Pourquoi le 15 août reste-t-il si populaire ?

Les croyants ont beau s’éloigner en masse de la messe dominicale, beaucoup de baptisés continuent d’honorer la Vierge. Ils sentent d’instinct qu'elle chemine avec l’humanité en partageant ses petites joies et grandes misères.

France, Lourdes: pélérinage des malades à Lourdes pour la venue du pape Benoît XVI. Chrétiens, église
Statuettes de Lourdes : la Vierge symbole du 15 août

Le regard du prêtre. Une chronique d’Eric de Beukelaer

Le 15 août, les catholiques du monde entier se rassemblent pour prier Notre-Dame. Derrière les ors du folklore, se dévoile une authentique ferveur religieuse, enracinée dans une foi profonde à contre-courant de la sécularisation dominante. Le peuple de Dieu a beau s’éloigner en masse de l’Eucharistie dominicale, beaucoup de baptisés continuent d’honorer la Vierge. Ils sentent d’instinct que celle dont le “oui immaculé” offrit au Verbe (à Dieu NdlR) d’entrer dans notre chair, chemine avec l’humanité en partageant ses petites joies et grandes misères ; que celle qui mit au monde le Sauveur, veille sur chacun avec un cœur maternel.

Ceci nous dévoile peut-être la raison des apparitions mariales, qui semblent des piqûres de rappel, invitant les ouvriers fatigués de l’Église, à ne pas se décourager et déserter la mission de témoigner du Christ. Une constante de chaque manifestation de la Vierge – que ce soit à Guadalupe, Lourdes, Fatima, Beauraing ou encore Banneux – c’est l’appel incessant à la prière : “Aimez mon Fils… Je voudrais que l’on construise une petite chapelle… Priez beaucoup… ” Je confesse avoir longtemps été quelque peu dérangé – voire agacé – par la banalité de ce genre de message. Bien entendu, on ne s’attend pas à ce que Notre-Dame lance : “buvez un petit verre de rosé à ma santé”, mais – tout de même – n’avait-elle rien de plus original à nous communiquer ? Ce n’est qu’en avançant en âge… et peut-être même en sagesse, que la dimension essentielle du message marial m’apparut : si nous ne demeurons pas perpétuellement en prière, l’esprit du monde – l’esprit du prince de ce monde – s’empare de notre âme. Et ce, que nous soyons chrétiens fervents ou non ; catholiques pratiquants ou peu ; vivants notre baptême comme prêtre, religieux ou laïc…

Vous pensez que j’exagère ? Que je dramatise ? Faisons ensemble le test de l’examen de conscience. Prenons la peine d’observer les pensées intérieures qui nous traversent le cœur à chaque respiration : combien de murmures, combien de jugements, combien de jalousies, combien d’égoïsmes, combien de peurs, combien de désirs d’emprise, combien de découragements, combien d’amertumes, combien de colères, combien d’orgueils, combien de vanités, combien de rancœurs ? Parfois d’ailleurs, pour de bonnes raisons. Il nous arrive ainsi d’apprendre que d’aucuns salissent les motifs de nos actions, voire calomnient des aspects précieux de notre vie. Légitimement, nous nous indignons. Et pourtant, c’est un piège que de se complaire en récriminations intérieures. Ce que je ne puis changer, il me faut le supporter dans la paix, voire même dans la joie. Sans un état permanent de prière, cela ne nous est pas possible.

D’où cet appel pressant fait par Notre-Dame : non seulement de nous réserver chaque jour des temps de prières, mais plus encore de demeurer constamment dans un esprit de prière. Non pas de façon alambiquée, mais en simplicité. À la manière de la prière du cœur récitée en permanence, comme l’enseigne le beau livre à l’auteur anonyme, intitulé “les récits d’un pèlerin russe” : “Seigneur Jésus-Christ, fils de Dieu, aie pitié de moi”. Ou encore, en prononçant entre deux portes, en prenant notre douche, dans notre voiture, avant une rencontre et à chaque instant de lucidité, une très courte invocation : “viens Esprit-Saint”, “Jésus, donne-moi Ta force”, “Marie, veille sur nous”… Une prière permanente déploie en nous et autour de nous les fruits de l’Esprit et ce, par-delà nos inévitables défauts de caractère : “la charité, la joie, la paix, la patience, la bonté, la bénignité, la longanimité, la mansuétude, la foi, la modestie, la continence et la chasteté” (Galates 5, 22). Sur ce chemin, notre Notre-Dame de la perpétuelle prière nous accompagne. “Sainte Marie, mère de Dieu, prie pour nous, pauvres pécheurs, maintenant et à l’heure de notre mort. Amen. ”

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