Algérie: les neuf "fils de la Toussaint"
- Publié le 31-10-2014 à 20h46
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La guerre d'indépendance de l'Algérie fut déclenchée par neuf chefs, "les fils de la Toussaint" dont un seul, Hocine Aït Ahmed, est encore en vie.
Six d'entre eux ont connu un sort tragique, tués au combat ou assassinés après l'indépendance. Deux autres sont décédés de mort naturelle, Rabah Bitat en 2000 et le premier président de l'Algérie indépendante, Ahmed Ben Bella, le 11 avril 2012 à l'âge de 95 ans.
- Hocine Aït Ahmed, âgé de 88 ans, plus vieil opposant au régime algérien:
Il fonde en 1963, le Front des forces socialistes (FFS) et pris les armes dans un maquis en Kabylie. Arrêté, il est condamné à mort puis gracié par le président Ben Bella, son ancien compagnon de détention avec lequel il a passé six ans emprisonné après leur arrestation, en 1956, avec trois autres chefs du FLN, dans un avion marocain détourné vers Alger par l'armée française.
Il réussit à s'évader et à quitter l'Algérie en 1966, mais y revient en 1989, avant de repartir vers un exil volontaire en Suisse. De retour en 1999, il brigue un mandat présidentiel à l'élection d'avril, remportée par Abdelaziz Bouteflika. Après avoir dénoncé une fraude, il est victime d'un malaise cardiaque et repart en Suisse, où il vit toujours.
- Rabah Bitat, décédé après une "longue maladie" en 2000 à l'âge de 75 ans:
Responsable du Front de libération nationale (FLN) de l'Algérois, il est arrêté en 1955 et détenu en France jusqu'à l'indépendance. Vice-président du Gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA), il s'oppose, après l'indépendance au président Ahmed Ben Bella.
Ministre dans le premier gouvernement du colonel Boumediène, après le coup d'Etat de juin 1965, il devient président de la première Assemblée nationale en 1977.
Il en démissionne en 1990 et se retire peu à peu de la vie publique après la fin du règne du parti unique du FLN et l'instauration du multipartisme en 1989 dans le sillage des émeutes sanglantes d'octobre 1988.
- Ahmed Ben Bella, premier président de l'Algérie indépendante en 1963:
Né à Maghnia (ouest) dans une famille de paysans originaires du Maroc, il a été sergent des tirailleurs algériens et adjudant des Thabors marocains, et décoré par le général de Gaulle en 1944.

Après avoir passé six ans dans des prisons françaises, il en passe quatorze dans les geôles de son pays, après avoir été renversé en 1965 par son ministre de la Défense, Houari Boumediène, qui dirigera l'Algérie d'une main de fer jusqu'à sa mort en 1978.
Libéré par le président Chadli Bendjedid en 1979 et autorisé à quitter le pays, il fonde le Mouvement pour la démocratie en Algérie (MDA), où il rentre en 1990.
Mais il repart en 1992 après l'assassinat du président Mohamed Boudiaf. En 2007, il devient le président du Groupe des sages de l'Union africaine, chargée de la prévention et de la gestion des conflits en Afrique. Le 11 avril 2012, il meurt à son domicile d'Alger. Son pays lui organise des funérailles nationales.
Six autres "historiques" ont connu un destin tragique.
- Mohamed Boudiaf, est assassiné en juin 1992, après avoir été président quelques mois. Connu pour son patriotisme, il avait été vice-président du GPRA et chargé des liaisons entre les maquis et le FLN au Caire.
Emprisonné en France avec Ben Bella et Aït Ahmed, il s'oppose à Ben Bella dès l'indépendance, fonde le Parti de la révolution socialiste (PRS) et s'exile au Maroc.
- Belkacem Krim a été assassiné en 1970 à Francfort (Allemagne), où il vivait en exil après être entré en dissidence avec le régime algérien. Il avait créé le Mouvement pour la démocratie et le renouveau en Algérie (MDRA).
Vice-président du GPRA, il est l'un des signataires des accords d'Evian en mars 1962. Il a été réhabilité en 1993.
- Mohamed Khider a été assassiné en 1967 à Madrid où il s'était exilé dès 1963 après avoir emporté le "trésor de guerre du FLN". Oublié de l'histoire officielle, sa mémoire n'a jamais été réhabilitée.
Trois des fils de la Toussaint sont considérés comme "chahid" (martyrs).
- Mourad Didouche, le stratège du 1er novembre, tué en 1955 lors d'un accrochage avec l'armée française dans la région de Constantine (est).
- Mostefa Ben Boulaïd, chef charismatique et prestigieux des premiers maquis, tué en 1956 dans les Aurès, selon la version officielle par l'explosion d'un poste de radio piégé parachuté par les services de renseignements français.
- Larbi Ben M'hidi, le plus brillant et le plus connu des têtes pensantes du FLN, a été arrêté par les parachutistes français en pleine "bataille d'Alger" en 1957 et exécuté sommairement.
Les autorités françaises avaient prétendu qu'il s'était suicidé mais le général français Paul Aussaresses, l'un des acteurs de cette bataille d'Alger, a reconnu son exécution dans ses mémoires.
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