Il y a une salle de prière clandestine au cœur même de l’ULB. On ne peut l'accepter

Aujourd’hui, il faut le constater, une mainmise religieuse s’exerce sur le campus-même.

La statue de Pierre-Théodore Verhaegen sur le campus du Solbosch l'ULB à Bruxelles.
©EdA - Julien Rensonnet

Une opinion de Nadia Geerts, militante laïque et membre du Centre Jean Gol (MR)

La rumeur circulait depuis longtemps : il y aurait une salle de prière clandestine, au cœur même de l’Université Libre de Bruxelles !

On imaginait des étudiants priant furtivement dans un couloir reculé, espérant que personne ne les surprenne. Mais non : c’est en toute tranquillité que, depuis au moins huit ans, des dizaines d’étudiants se réunissent chaque jour pour prier. Les hommes d’abord, les femmes ensuite. Tellement assurés de n’être pas dérangés qu’ils ont entreposé là des caisses de matériel : des vêtements pour les femmes, des tapis, des fiches plastifiées à emprunter, reprenant des invocations à réciter, parmi lesquelles celle qui rappelle à ces étudiants musulmans que “Il n’y a pas de divinité en dehors d’Allah, en Lui rendant un culte pur en dépit des mécréants”.

Les mécréants… Ceux, justement, qui sont à l’origine de la fondation de l’ULB. Non qu’ils aient nécessairement été tous athées, mais leur objectif était clair, alors : former des élites indépendantes du pouvoir de l’Église, développer la liberté de pensée et d’expression, jusque et y compris contre le dogmatisme religieux. “À bas la calotte ! ” ont ainsi chanté à tue-tête quantité d’étudiants ulbistes, pour qui l’Université libre de Bruxelles symbolisait la lutte contre le dogmatisme sous toutes ses formes. Des mécréants donc, puisqu’ils osaient s’éloigner, au nom du libre examen, de la doctrine officielle de l’Église, et plus largement de la mainmise religieuse sur les esprits, revendiquant le droit de penser librement.

Aujourd’hui, il faut le constater, cette mainmise religieuse s’exerce sur le campus-même, “en dépit des mécréants”, mais surtout, sans que nul ne semble s’en émouvoir. Des témoignages le montrent : certains professeurs connaissent l’existence de cet endroit, et il est inimaginable qu’aucun membre du personnel de nettoyage, qu’aucun agent de sécurité, ne se soit jamais demandé ce qu’étaient ces boîtes alignées au sol, ce qu’elles contenaient, ni pourquoi la statue située dans cette pièce était en permanence recouverte d’un drap.

Alors quoi ? Est-il devenu normal, aux yeux de ces témoins, qu’un lieu de prière s’installe dans les murs de l’ULB, de manière parfaitement clandestine, mais au vu de tous ?

Ou est-ce la peur qui incite à ne rien dire ? Car un membre du personnel fait ce constat amer : il y a tant à perdre, et absolument rien à gagner, à dénoncer ces faits.

Reste qu’il fut une époque où ceux qui considéraient les mécréants comme des adversaires dont il faut se préserver de l’influence néfaste ne se seraient jamais inscrits à l’ULB, et où s’ils l’avaient fait, ils auraient été confrontés aux railleries incrédules (dans tous les sens du terme) de leurs condisciples.

Aujourd’hui, c’est en toute tranquillité qu’ils proclament non seulement leur foi islamique, mais aussi leur hostilité envers ceux qui ont fait l’université qui les accueille. Je suppose qu’on appelle ça le progrès.

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