Voici ce que vous pensez des baptêmes étudiants

L.V.

À l’heure de la rentrée dans l’enseignement supérieur, nous avons débattu avec vous sur LaLibre.be de la traditionnelle question des baptêmes étudiants.

Et votre mobilisation a été spectaculaire! Vous avez été plus de 3000 à partager votre expérience de ce moment particulier.

À une très large majorité (91%), vous êtes favorables à ce que vous considérez comme “le meilleur moyen de se faire des amis pour la vie". Quelques-uns d’entre vous s’expriment à contre-courant et estiment qu'il s'agit plutôt d'une humiliation.

Ceux qui sont favorables aux baptêmes étudiants

Lara, 19 ans : Oui

Le baptême permet de faire plein de rencontres et de se créer un réseau à travers toute l’université (ce qui est très utile, que ce soit pour les cours, pour avoir des renseignements, être au courant de kots qui se libèrent ou de jobs). Il réunit énormément de personnes très différentes, notamment les étudiants en Erasmus qui veulent découvrir le folklore belge. Le baptême apporte beaucoup de valeurs telles que la solidarité et l’entraide : les bleus doivent constamment se dévouer les uns aux autres. Cela apprend également l’auto dérision, ce qui est très important.

Frédéric, 44 ans : Oui

Derrière le folklore, les véritables objectifs des baptêmes estudiantins sont l’intégration des nouveaux étudiants, la mixité sociale (en gommant les différences de milieu socio-économique : tout le monde est sur un pied d’égalité) et la préparation aux situations difficiles et l’apprentissage du travail en groupe. J’étais quelqu’un de très timide, réservé avant mon baptême. Cela m’a permis de m’ouvrir aux autres et de prendre confiance en moi. Cela m’a également donné le sentiment de faire partie d’une grande famille.

Laura, 24 ans : Oui

Je parle de ma propre expérience. Ayant fait des études en France et en Belgique, j’ai pu voir une énorme différence dans le système et dans les liens entre les étudiants. En France nous n’avions qu’un week end d’intégration du fait de l’interdiction des bizutages. Résultat, il n’y avait quasiment aucun lien entre les étudiants, il régnait dans ma fac une certaine individualité. On ne se retrouvait que pour supporter notre faculté lors des compétitions sportives et encore... Je trouve que le baptême en Belgique permet vraiment aux étudiants de tisser des liens, d’avoir un projet commun ce qui crée un rapport de solidarité énorme. J’ai enfin trouvé quelque chose, autre que mes études, dont je pouvais être fière. Je suis fière de ma faculté, de mon cercle, de mon baptême et de tout ce que j’ai pu vivre grâce à cela depuis trois ans.

Thibault, 32 ans : Oui

J’étais complètement opposé au principe du baptême en arrivant à l’unif. Je l’ai fait parce que mon meilleur ami de l’époque m’avait lancé un défi. Il me disait : “tu critiques mais sans l’avoir fait”. Au final, je n’ai aucun regret. J’y ai fait la rencontre de mes deux meilleurs amis. C’était très loin de ce que j’avais entendu et vu à la télé. J’ai peut-être eu la chance de le faire dans un cercle qui respecte les bleus (les bleus regardaient leurs responsables dans les yeux). Le tout était encadré par l’université grâce à une charte.

Mathieu, 24 ans : Oui

Je peux garantir que le baptême n’a rien d’un bizutage vulgaire. Je suis baptisé depuis 2014 et j’entame à l’heure où j’écris ces lignes, ma dernière année de supérieur. Ainsi, vous pouvez constater, il n’est pas impossible de mêler guindaille et étude. De plus, contrairement aux idées qui circulent, nous ne sommes pas des animaux. Pendant la bleusaille, nous faisons de la prévention en ce qui concerne la consommation d’alcool et de drogues. Nous n’excluons pas les étudiants qui ne tentent pas l’expérience. Nous respectons scrupuleusement l’intégrité physique et mentale du bleu. Nous ne le touchons pas et il est libre de partir quand il veut. Bref, je suis entièrement pour.

Mateusz, 26 ans : Oui

Je pense que la bleusaille permet de sortir l’étudiant du cocon familial dans lequel il a été baigné. Elle le met face à des situations où il n’a plus de support parental : accoster des inconnus, oser faire ce qu’il n’osait pas auparavant, gérer une situation où il doit trouver le moyen d’être le plus “politiquement correct” face à ses “supérieurs”. La bleusaille est un exercice de la vie active, avec sa pression, ses supérieurs injustes et ce, sans le support parental tant apprécié. C’est le premier pas de l’étudiant vers l’indépendance. Les clefs lui sont offertes, à lui de les utiliser à bon escient. La seule différence avec la vie active est l’offre du baptême : un cercle où se détendre, expliquer chaque acte en fin de soirée et d’initier au folklore, qui peut se perpétuer des années après les études.

Meryl, 28 ans : Oui

Tant que le baptême se fonde sur un choix personnel et est encadré par certaines règles émises par l’université, comme c’est le cas à l’UCL. Je ne vois aucune raison d’y être opposé. C’est un choix et chacun est libre de le faire ou non. En arrivant à l’université, je n’avais pas spécialement besoin de me faire d’amis puisque je venais de la région. J’ai cependant voulu faire mon baptême pour découvrir la réalité derrière ce mythe. Dix ans plus tard, je ne le regrette toujours pas. C’était une expérience qui n’était pas tous les jours facile, mais fondamentalement drôle et humaine. Ça reste donc un souvenir très positif !

Ali, 23 ans : Oui

Contrairement à tout ce qu’on entend partout, le baptême a été pour moi grandement positif. C’est un moment où on en apprend énormément sur nous-même. Je n’ai jamais eu l’occasion de faire les scouts.. Le baptême s’y apparente. On développe beaucoup de valeurs, on prend confiance en soi, on apprend à être solidaire, à avoir de l’auto dérision. Ces valeurs de groupe ont pour moi été une réelle découverte. Rien de terrible, on est obligé de rien. Il faut garder à l’esprit que ce n’est qu’un jeu, quelque chose de temporaire et rester solidaire avec ses co-bleus. (la solidarité est un des points du baptême, lorsqu’on s’intègre bien, on ne voit même pas le baptême passer) Lors des périodes de blocus par exemple, on se réunit tous ensemble dans des salles d’étude. On fait tous plus ou moins les mêmes études dans mon cercle et cela est réellement un avantage pour les notes, les synthèses, des explications, ...Grâce au baptême, j’ai réussi à avoir une vie universitaire complète. J’ai réussi mes études d’une seule traite (non ce n’est pas parce qu’on fait son baptême qu’on rate.) et j’ai eu la chance de m’amuser, rencontrer pleins de personnes incroyables dans mon cercle, mais également dans d’autres associations.

Stéfanie, 38 ans : Oui

Parce que c’est un communauté bon enfant, cultivée et on qu’on y fait des rencontres qu’on peut garder pour toute une vie. J’ai 38 ans et je suis toujours amie (proche) avec des personnes que j’ai connues via le baptême. Ces personnes sont respectables et certaines sont même reconnue dans la société civile. Je garde une douce nostalgie de cette période de rire et d’évolution vers la vie adulte. J’ajoute que l’autodérision n’a jamais fait de mal à personne et que certains feraient bien de faire leur baptême pour se rappeler que peu importe qui ils sont, ils ne valent pas plus ou moins que les autres pour autant. C’est aussi ça le baptême, une communauté qui met tout le monde sur le même pied et où chacun trouve ça place.

Céline, 22ans : Oui

Je m’exprime ici uniquement pour le baptême de l’UCL car je ne connais pas assez bien les autres. Le baptême est certes une période où les bleus sont menés à mal par les comitards mais il s’agit là d’une sorte de rite d’initiation, tout comme on en retrouve depuis des millénaires dans de nombreuses civilisations ou même aux scouts de nos jours. Les bleus sont poussés hors de leur zone de confort pour se dépasser, apprendre à se moquer de ce qu’on pense d’eux et surtout aller vers leurs cobleus afin de tisser des liens d’amitiés forts et durables. Dès leur acceuil, on leur enseigne les piliers du baptême qui sont l’entraide, l’humour et l’autodérision. Cela fait maintenant quatre ans que je suis baptisée et je ne le regrette pas. J’en suis même nostalgique. C’est sur que certains en ont une mauvaise expérience car il faut savoir prendre sur soi pendant trois semaines mais au final, qu’est-ce que trois semaines représentent sur nos cinq ans d’études ? C’est une courte période à passer pour ensuite faire partie d’un cercle. Les gens oublient souvent cette deuxième partie qui fait la majorité de l’expérience. En effet, lorsqu’on débarque seul à l’unif, le cercle peut devenir une deuxième famille et permet de se lancer bénévolement dans un projet servant à développer l’animation qui bénéficie à l’ensemble des étudiants du site.

Pierre, 59 ans : Oui

Le baptême, comme toute expérience dans la vie, permet de faire évoluer et souvent grandir la personne qui y participe. Il faut savoir en retirer le bon, ce que certains ne parviennent pas à faire. C’est un jeu avec des règles et on y adhère ou pas mais toujours de façon volontaire. Comme souvent dans les rites d’initiation, il faut pouvoir décoder le degré zéro de l’activité et le message distillé au deuxième degré. (Très) Ancien étudiant, il y a 38 ans que j’ai été baptisé et encore aujourd’hui, je suis fier et heureux d’avoir passé cette bleusaille. Je me suis ensuite impliqué dans le comité de cercle et le comité des baptême où j’ai été comitard, vice-président et président. J’y ai trouvé des amis que je revois encore régulièrement et d’autres avec qui je continue de guindailler tous les mois. Autodérision, esprit critique, amusement, amitié, appartenance à un cercle, à une une université ou à une corporation (ingénieur, médecin, avocat, ...), c’est tout ça le baptême et surtout après le baptême. Pendant le baptême et après , on n’est jamais seul sauf si on le veut bien comme dans la vie de tous les jours. Etre baptisé, c’est aussi parfois la clé pour entrer en contact avec d’autres personnes professionnellement ou pour des aspects de la vie privée. J’ai besoin d’un avocat et je n’en connais pas, j’ai certainement un ami qui pourra me conseiller l’un ou l’autre baptisé. On se connait par personne interposée, après à chacun de continuer ou non. Aujourd’hui à 58 ans , je ne regrette rien et je referais le même parcours. Ma fille s’est également fait baptiser. Elle a suivi le même parcours et elle a participé pendant plusieurs années au comité de baptême. Ma fille et moi-même sommes également tous les deux dans des ordres de guindaille, ce qui est la prolongation de la vie estudiantine. Nous avons été tous les deux Grand-Maitre dans nos ordres respectifs. Il y a parfois des dérapages mais ceux-ci sont souvent exagérés ou montés en épingles pour justifier les aspects négatifs de la bleusaille. je réprouve bien entendu toutes les exagérations, dérapages ou dérives à l’esprit de baptême mais chacun est libre d’arrêter quand bon lui semble.

De belles amitiés sont nées

Inès, 21 ans : Oui

J’ai rencontré un super groupe d’amis lors de mon baptême, ce sont maintenant mes amis pour la vie ! Les activités sont pour la plupart tres chouettes, et nous etions parfaitement conscients de ce dans quoi nous nous engagions en nous lancant dans le bapteme. On sait qu’a tout moment on peut dire stop! Mais rien a faire, se retrouver dans des situations totalement incongrues avec des inconnus permet de tisser des liens tres fort ! Je dirais donc que je suis pour le bapteme etudiant pour les amis que l’on peut s’y faire, des amis qui font les memes etudes que nous; nous avons besoin de trouver des semblables et le bapteme est un excellent moyen pour faire des nouvelles rencontres avec des gens un minimum ouverts d’esprit et qui aiment faire la fete ! Je n’ai pas eu à baisser les yeux ou à vouvoyer mes comitards. Au contraire, nous faisions la fete tous ensemble ! Evidemment, il y avait les gueule en terre, mais le bapteme aprend la solidarité et on est jamais jamais jamais seul à devoir se mettre get, ce qui rend le geste tellement marrant au final! Il y avaient 2 soirees un peu « dures » et c’est tout, le reste c’etaient des tours des cercles, des jeux, des soirees piscine, decouverte des cercles de woluwé,... et tout cela dans une super ambiance ! Alors bien sur, on est des « bleus », on est « betes » mais ca fait partie du jeu et on sait pourquoi on signe

Antoine, 19 ans : Oui

J'en retire une super expérience, sur le moment certes ce n'est pas chouette mais par après on se fait des amis pour la vie. On a vécu des moments difficiles ensemble, forcément ça rapproche. Puis à la fin des activités de baptême, les bleus chez nous sont nos amis et nous ne les traitons plus comme des sous-m*****. On boit des chopes avec eux (pas en activité mais après et ce n'est pas obligatoire)

Véronique, 38 ans : Oui

C'est un moyen fantastique de se faire en quelques semaines des amis pour la vie. J'ai été l'intello de la classe jusqu'à mon arrivée à l'unification. Plutôt réservée au premier abord, je le serais restée sans le baptême.

Maureen, 29 ans : Oui

Je l'ai fait et je crois que ça a changé ma vie. Grâce à cela, j ai rencontré mon mari et je m'y suis fait des amis pour la vie (aussi bien qui ont fait leur baptême avec moi mais aussi ceux qui m ont baptisé et de ceux que j ai baptisé par après).

Et l'alcool?

Florine, 18 ans : Oui

La bleusaille et le baptême estudiantin font partie d'un folklore mis en place il y a des années. Les règles ont évolué au fur et à mesure du temps, afin que l'intégrité humaine ne soit plus menacée. Par exemple, l'alcool est interdit (en dehors de la royauté, qui peut se faire à l'eau d'ailleurs). Comme partout, il peut y avoir un abus, mais les comitards sont là pour encadrer et n'hésiteront pas à sanctionner le fautif, même s'il s'agit d'un baptisé.

Sacha, 28 ans : Oui

C'est un choix libre à chacun. Je pense que les personnes qui sont contre sont des personnes frustrées, qui aimeraient également que les étudiants n'aient pas le droit de boire d'alcool fort, de sortir après 1h ect, sans doute parce que ces mêmes personnes n'ont pas eu l'occasion ou simplement l'envie de le faire lorsqu'elles en ont eu l'opportunité. Je pense que ces personnes devraient vivre leur vie comme elles l'ont choisie et laisser les autres vivent leur vie comme ils en ont envie.

Lou, 21 ans : Non

C’est avant tout des semaines d’humiliation. En arrivant à l´université, on essaie de nous faire croire que si on ne fait pas le baptême, on ne s´intégrera jamais. Je suis profondément dérangée par le fait que les gens jouent sur la crédulité et le stress des premières pour recruter les bleus. Les histoires qui tournent mal et les problèmes avec l’alcool sont également monnaie courante.

Ceux qui y sont opposés

Nicolas, 36 ans : Non

Les baptêmes ? Je n’y vois que de l’humiliation. Il serait nécessaire de passer par là pour s’intégrer à un groupe et ne pas se retrouver seul à l’université. C’est tout à fait faux. Il y a facilement moyen de se faire des amis autrement… Par ailleurs, dans mon année comme dans celles de tous mes amis avec qui j’ai pu en discuter, il y avait un lien statistique direct entre le fait de faire son baptême et celui d’échouer lors de ses études. Enfin, les personnes qui ont fait leur baptême ont du mal à s’ouvrir à d’autres rencontres, parfois même en Master. Ils sont enfermés dans leur cercle estudiantin avec les obligations qui y sont liées : tenir le bar, faire les sandwichs, préparer les soirées, les revues, etc.

Thomas, 20 ans : Non

Nous avons d’autres moyens de présenter le folklore et les traditions belges que par le baptême. Ce dernier ne contribue qu’à se ridiculiser devant nos pays voisins. Là où les universités sont des lieux de réflexion, d’avancée, de prouesse, en Belgique francophone je ne constate que des lieux de débauche avec des préservatifs qui traînent par terre. Il suffit de taper “ULB étudiants” sur Google Images pour avoir un aperçu de la vie étudiante belge, que j’estime vulgaire, acculturée et sans réflexion. J’ai vécu le baptême parce que je suis curieux de tout et que mes parents m’y ont poussé. Quelle stupidité ! J’ai réalisé toutes les épreuves proposées lors des activités Je n’aime pas spécialement boire, mais dès la première épreuve, les canettes étaient forcées dans ma bouche. On me promettait de la bière remplacée par de l’urine si je refusais de boire davantage. C’était plus simple avec la bière…

Paul, 61 ans : Non

Je suis résolument opposé aux baptêmes ! Ayant participé à ce que beaucoup considèrent comme le “graal” des baptêmes, c’est-à-dire, celui de médecine vétérinaire à Cureghem, je m’estime autorisé à pouvoir en parler de façon experte. Ces manifestations violentes permettent à des personnalités faibles, ou pas encore formées ainsi qu’à des déviants psychologiques de laisser libre cours à des instincts bas et vils qui ne devraient plus exister dans une société progressiste et avancée. Au risque de choquer plus d’un par une analogie excessive : je trouve que ces pratiques sont du même acabit que celles qui ont cours dans des régimes totalitaires ! C’est selon moi une excuse pour boire.

Damien, 20 ans : Non

Je suis contre le baptême étudiant tel qu'il se décline aujourd'hui dans la plupart des universités. Plutôt que d'être la perpétuation d'un folklore en perdition, il promeut l'alcool sans envie et l'humiliation librement consentie. Honnêtement, je trouve le baptême symptomatique d'un mal qui n'est pas endémique du milieu estudiantin ; l'effort est passé d'un moyen à une fin. Plutôt que de prendre le temps, d'avoir le courage d'essayer de trouver une façon constructive et ludique (l'alcool peut sans problème y être associé) d'intégrer les nouveaux arrivants, les baptisés choisissent la manière la plus facile et la plus efficace sur le court terme, la plus "rentable", c'est à dire humilier et apprendre à aimer l'humiliation, à en redemander. Quand on apprend à des jeunes qu'"humiliation" peut cohabiter sereinement dans un esprit avec "jeu", "amusement", c'est malsain. Mais après tout, si à l'université même on apprend à des étudiants qu' avaler des bouquins de 2000 pages en quelques semaines, qu'étudier 10h par jour, que de travailler à s'en faire mal, que de pleurer de désespoir durant une session d'examen c'est normal, comment espérer que l'exemple donné par l'élite intellectuelle ne soit pas reproduit dans les activités parauniveristaires ?

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