réelle et que la question écologique préoccupe de plus en plus de monde, la Pro League de football annonce fièrement que, pour la dernière journée des Champions Playoffs dimanche, un dispositif spécial sera mis en place.
Tatatam! Vu le suspense qui entoure cette dernière journée (trois clubs, l’Antwerp, l’Union et Genk, peuvent encore être champions), le CEO de la Pro League Lorin Parys suivra les deux matches déterminants pour le titre depuis un hélicoptère puis atterrira dans l’un des deux stades pour remettre coupe et médailles.
Le « Parys-copter » se posera donc sur la pelouse du stade Joseph Marien (à Saint Gilles) ou de la Cegeka Arena (à Genk, Limbourg) afin de célébrer comme il se doit le vainqueur du championnat. « Le suspense sera à son comble », a-t-il commenté. « Un vrai grand jour se profile ce dimanche pour notre football. » lit-on dans les journaux ce matin.
Ce n’est pas une première, un dispositif semblable avait été mis en place en 2014.
Une nouvelle fois donc, le foot pro montre à quel point il est hors sol.
Quelle est en effet l’urgence d’amener un trophée à Bruxelles ou à Genk? La joie des supporters sera-t-elle plus grande? Le résultat du championnat sera-t-il différent?
Pourquoi faire voler un hélicoptère pendant 1h minimum et envoyer dans l’air du dioxyde de carbone, l’un des responsables du réchauffement climatique, de l’oxyde d’azote, responsable des pluies acides et de maladies respiratoires et, enfin, des particules fines qui tuent des milliers de personnes chaque année?
Bien sûr, les vols en hélicoptère ne représentent qu’une infime partie de la pollution provoquée par le transport aérien. Bien sûr, d’autres sports ont abondamment recours aux hélicoptères (le cyclisme par exemple pour assurer ses retransmissions). Mais on parle là de symbole et d’une nouvelle occasion manquée de redorer l’image du foot pro.
On connaissait déjà les salaires mirobolants, les transferts au mépris des règles financières, les corruptions à coups de montre luxueuses, voici un autre exemple de la manière dont le foot pro conçoit son rapport à la société et à l’environnement.
J’adore le foot. Je suis supporter d’un club depuis ma plus tendre enfance. Ce n’est pas l’Union mais néanmoins, dimanche, je prendrai le tram 81 pour aller supporter les jaunes et bleus en espérant qu’ils soient champions. Si c’est le cas, la fête sera un peu gâchée par l’arrivée du « Parys-copter ».