Le "pipigate" est un coup de génie

Comme vous l’avez compris, le “pipigate” n’est rien d’autre qu’un coup de génie de nos services de sécurité ! En effet, il faut être naïf pour croire qu’une mixtion, fût-elle destinée à arroser un véhicule de police, puisse déclencher les réactions que nous avons observées : l’audition à la Chambre d’un ministre, la montée aux barricades des syndicats de police, l’emballement de la presse…

Justice Minister Vincent Van Quickenborne pictured during an early session of the chamber commission for Justice, Thursday 7 September 2023 at the federal parliament in Brussels. The session is organized to discuss incidents of guests urinating against a police van during a birthday party for Justice minister Van Quickenborne.
BELGA PHOTO DIRK WAEM

Un billet d’humeur de Claude Bottamedi, chef de corps à la retraite et sociologue

La CIA, le Mossad et même le MI 6. Tous les services de renseignements étrangers nous envient. Et pour cause. Comme vous l’avez compris, le “pipigate” n’est rien d’autre qu’un coup de génie de nos services de sécurité ! En effet, il faut être naïf pour croire qu’une miction, fût-elle destinée à arroser un véhicule de police, puisse déclencher les réactions que nous avons observées : l’audition à la Chambre d’un ministre, la montée aux barricades des syndicats de police, l’emballement de la presse, etc. Que nenni ! Évidemment, nous l’avons tous compris. Cette “pseudo-affaire” ne peut être qu’une manœuvre qui vise deux objectifs. Mais lesquels me demanderez-vous fébrilement ?

D’abord, stratégie de maître, il s’agit de piéger les membres des organisations criminelles qui en veulent au ministre de la Justice. Comment ? Tout simplement en faisant croire qu’il est protégé par un véhicule de police… vide ! Inimaginable, me direz-vous. Bien évidemment. Il ne fait pas de doute que des gardes du corps sont certainement bien planqués (derrière les haies, sous une “taque” d’égout ? ) et qu’ils attendent le moment opportun pour se jeter sur les malfaiteurs et les mettre hors d’état de nuire. Sans doute mis dans la confidence, ils ne sont pas intervenus pour saisir l’objet de l’infraction. Exprimer prosaïquement, que l’on me pardonne, “ils ont laissé pisser le mérinos”.

Il doit s’agir d’une nouvelle méthode d’investigation dont seule la Belgique a le secret. N’oublions pas qu’Hercule Poirot était belge. Décidément, on n’enlèvera pas notre ministre de la justice aussi facilement (NDLR : Ceci n’est pas une invocation).

Ensuite, il s’agit aussi de détourner l’attention pour agir dans la plus totale discrétion.

Premièrement sur le plan national, pendant que l’on discute du sexe des anges, si j’ose m’exprimer de la sorte, ministres et parlementaires, en coulisse, travaillent durement pour régler les problèmes lourds que doivent supporter leurs concitoyens et les institutions : la crise énergétique ; le climat qui se dérègle inexorablement ; la pauvreté de plus en plus présente et exigeant une réforme fiscale urgente ; une justice habillée de haillons qui “bénéficie” d’une audience permanente à la Cour européenne des droits de l’homme ; les factures impayées de la police fédérale ; le gouffre de la Sécurité sociale, etc. Vous verrez. Quand la tension, ou plutôt l’attention, sera retombée, nous serons surpris par l’abondance des initiatives législatives.

Deuxièmement sur le plan international et grâce à cette “opération”, le FSB et Poutine sont accaparés au point d’en oublier l’Ukraine, ce qui permet à nos autorités d’apporter son appui à Kiev dans la plus grande discrétion.

Un coup de génie, un coup de maître, vous dis-je ! À moins que… À moins qu’il n’en soit rien. Que tout ceci ne vaille rien de plus qu’un pipi de chat. Que tout ce tapage n’ait pas d’autre motivation. Mais alors, pauvres de nous…

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