La tension persiste sur les banques américaines : "L’inquiétude d'une contamination à d’autres pays existe bel et bien"
L’approche de la réunion du Comité monétaire de la Réserve fédérale américaine ravive les inquiétudes sur l’évolution des valeurs bancaires.
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- Publié le 20-03-2023 à 18h51
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Aux premières heures de cotation sur les places new-yorkaises lundi, tous les yeux étaient évidemment tournés vers les actions de la First Republic Bank (FRB). En dépit du soutien solidaire des 11 plus grandes banques américaines qui ont apporté la semaine dernière quelque 30 milliards de dollars de dépôts, l’action FRB chutait à nouveau de 15 % en Bourse, se traitant autour de 19,50 dollars, contre 122 dollars il y a 10 jours à peine, soit une chute de plus de 80 % de la valeur de la banque cotée. En fin de journée, le titre était à nouveau malmené et perdait plus de 30 %. Dimanche, l’agence de notation S&P avait abaissé la note de la banque de BB + à B +, signifiant une créance jugée encore plus spéculative… “Les agences de notation n’avaient de toute manière rien vu venir à propos de Silicon Valley Bank avant le 8 mars dernier. Moody’s accordait alors à la SVB un rating A3 (notation de qualité moyenne supérieure, NdlR)”, nous rappelle un opérateur.
Action conjointe
Durant le week-end, aux États-Unis, banquiers et politiques ont suivi de près les manœuvres de sauvetage du groupe Credit Suisse. Un sauvetage qui ressemble singulièrement à celui du groupe Fortis en octobre 2008. Dimanche, aux États-Unis, la Réserve fédérale (Fed), les banques centrales du Canada, du Japon, d’Angleterre et de la zone euro (BCE), ont décidé de s’accorder sur des transferts de liquidités pour s’assister mutuellement en cas de tensions ponctuelles. Le mécanisme d’assistance dépasse donc les frontières américaines. Clairement, l’inquiétude relative à une contamination à d’autres pays existe bel et bien. Jerome Powell, le patron de la Fed, et Janet Yellen, la secrétaire au Trésor, gèrent les opérations de concert, comme d’habitude. Les autorités ont réagi vite, ce qui est plutôt de bon augure.
Vente des restes
Retour au calme en vue ? Lundi, en Bourse de New York, les actions des banques régionales rebondissaient globalement, portées aussi par des facteurs techniques comme les achats de couverture liés à des ventes à terme spéculatives. Les actions du groupe New York Community Bancorp bondissaient par exemple de près de 40 % aux premières minutes de cotation. Le groupe a annoncé dimanche la reprise à bon compte d’une partie du portefeuille de dépôts et de crédits de la Signature Bank en faillite par une de ses filiales. Un deal à 12,9 milliards de dollars, excluant toute reprise des cryptomonnaies de la banque défunte. On le voit, comme ce fut le cas chez nous dans le cadre du plongeon de Fortis en 2008, certains acteurs du secteur profitent de la crise pour reprendre les meilleurs morceaux.
Une dernière hausse des taux de la Fed ?
Les opérateurs s’inquiètent toutefois de l’attitude de la Fed dont le Comité de politique monétaire doit se réunir à partir de mardi pour statuer sur une éventuelle hausse des taux. Cette fois, la pression se trouve de l’autre côté de l’Atlantique, après une semaine marquée par l’annonce attendue de la hausse de ses taux directeurs par la Banque centrale européenne la semaine passée.
Quel sera le scénario adopté par les membres du Comité ? Le marché a son avis sur la question, mais il a évolué avec le temps et l’émergence de ce début de crise bancaire. Théoriquement, l’on s’attend à un dernier ou avant dernier tour de vis monétaire de l’ordre de 25 points de base (0,25 %) qui amènerait la fourchette de taux de référence entre 4,75 % et 5 %. Dans le climat actuel marqué par une grande nervosité des acteurs financiers, on a du mal à imaginer une hausse plus ferme, de l’ordre de 50 points de base, qui pourrait relancer les ventes sur les marchés boursiers et la fuite vers la sécurité. Mais force est de constater qu’une partie des soucis du moment est d’évidence liée à la rapidité du resserrement monétaire de la Fed. Il y a un an pratiquement jour pour jour, la fourchette de taux de la Fed était de 0 % à 0,50 %. La pression sur le crédit a été mise en place avec force et rapidité. Le dernier mouvement comparable sur les taux avait préludé à la crise des “subprimes” en 2008.