Pascal Bertho: "L'interdiction des fan-zones, c'est une catastrophe"
" Sans fans-zones, la fête sera complètement gâchée. Personne n’a peur. J’ai déjà vécu combien de telles expériences ravivent l’union entre les Belges. C’est super-important, surtout dans le contexte actuel. Plusieurs participants à nos voyages pour assister aux matches des Belges n’ont pas de billets d’entrée et c’est dans ces endroits qu’ils comptent bien profiter de l’événement, même en dehors des stades."
Publié le 25-05-2016 à 10h58 - Mis à jour le 25-05-2016 à 11h04
Pascal Bertho, président des Diaboulets, un des nombreux clubs de supporters des Diables rouges: "Sans fans-zones, la fête sera complètement gâchée. Personne n’a peur. J’ai déjà vécu combien de telles expériences ravivent l’union entre les Belges. C’est super-important, surtout dans le contexte actuel. Plusieurs participants à nos voyages pour assister aux matches des Belges n’ont pas de billets d’entrée et c’est dans ces endroits qu’ils comptent bien profiter de l’événement, même en dehors des stades."
En quoi est-il important de se retrouver tous ensemble pour encourager les Diables Rouges ?
Pour avoir vécu à plusieurs reprises des déplacements à l’étranger lors de précédentes compétitions, j’ai vécu combien de telles expériences ravivent l’union entre les Belges. Ce que nous ressentons alors est super-important, surtout dans le contexte actuel. Quand nous sommes ensemble, il n’y a pas de Flamands, il n’y a pas de Wallons, on est unis sans aucune connotation linguistique ou communautaire. A l’image des Diables Rouges d’ailleurs.
Les clubs de supporters seraient-ils donc encore plus importants pour les Belges que pour les autres ?
Tout à fait, oui. Même si chaque pays a ses fractures. J’imagine qu’il y a des tensions aussi entre le nord et le sud de l’Italie, ou entre régions françaises rivales. Mais sans doute moins fortes que chez nous où la différence de langue complique tout.
La mise en place des fans-zones où les supporters peuvent justement vivre les matches ensemble même s’ils n’ont pas de billet d’entrée est remise en cause pour l’Euro en France. Comment réagiriez-vous si elles devaient être interdites ?
Ce serait une vraie catastrophe ! Catastrophique, oui : il n’y a pas d’autre mot. Je vais vous donner un exemple qui va vous parler : dans notre car qui partira à Lyon pour assister à Belgique-Italie, il y a dix personnes sur 75 qui n’ont pas d’entrée. Leur motivation, c’est de passer trois jours ensemble et de vivre le match, même en dehors du stade. Sans fans-zone, c’est foutu ! D’autre part, c’est aussi à ces endroits qu’on sympathise avec les supporters venus d’autres pays. Pendant la Coupe du monde de 98 en France, tous les supporters étaient mélangés et c’était vraiment magique !
Comprenez-vous tout de même que, pour des raisons de sécurité, certaines choses ne puissent plus être comme avant ?
Si une telle décision devait être prise pour des raisons de sécurité, cela gâcherait complètement la fête, c’est certain.
Vous parlez d’ambiance entre supporters, mais l’actualité nous montre parfois des images plus violentes qu’amicales, non ?
D’abord, je pense que les médias mettent trop souvent en avant les informations négatives ou sensationnelles. Ensuite, je peux vous assurer que je n’ai jamais assisté à des bagarres entre supporters à l’occasion de rencontres entre équipes nationales. Je ne peux évidemment pas dire qu’il n’y en a jamais eu, mais pas dans des proportions telles qu’on les voit entre supporters de clubs. Quand ce sont des nations et, en plus, un tournoi international, la mentalité est complètement différente.
A propos de mentalité, avez-vous constaté un changement depuis les attentats ? Vous ou ceux qui vous entourent avez-vous parfois peur ?
Absolument pas. Personne n’a peur. Je n’ai pas eu un seul désistement. Je me rappelle même qu’après les attentats de Paris, un match Belgique-Espagne avait été annulé. A l’époque, nous nous étions rassemblés au club et avions arboré une grande banderole qui disait plus ou moins : "Terroristes, nous n’avons pas peur de vous. Entraînez-vous car nous, nous sommes très bien entraînés à faire la fête."
Le site belgianfootball.be mentionne des dizaines et des dizaines de clubs de supporters de l’équipe nationale belge. Qu’est-ce qui distingue le vôtre ?
Je n’ai aucune prétention. Il y a en effet beaucoup de clubs. Le nôtre, né en 2012, compte aujourd’hui 180 membres. Nous couvrons bien sûr tous les matches des Diables, tant en Belgique qu’à l’étranger, et organisons différents événements. Ce qui nous distingue peut-être serait notre dynamisme et aussi la proximité avec nos membres. Pour l’anecdote, un des sponsors des Diables vient de faire appel à nous pour tourner une publicité. L’idée est de montrer non seulement les joueurs qui se préparent à la compétition mais aussi les supporters. Nous, en l’occurrence.