Syrie: Assad admet avoir reçu des missiles russes, les efforts de paix dans l'impasse

AFP
Photo du président syrien Bachar al-Assad fournie le 18 mai 2013 par l'agence Sana

Le président syrien Bachar al-Assad a admis implicitement avoir reçu de son allié russe des systèmes sophistiqués de défense anti-aérienne dans une déclaration publiée jeudi, une mesure qui vise à dissuader toute intervention étrangère dans la guerre en Syrie.

La Maison Blanche a affirmé que fournir davantage d'armes à Bachar al-Assad ne ferait "que prolonger la violence" en Syrie et "provoquer une déstabilisation de la région".

Dans un nouveau coup porté à l'organisation d'une conférence internationale de paix par Washington et Moscou, l'opposition syrienne a, au bout d'une semaine d'âpres tractations à Istanbul, exclut sa participation tant que "des militants iraniens et du Hezbollah (libanais) envahissent la Syrie".

Cette conférence dite de "Genève-2", à laquelle le régime a donné son accord de principe, vise à réunir opposition et pouvoir pour tenter de trouver une solution politique au conflit qui en 27 mois a fait plus de 94.000 morts et poussé à la fuite plus de 5 millions de Syriens.

Une réunion préparatoire à la Conférence aura lieu le 5 juin à Genève, selon un communiqué de l'ONU publié jeudi soir à Genève.

Interrogé par Al-Manar, la télévision du Hezbollah, sur la livraison des missiles sol-air promis par Moscou, M. Assad a répondu: "tous les accords passés avec la Russie seront honorés et une partie l'a déjà été dernièrement".

Au cours de cette interview, M. Assad a également déclaré qu'il serait candidat à l'élection présidentielle de 2014 si le peuple le voulait.

L'intégralité de l'interview doit être diffusée en soirée.

Des tanks de l'armée syrienne prennent position près de la ville de Qousseir le 25 mai 2013

Déclenchée en mars 2011 par une révolte populaire qui s'est militarisée face à la répression, la guerre oppose l'armée à une rébellion hétéroclite composée de déserteurs, de civils ayant pris les armes et d'étrangers jihadistes.

Les combattants du puissant mouvement armé libanais du Hezbollah, un allié indéfectible de M. Assad, prennent part aux combats aux côtés de l'armée dans la ville stratégique de Qousseir (centre-ouest), proche de la frontière libanaise, reprise à 80% par les troupes loyalistes.

Appel à l'aide

Soldats et combattants du Hezbollah se préparent à y attaquer la dernière poche rebelle, alors que l'opposition a lancé un appel "urgent" à la communauté internationale pour sauver "plus de 1.000 civils blessés" piégés dans la ville.

"La ville manque totalement de médecins, de personnel soignant et de kits d'aide de première urgence", a ajouté dans un communiqué la Coalition de l'opposition.

La télévision syrienne a annoncé la prise du secteur d'Arjoune, une des derniers places fortes de la rébellion dans le nord de Qousseir, réduisant quasiment à néant les chances des combattants de pourvoir s'échapper sans être tués ou capturés.

Des missiles russes sol-air S-300 sont déployés en 1996 sur un terrain d'entraînement en Russie

Le contrôle de Qousseir, cible d'un assaut lancé le 19 mai par l'armée et le Hezbollah, est essentiel pour la rébellion car la ville se trouve sur le principal point de passage des combattants et des armes de et vers le Liban, et pour le pouvoir car elle relie Damas au littoral, sa base arrière.

La confirmation de la livraison de missiles russes S-300 pourrait encore faire monter la tension dans la région où une contagion du conflit est redoutée par les observateurs.

Le vice-ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Riabkov a justifié mardi leur livraison prévue en estimant qu'ils visaient à dissuader toute velléité d'intervention extérieure dans le conflit. Selon le Wall Street Journal, l'accord de vente des missiles remonte à 2010.

Ces missiles ultra-modernes peuvent détruire des avions ou des missiles guidés, et selon le ministre israélien des Affaires stratégiques Youval Steinitz, ils peuvent atteindre des avions au-dessus du principal aéroport israélien.

Néanmoins, Israël a dit qu'il ne voulait pas provoquer "d'escalade" avec la Syrie mais ne permettrait pas le transfert d'armes "stratégiques" au Hezbollah, sa bête noire.

L'Etat hébreu a mené début mai deux raids aériens sur des cibles militaires près de Damas, disant vouloir empêcher un transfert d'armes au Hezbollah.

Impasse des efforts de paix

Alors que la guerre continue de faire rage sur de nombreux fronts en Syrie tuant des dizaines de personnes tous les jours, Russes et Américains ne parviennent toujours pas à mettre sur les rails leur projet de conférence internationale de paix qu'ils cherchent à organiser en juin à Genève.

Le nouveau couac est venu de l'opposition qui, malgré ses divisions, a annoncé avoir convenu de ne "prendre part à aucune conférence internationale ou à aucun autre effort du genre tant que les militants de l'Iran et du Hezbollah envahissent la Syrie", selon une déclaration de son chef par intérim George Sabra.

Pour lui, "à la lumière de la sauvagerie (ndlr, à Qousseir), toute discussion sur une conférence internationale ou un règlement politique en Syrie relève d'un bavardage insignifiant".

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