Que coûte un drapeau ukrainien ?
En faisons-nous assez pour la défense de l’Ukraine ?
- Publié le 23-08-2023 à 10h12
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Un texte d’Hubert de Beco, initiateur d’un appel pour que soient arborées, ce 24 août, les couleurs ukrainiennes à nos fenêtres.
Bleu et jaune, il y a des drapeaux ukrainiens de toutes les dimensions, de toutes les qualités et de toutes les provenances. Les moins chers sont probablement de facture indienne, ceux dont la livraison est la plus rapide viennent de Chine où certaines manufactures pourraient en produire 100 000 dans la semaine. Mais là n’est pas la question…
Le drapeau déchiqueté, en lambeaux qui flottait sur les dernières ruines de Marioupol, celui qui rappelait que, après des mois de siège, Bakhmout était toujours ukrainienne, celui qui a repris sa place dans Kharkiv reconquise et le premier qui sera hissé en Crimée et qui attend le jour de la libération, ces quatre drapeaux auront leur histoire, un prix pour les collectionneurs, mais il s’agit toujours du drapeau ukrainien, bleu pour le ciel, jaune pour les blés murs des grandes plaines fertiles.
Histoire d’un drapeau
L’usage des couleurs bleu et jaune est attesté en 1410 déjà dans le Voïvodine médiéval.
Après la révolution russe, ces couleurs traditionnelles sont officiellement adoptées lors de la première et très courte indépendance du pays en 1918 par la République populaire ukrainienne. En 1991, lorsque le Président russe Gorbatchev saborde l’URSS, la nouvelle république reprend sa liberté et immortalise son étendard ancestral dans sa Constitution. Sur ce drapeau et pour des usages plus militaires ou belliqueux apparait le Trident qui remplace opportunément la faucille et le marteau communistes. Il s’agirait de la représentation stylisée du faucon, ailes repliées et fondant, en piqué, sur sa proie.
[Aujourd’hui], la guerre fait rage en Ukraine, depuis l’annexion de la Crimée en février 2014 et le laisser-faire des Occidentaux, face aux combats des séparatistes dans le Donbass où les victimes se comptent par dizaine de milliers depuis la même date. Alors, que vaut un drapeau ukrainien en Belgique, arboré aux fenêtres et aux balcons le 24 août 2023, jour de la Fête nationale de l’Ukraine ?
Clamons notre soutien
En faisons-nous assez pour la défense de l’Ukraine ? L’opinion publique belge, voire européenne, paraît se lasser de cette guerre qui dure et qui ne nous touche pas d’assez près.
Et pourtant, les similitudes avec les premières heures de la Belgique Indépendante nous interpellent.
En 1830, nous supportions mal un régime inégalitaire étranger et nous avons connu une insurrection populaire, les “journées de septembre”, une invasion répressive à Louvain, des combats de rue à Bruxelles, des régions (bassins sidérurgiques mosans et textiles verviétois et gantois) dont les intérêts économiques et les dirigeants d’industrie orangistes (Cockerill, Orban) penchaient en faveur du Roi Guillaume I. Nous avons été sous la menace d’un corps expéditionnaire russe levé par le Tsar Nicolas I pour rétablir l’autorité de son beau-frère sur nos provinces révoltées. Une insurrection polonaise, en novembre, y fit obstacle, en toute dernière minute, et nous épargna une occupation et une répression sanglante.
Ce sont, de nos jours, la contestation de Maidan, la bataille de Kyiv, les régions séparatistes du Donbass, l’opération militaire spéciale du 24 février 2022.
Un drapeau ukrainien à notre fenêtre, à nos balcons, le 24 août c’est montrer davantage encore le soutien que nous voulons apporter à la paix à nos frontières. À défaut de drapeaux, les couleurs bleu et jaune bien visibles de ballons, de rubans ou d’étoffes.
C’est au sein de l’Association des Descendants des Membres du Congrès national de Belgique 1830 qu’est née l’initiative d’une campagne de sensibilisation de l’opinion publique belge, Fête nationale ukrainienne le 24 août. Elle est adressée aux autorités fédérales et provinciales que nous avons pu joindre et à qui nous avons suggéré de célébrer l’événement (illumination d’un édifice aux couleurs de l’Ukraine, drapeaux ukrainiens). Elle est adressée en priorité aussi aux communes à qui nous avons proposé plusieurs actions de large communication et principalement un lâcher de ballons symbolique (un bleu, un jaune) partout à la même heure, 16 heures. Cette cérémonie y associe leurs habitants, les mouvements de jeunesse, les bénévoles qui se dévouent déjà pour les réfugiés, et les réfugiés eux-mêmes.
Et pourquoi pas, vous et moi, et toute personne qui sait que la paix et la liberté se méritent.
Clamons qu’il est intolérable, au plus haut degré, que des crimes contre l’humanité aient encore une place en 2023.
Clamons qu’en tous lieux et en toutes circonstances, nous voulons l’éradication des dictatures.