Fusionner les communes pour faire des économies? (RIPOSTES)
Publié le 01-12-2016 à 13h28 - Mis à jour le 02-12-2016 à 13h51
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Les communes de Meeuwen-Gruitrode et Opglabbeek vont s'unir. Pour leurs bourgmestres, ce sera l'occasion de mettre en place des pratiques innovantes et efficaces. Cet exemple n'inspire pas tout le monde.
Oui
Benny Spreeuwers, bourgmestre d'Opglabbeek (CD&V).
" Je me réjouis que ma commune d’Opglabbeek s’apprête à fusionner volontairement avec la commune voisine, Meeuwen-Gruitrode. Cela nous permettra de continuer à offrir les meilleurs services possibles aux citoyens et aux entreprises, sans devoir faire peser des coûts supplémentaires sur nos concitoyens. En plus, en repartant de zéro, nous pourrons aussi renouveler nos institutions et innover."
Pourquoi votre commune, Opglabbeek, s’apprête-t-elle à fusionner volontairement avec la commune voisine, Meeuwen-Gruitrode ?
Il n’est pas toujours facile pour les petites communes d’assurer leurs tâches, d’autant plus que le rôle des provinces diminue et que la région leur transfère de nouvelles compétences. Même si, en soi, ces nouvelles responsabilités sont de bonnes nouvelles, nos ressources financières restent limitées. Or, pour maintenir la qualité de leurs services actuels, les communes d’Opglabbeek et Meuwen-Gruitrode ne veulent pas faire peser des coûts supplémentaires sur les habitants. Par conséquent, les autorités communales ont décidé d’envisager une fusion.
Outre cet aspect pratique, une telle fusion présente-t-elle d’autres avantages ?
Il est vite apparu que cela présentait au moins trois avantages. Premièrement, la Flandre garantit une reprise de la dette des communes à hauteur de 500 euros par habitants, soit un montant total de 11,5 millions d’euros. Ensuite, nous pourrons continuer à garantir des services efficaces et puissants, tout en nous adaptant aux défis que nous réserve l’avenir. Cette fusion de deux communes fournit en effet une excellente occasion de créer un nouveau modèle d’organisation, avec l’ambition de renouveler nos institutions et d’innover. Comment pouvons-nous utiliser la fonction publique et davantage de ressources financières pour améliorer les services aux citoyens et aux entreprises ? Telle est la question à laquelle s’attaquent désormais de concert les autorités communales. Enfin, cette fusion étant volontaire, elle présente l’avantage de se faire en accord avec la volonté des citoyens.
Est-ce que les deux communes en question ont beaucoup en commun ?
Nous partageons le même dialecte et des perspectives d’avenir florissantes, mais aussi une nature authentique, une certaine sobriété et une mentalité positive. Par ailleurs, nous constatons que nous sommes complémentaires sur bien des points, jusqu’à pouvoir travailler ensemble sur les dossiers qui concernent Duinengordel, la réserve naturelle à Meeuwen-Gruitrode.
Les bourgmestres de ces deux communes sont également issus du même parti, le CD&V…
Peut-être qu’il est en effet plus facile de s’entendre pour deux bourgmestres d’un même parti. Cependant, je ne pense pas que ce soit une condition indispensable pour entamer et mener à bien des pourparlers sincères et raisonnables.
Quelles sont les prochaines étapes jusqu’à la fusion des communes d’Opglabbeek et Meeuwen-Gruitrode ?
Courant 2017, les communes en question approuveront la fusion de manière définitive, suivies un an plus tard par le gouvernement flamand. Le 14 octobre 2018 auront dès lors lieu des élections communales conjointes. Les habitants de Meeuwen-Gruitrode pourront voter pour des candidats d’Opglabbeek et inversement.
Où sera la future maison communale ?
Les deux maisons communales resteront en activité, afin de continuer à assurer un service maximum.
Comment allez-vous choisir un nouveau nom de commune ?
En un mois, nous avons reçu déjà reçu près de 250 propositions. Toutes les parties intéressées peuvent faire connaître leurs suggestions via le site www.fusiemgo.be, par téléphone ou encore lors de divers événements. Et ce jusqu’au 14 février 2017 - oui, le jour de la Saint Valentin. Finalement, nous voulons que ce nouveau nom soit trouvé en collaboration aussi étroite que possible avec les habitants. Nous sommes d’ailleurs encore en train de travailler pour concevoir la meilleure procédure de décision.
Pensez-vous que cette fusion puisse être un exemple ?
Mieux : je suis convaincu que cette fusion peut être un exemple.
Non
Maxime Leonet, bourgmestre de Daverdisse (non apparenté).
" Il faut laisser rester le plus près possible des citoyens et leur permettre de peser sur l’action locale. C’est de la gestion communale que nous souhaitons faire, pas de la politicaille. Et ce n’est pas parce que nous restons près de nos administrés que nous gaspillons. Il y a des économies d’échelle à faire et des politiques que nous ne menons pas seuls (tourisme, culture, intercommunales, zones de police). "
La commune de Daverdisse dont vous êtes le bourgmestre compte 1450 habitants, ce qui en fait la moins peuplée de Wallonie. En Flandre, Meeuwen-Gruitrode (plus de 12 000 habitants) et Opglabbeek (plus de 9 000) viennent de décider de fusionner pour réaliser des économies d’échelle. Pourriez-vous envisager une démarche similaire pour votre commune ?
Non, pour une question de proximité de services. Notre commune est la plus petite en nombre d’habitants, c’est vrai, mais elle s’étale quand même sur une superficie d’environ 5 500 hectares. D’abord, nous ne sommes clairement pas favorables à une fusion avec une autre commune car nous ne voulons pas rallonger les distances. Ensuite, s’il fallait trouver une commune à laquelle s’allier, je ne vois pas laquelle on pourrait prendre. Le plus logique géographiquement, ce serait de nous tourner vers nos voisins de Wellin… Mais quand je vois leur situation financière, cela ne m’intéresse pas…
Quels seraient, selon vous, les critères d’une fusion réussie ?
Pour qu’une fusion soit réussie, il faut qu’elle soit faite entre égaux et ce, que l’on parle de communes ou d’autres choses (d’entreprises par exemple). Alors, trouver une commune similaire à la nôtre, je ne vois pas trop… A part Herbeumont, mais elle n’est pas voisine. Sinon, il ne faut plus parler de fusion mais d’absorption. Vu que nous ne sommes même pas 1 500 habitants, que l’on fusionne avec n’importe quelle commune et nous n’aurons plus rien à dire. Si on arrive et qu’on ne représente même pas 20 % de la nouvelle structure, il est clair qu’on n’aura plus aucun élu et que les leviers décisionnels disparaîtront pour les habitants de notre commune.
Mais quel est le risque ? En quoi l’habitant de Daverdisse est-il tellement différent des habitants des communes voisines ?
Ce n’est pas la question. Le niveau communal est le niveau de pouvoir le plus proche des gens. L’élu local doit conserver une connaissance fine du terrain et des problématiques locales. Et c’est impossible s’il s’en éloigne.
D’accord, mais n’y a-t-il pas de gaspillage à maintenir de multiples petites entités ?
Ce n’est pas parce que nous restons près de nos administrés que nous gaspillons. D’abord, il y a des économies d’échelle à faire au niveau des ALE ou des CPAS par exemple. Puis il y a évidemment des politiques que nous ne pouvons pas mener à notre niveau, comme la politique touristique ou la politique culturelle (nous fonctionnons avec la maison de la Culture Famenne-Ardenne et cela marche très bien ainsi). Au niveau des déchets, il y a les intercommunales, au niveau des zones de police, il y en a une en place aussi. Mais après, il faut laisser aux citoyens le pouvoir de peser sur l’action locale, faute de quoi ils s’intéresseront encore moins à la politique. Or, comme vous le savez, l’image actuelle n’est pas extraordinaire… C’est précisément ce que nous essayons de changer en gardant la main sur la gestion de ce qui est proche des citoyens.
Qu’est-ce qui, justement, est important à gérer à l’échelle communale ?
Tout ce qui est travaux, voiries et bâtiments, pour une question de rapidité de services, l’enseignement, la gestion forestière (car elle représente quand même une grande partie de nos revenus et nous avons plusieurs équipes qui y sont affectées). Il ne faut pas qu’on dilue nos services et nos fonctionnements. Ensuite, tout ce qui est plus politisé se gère à un niveau supérieur. La province de Luxembourg propose un certain nombre d’outils qu’on peut aller chercher. Il ne faut pas que les intérêts politiques prennent le pas sur les intérêts des citoyens. On veut absolument éviter. Ni moi ni aucun membre de mon collège n’avons d’ailleurs de carte de parti. C’est de la gestion communale que nous souhaitons faire, pas de la politicaille.