"Il y a 5 ans, j'ai également oublié mon fils dans la voiture, je suis resté médusé"

"À midi, en entendant des pleurs à travers la vitre de ma voiture, je suis resté médusé, dans l'incompréhension la plus totale pendant de nombreuses secondes. Que faire pour que cela ne se produise plus?"

Fait divers: Une maman oublie son bebe dans son maxi cosi  toute une journee dans la voiture, entrainant inevitablement la mort de ce dernier.
©Benoit Vanzeveren

Un témoignage de F.S., auteur connu de la rédaction

Ce matin, j'apprends avec effroi la mort d'un bébé sur le parking d'un hôpital de Charleroi. Les circonstances semblent limpides : un parent a oublié de le déposer à la crèche avant son travail. Aujourd'hui j'ai une pensée particulière pour la famille et les proches touchés par cette horrible nouvelle. Aujourd'hui, face à la répétition de ce type d'évènements et au sentiment de fatalité qui est trop souvent évoqué, cet énième drame m'a convaincu de témoigner.

Il y a environ 5 ans, j'ai également oublié de déposer mon fils à la crèche. On ne croit pas cela possible, jusqu'à ce que cela vous arrive. À midi, en entendant des pleurs à travers la vitre de ma voiture, je suis resté médusé, dans l'incompréhension la plus totale pendant de nombreuses secondes, jusqu'à ce que je réalise ce qu'il était en train de se passer. Ce jour-là, mon fils aurait pu mourir dans d'atroces souffrances et notre vie à tout aurait pu basculer. Aujourd'hui, grâce à quelques hasards de la vie, une après-midi de congé, un ciel voilé, je peux encore serrer mon fils dans les bras tous les soirs.

Les causes sont multiples et généralement banales : un changement d'habitude ou de planning de dernière minute, un enfant qui s'endort en voiture alors que cela ne lui arrive jamais, les sièges enfants "dos à la route" qui diminuent les risques en cas d'accident, mais qui font surtout que vous ne voyez plus votre enfant dans le rétroviseur, et puis la fatigue, les nuits courtes, les pensées parasites et les babioles en tous genres. Et je suis hélas bien placé pour savoir que personne n'est à l'abri.

Bien sûr, les drames sont déjà beaucoup trop fréquents. Mais combien de drames ont également été évités de justesse ? Nous n'avons aucun chiffre précis, mais je suis persuadé qu'ils sont effrayants. Ne reste-t-il pas une part de tabou ? La prise de conscience dans la société, auprès des professionnels de la santé, des milieux d'accueil ou des responsables politiques est-elle suffisante ?

Des solutions techniques ont vraisemblablement été tentées par les constructeurs automobiles, mais aucune n'a semblé assez satisfaisante pour être rendue obligatoire. Pourtant, une solution existe et elle est d'une simplicité déconcertante. Lorsqu'un enfant inscrit à la crèche ne se présente pas, la crèche pourrait être légalement tenue, dans un délai raisonnable, d'avertir les parents. En effet, tout parent doit prévenir la crèche lorsqu'il n'y dépose pas son enfant un jour où l'enfant est censé s'y rendre. Le parent distrait pourrait alors mettre tout en œuvre pour sauver l'enfant. Dans mon cas, j'ai expliqué cela à la crèche après les faits et ils ont promis de se tenir à cette règle par la suite. Mais je crois qu'une telle règle devrait être généralisée.

Bien entendu, cela fait peser une lourde responsabilité aux crèches et engendre des contraintes nouvelles. Dès lors, il ne serait pas illogique d'envisager une compensation financière sous forme de revalorisation salariale proportionnelle au poids à cette nouvelle responsabilité. Cette revalorisation devrait concerner la direction, mais aussi les puéricultrices, qui ont souvent un rôle de permanence vis-à-vis des questions administratives lorsque la direction est absente. Par ailleurs, tout parent qui ne déposerait volontairement pas son enfant à la crèche sans prendre la peine de prévenir devrait en être sanctionné de manière à ne plus "récidiver", sous peine de générer une charge inutile et de décourager l'adoption du système. Tous ces éléments organisationnels devraient bien entendu être l'objet de discussions ouvertes à l'ensemble des personnes concernées.

Aujourd'hui, je pense que la plupart des citoyens-parents et des professionnels sont demandeurs que de tels drames ne puissent plus jamais se reproduire. J'encourage dès lors toutes les personnes ayant un pouvoir de décision ou d'influence (politiques, ONE, journalistes...) à prendre les mesures nécessaires pour parvenir à cet objectif.

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