Le Sri Lanka veut vendre SriLankan Airlines, mais qui voudra la racheter ?

Les candidats pour le rachat de la compagnie aérienne SriLankan Airlines, déficitaire et traînant une très lourde dette, risque de ne pas se bousculer au portillon.

In this picture taken on September 29, 2022, SriLankan Airlines CEO Richard Nuttall speaks during an interview with AFP in Colombo. - Dozens of state-owned Sri Lankan companies employing tens of thousands of people could be downsized or closed as part of an IMF bailout of the bankrupt country, with the country's airline top of the list for reform. (Photo by Ishara S. KODIKARA / AFP) / TO GO WITH SriLanka-economy-aviation-privatisation, FOCUS by Amal JAYASINGHE
La compagnie aérienne, qui n'a pas fait de bénéfices depuis 2008, perdait 4,60 euros pour un euro gagné au début de l'année. ©AFP or licensors

Des dizaines d'entreprises publiques sri-lankaises, à commencer par SriLankan Airlines, employant des dizaines de milliers de personnes, risquent la restructuration ou la fermeture dans le cadre du plan de sauvetage du FMI pour redresser l'économie du pays en faillite.

Avec près de 6 000 employés, SriLankan Airlines est la plus grande et la plus coûteuse des entreprises publiques grevant les caisses du pays confronté une crise économique historique. La compagnie aérienne, qui n'a pas fait de bénéfices depuis 2008, perdait 4,60 euros pour un euro gagné au début de l'année, selon les chiffres du Trésor.

"Même ceux qui n'ont jamais mis les pieds dans un avion de SriLankan subventionnent la compagnie aérienne", a déclaré le porte-parole du gouvernement, Manusha Nanayakkara, aux journalistes ce mois-ci, "nous ne pouvons pas continuer comme ça".

L'île d'Asie du Sud, qui a fait défaut sur sa dette extérieure de 51 milliards de dollars à la mi-avril, est dans l'attente d'un renflouement de 2,9 milliards de dollars du Fonds monétaire international (FMI). La restructuration de la dette est une condition préalable à l'approbation par le FMI d'un plan de sauvetage. Le pays en proie à une crise historique espérait recevoir l'approbation finale du conseil d'administration du FMI pour assainir ses finances d'ici la mi-décembre.

Copinage et corruption

Mais le président Ranil Wickremesinghe a prévenu le mois dernier qu'elle pourrait être encore retardée. L'aide du FMI est généralement subordonnée à des réformes douloureuses, comme des hausses d'impôts, la suppression de subventions et la privatisation ou la fermeture des entreprises publiques peu performantes.

Sur plus de 300 entreprises d'État, de l'agriculture au secteur du pétrole, 52 d'entre elles ont perdu 2,43 milliards d'euros, entre janvier et avril, soit quelque 143 millions d'euros par semaine.

Le sort de SriLankan Airlines est parmi les priorités du gouvernement qui, le mois dernier, a chargé le ministère des Finances de lancer le processus de restructuration, espérant attirer des investissements étrangers. Mais, selon les analystes, il sera extrêmement difficile de trouver une entreprise prête à injecter de l'argent dans la compagnie aérienne en faillite.

En 1998, Emirates avait acheté une participation minoritaire dans le transporteur et repris la gestion, mais il est resté dans le rouge la majeure partie de la décennie suivante. Ce partenariat a été rompu et le directeur général, licencié par le président de l'époque, Mahinda Rajapaksa, en 2008, après que le transporteur a refusé un passe-droit à des membres du clan pressés de quitter Londres.

Mahinda a placé à la tête de SriLankan Airlines des parents et des loyalistes, dont plusieurs sont aujourd'hui accusés de corruption, et la compagnie aérienne a continué de perdre de l'argent. Le dirigeant a même créé une compagnie aérienne publique rivale, portant son nom, se révélant un échec colossal fusionné avec SriLankan, creusant encore ses pertes.

"Nous sommes dans un pays en faillitte"

Les autorités avaient essayé de vendre 49 % de SriLankan en 2017, au moment où le tourisme était en plein essor sur l'île. Malgré ce contexte favorable, la société de capital-investissement TPG avait hésité puis retiré son offre en concluant que l'opération n'était pas viable.

"C'est encore plus difficile maintenant, compte tenu des conditions du marché, rares sont les compagnies aériennes cherchant à investir dans des compagnies aériennes étrangères", a expliqué à l'AFP Brendan Sobie, analyste aéronautique basé à Singapour.

Le président de SriLankan Airlines, Ashok Pathirage, ne se fait pas d'illusion. "Si l'on tente de privatiser l'ensemble, les repreneurs demanderont au gouvernement de prendre la moitié de la dette", a-t-il déclaré à l'AFP. Mais, selon lui, la compagnie aérienne aurait la capacité de régler l'autre moitié en se séparant de ses actifs rentables, notamment de son quasi-monopole sur la restauration et l'assistance au sol à l'aéroport de Colombo.

Les dirigeants syndicaux et les employés sont favorables à une restructuration allant dans ce sens, à condition qu'aucun emploi ne soit supprimé. "La compagnie aérienne perd de l'argent non pas à cause du personnel, mais des baux coûteux et des mauvaises structures financières", a affirmé à l'AFP un membre du personnel de cabine, qui a requis l'anonymat.

Toutefois, l'argument de M. Pathirage peine à convaincre.

L'ancien ministre du Trésor, Eran Wickramaratne, a déclaré à l'AFP que la vente des actifs rentables ferait perdre encore plus d'argent à l'État. Si les autorités ne parviennent pas à trouver un investisseur, estime-t-il, la compagnie aérienne devra être définitivement clouée au sol.

"Nous sommes un pays en faillite", rappelle-t-il, "nous n'avons pas été en mesure d'assurer le service de notre dette, c'est une réalité qui marque les esprits".

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