Crucke : "Nous avons dans notre manche une arme qu'il ne faut surtout pas que Skeyes sous-estime"
Publié le 03-04-2019 à 17h35 - Mis à jour le 04-04-2019 à 10h19
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La dernière fermeture en date de l'espace aérien belge, dans la nuit de dimanche à lundi, a fait sortir du bois Jean-Luc Crucke (MR), ministre wallon des aéroports. Il plaide désormais pour une "ouverture" du système actuel qui voit Skeyes, entreprise publique du contrôle aérien, confrontée à des crises à répétition. Interview.
Vous avez récemment déclaré que "La Suède et l'Angleterre passent par un appel au marché pour contrôler leur ciel". Désengager le fédéral du contrôle aérien peut-il régler les crises sociales à répétition chez Skeyes ?
En rien, car ce conflit social est celui d'un prestataire de service dont la Wallonie est le client. Or moi je n'ai pas à me mêler du conflit social au sein d'un prestataire de service. Par contre je me permets de lui rappeler qu'on paye huit millions d'euros par an et que sont investis, en termes de matériel, trois millions d'euros par an. Pour ces dépenses, j'estime qu'on a droit à un service qui est une obligation de résultats. Par contre, dans un cahier des charges qui pourrait être rédigé – cela se fait ailleurs – en Suède, en Grande-Bretagne on pourrait ouvrir ce service. J'ai donc demandé une étude juridique car en ce qui concerne l'aérien, cela relève des compétences fédérales et non wallonnes.
Comment convaincre Skeyes, dans ce cas, de revoir son cahier des charges ?
Nous avons dans notre manche une arme qu'il ne faut surtout pas que Skeyes sous-estime : c'est le contrat de gestion qui doit être re-signé pour le premier juillet. Clairement je dis que, dans ce contrat, il y a deux clauses qui doivent être revues et sur lesquelles on débat encore :
1. Le service minimum, qui existe déjà mais pour des problèmes qui concernent des aéronefs en difficulté ou en cas de vol humanitaire. Je dis qu'il faut aller plus loin.
2. La sanction. Dans l'actuel contrat de gestion, le principe de la sanction est à ce point général que finalement, on ne peut pas s'en servir. Hé bien je dis qu'il faudra être plus précis qu'avant ! Moi, je ne peux pas expliquer à une compagnie qu'on leur garantit l'ouverture du ciel aérien 7j/7 et se retrouver devant ce type d'inconvénient...
Justement, le fait que Liège Airport soit très tourné vers des activités de fret, notamment de nuit, avec de grosses compagnies comme FedEx ou Qatar Airways, ne met-il pas déjà une pression énorme sur les épaules de Skeyes ?
Mais ça, ce n'est pas mon problème, c'est celui de Skeyes. Ces opérateurs ne sont pas nouveaux, et Alibaba n'est pas encore là, même si tout est signé. Il n'y a donc pas encore de marge de travail supplémentaire. Le vrai problème date de 2010, quand ils n'ont pas engagé de personnel, et en particulier les francophones. Et même s'ils ont procédé à des engagements, ceux-ci nécessitent une formation de deux ans... mais une fois de plus, ce n'est pas le problème du client qu'est la Wallonie. Nous devons avoir un service de qualité pour le prix que nous payons.