Malgré l’agitation politique, Tihange 2 ne devrait jamais redémarrer
La phase de la mise à l’arrêt définitif, qui débutera ce mercredi, va s’étaler de 2023 à 2027.
Publié le 31-01-2023 à 17h41 - Mis à jour le 31-01-2023 à 18h14
Cette journée de mardi était très particulière pour les travailleurs de la centrale de Tihange. C’est en effet ce mardi soir, peu avant minuit, que le réacteur numéro 2 doit être définitivement déconnecté du réseau, après quarante années de service.
Pour bon nombre de travailleurs, cette fermeture est chargée en émotions. Néanmoins, techniquement, l’opération est identique à la mise à l’arrêt classique du réacteur, qui intervient à chaque remplacement du combustible usé.
”La grande différence est qu’on ne redémarrera pas le réacteur”, nous explique Antoine Assice, directeur de la centrale de Tihange. La procédure d’arrêt consiste à faire descendre progressivement les barres de contrôle dans le cœur du réacteur. Cette action réduit automatiquement la réaction de fission nucléaire, ce qui entraîne une diminution de la puissance du réacteur. Jusqu’à l’arrêt complet et la déconnexion du réseau électrique.
La phase de la mise à l’arrêt définitif, qui débutera ce mercredi, va s’étaler de 2023 à 2027. Il s’agit de décontaminer au maximum Tihange 2, avant la phase de démantèlement (qui devrait durer de 2027 à 2036). La démolition finale, quant à elle, devrait intervenir entre 2036 et 2037. Le combustible d’uranium irradié devrait rester environ 80 ans dans un bâtiment d’entreposage provisoire, situé sur le site de Tihange. Ce n’est donc que vers 2100 que les déchets nucléaires quitteront Tihange pour leur destination finale.
Pression politique
Tihange 2 est donc le deuxième réacteur nucléaire belge déconnecté du réseau, après l’arrêt de Doel 3 intervenu l’année passée. Inutile de rappeler que ce dossier est très sensible politiquement. Le président de la N-VA, Bart De Wever, avait d’ailleurs fait le déplacement jusqu’à Tihange pour participer à une manifestation contre la fermeture de Tihange 2. La députée MR, Marie Christine Marghem, était également présente, ainsi que les députés Theo Francken (N-VA) et Bert Wollants (N-VA). À cette occasion, l’ancienne ministre fédérale de l’Énergie a rappelé à nos confrères du Vif qu’elle était prête à s’allier avec les nationalistes flamands pour abroger la loi de 2003 sur la sortie du nucléaire.
Rappelons néanmoins que la fermeture de Doel 3 et Tihange 2 ne découle pas d’une décision de la Vivaldi, mais bien des gouvernements précédents. En effet, le gouvernement De Croo n’aurait pas pu inverser ce processus, entamé il y a plusieurs années. En outre, changer la loi de sortie du nucléaire ne suffit pas à prolonger Doel 3 et Tihange 2. Même si on modifiait le calendrier de sortie du nucléaire, les deux réacteurs devraient respecter les nouvelles normes de sûreté nucléaire. La loi prévoit en effet une mise aux normes de sûreté tous les dix ans : soit le 1er octobre 2022 pour Doel 3 et le 1er février 2023 pour Tihange 2. Les deux réacteurs doivent donc se mettre aux normes pour pouvoir produire au-delà de ces échéances.
Rappelons également qu’il s’agit des deux réacteurs dont les cuves sont touchées par des défauts dus à l’hydrogène. Après la découverte de ces défauts, les deux réacteurs avaient été mis à l’arrêt durant un long moment. Finalement, l’Agence fédérale de contrôle nucléaire (AFCN) avait donné son feu vert au redémarrage de Doel 3 et Tihange 2. Mais cette autorisation ne valait que pour une durée d’exploitation de quarante ans. À l’heure actuelle, on ne sait pas si ces défauts permettraient à Doel 3 et Tihange 2 de fonctionner davantage que quarante ans. "Nous n’avons pas étudié l’option d’une prolongation, rappelle Antoine Assice. Tout simplement parce qu’il n’a jamais été question de prolonger Doel 3 et Tihange 2".
Un arrêt irréversible ?
Si l’on en croit Antoine Assice, Tihange 2 ne devrait jamais redémarrer. "Aucune action irréversible ne peut empêcher techniquement un redémarrage", précise le patron de Tihange. Mais le fait qu’Engie travaille depuis des années sur cet arrêt le rend quasiment inévitable, si l'on en croit le patron de Tihange.