Colombie: le président Juan Manuel Santos, fer de lance de la paix
- Publié le 24-09-2015 à 07h18
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Juan Manuel Santos, qui dirige la Colombie depuis plus de cinq ans, s'est peu à peu imposé comme le fer de lance de la paix dans ce pays déchiré depuis plus d'un demi-siècle par le plus vieux conflit armé d'Amérique latine.
"La paix est proche", s'est réjoui le président colombien mercredi avant même d'aller rencontrer à La Havane le chef des Farc Timoleon Jimenez, dit "Timochenko", pour la première fois depuis le début des pourparlers, il y a près de trois ans, avec la principale guérilla du pays.
Quand il était ministre de la Défense (2006-2009), Juan Manuel Santos avait pourtant dirigé la plus féroce offensive jamais lancée contre les Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc, marxistes), fondées en 1964 et qui comptent encore à ce jour quelque 7.000 guérilleros.
Mais une fois élu en 2010, puis réélu en 2014, ce dirigeant de centre-droit au tempérament réfléchi s'est de plus en plus ouvertement affiché comme un partisan déterminé de la paix. Symboliquement, il arbore au revers de sa veste une minuscule colombe, un pin's de métal qu'il aime à offrir à ses visiteurs.
Libéral formé à la London School of Economics, M. Santos, 64 ans, s'est juré d'en finir avec une guerre qui mine humainement et économiquement son pays, pourtant la plus ancienne démocratie latino-américaine, épargnée par les coups d'Etat un temps coutumiers de la région.
- De l'offensive acharnée à la main tendue -
"Ce dont la Colombie a le plus besoin, c'est de vivre en paix, cela fait 50 ans que nous nous entretuons entre frères", avait-il affirmé lors d'un entretien à l'AFP peu avant sa réélection.
Au fil des décennies, ce conflit complexe - qui a fait au moins 220.000 morts et plus de six millions de déplacés - a opposé guérillas d'extrême gauche, paramilitaires d'extrême droite, forces armées et cartels de la cocaïne, dont la Colombie est le premier producteur mondial.
Des pans entiers du territoire restent truffés de mines anti-personnel, qui ces 15 dernières années ont tué 2.000 personnes et en ont estropié 9.000 autres, faisant de ce pays de jungles et de montagnes le plus touché par ce fléau après l'Afghanistan.
Et M. Santos entend bien avancer sur le chemin d'une paix globale. Son gouvernement a ainsi pris des "contacts exploratoires" avec l'Armée de libération nationale (ELN), en vue de pourparlers avec cette autre guérilla de 2.500 hommes.
Issu d'un milieu influent - son grand-oncle fut chef de l'Etat et patron du quotidien El Tiempo - ce père de trois enfants a enchaîné les ministères. Mais c'est à la Défense qu'il s'impose par une lutte sans merci contre les guérilleros, sous la férule de son prédécesseur conservateur Alvaro Uribe.
A son actif, l'élimination en 2008 du numéro deux des FARC et la libération de l'otage franco-colombienne Ingrid Betancourt. Puis c'est le chef militaire de la guérilla, Jorge Briceño, qui tombe en 2010, et son chef suprême Alfonso Cano l'année suivante.
En parallèle toutefois, le gouvernement établit des contacts avec la guérilla car, selon Mauricio Rodriguez, plus proche conseiller du président, "la paix est son objectif". "Il a fait la guerre comme un moyen pour y arriver: affaiblir les Farc pour les obliger à s'asseoir à la table du dialogue."
Cette détermination n'a toutefois pas valu que des éloges à Juan Manuel Santos. Alvaro Uribe, qui fut pourtant son mentor, est allé jusqu'à lui reprocher de "trahir la patrie".
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