Entre la guerre commerciale et le coronavirus, l'industrie allemande est dans l'incertitude
Publié le 07-02-2020 à 13h46 - Mis à jour le 11-02-2020 à 10h06
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La production industrielle allemande a de nouveau plongé en décembre, douchant les espoirs de reprise d'un secteur fragilisé par un an de conflits commerciaux, et alors même que le coronavirus chinois menace ses débouchés en 2020.
Avec une baisse de 3,5%, annoncée vendredi par l'institut de statisitique Destatis, le secteur manufacturier allemand a fini l'année comme il l'avait commencée: dans l'incertitude.
Ce recul s'inscrit dans un contexte européen de ralentissement de la croissance (+1,2% en 2019, après +1,8% en 2018), et de revers pour l'industrie, la France ayant, elle aussi, vu sa production diminuer en décembre (-2,8%).
Mais il s'avère d'autant plus problématique pour l'Allemagne alors que l'industrie exportatrice, pilier de son modèle économique, est en crise depuis plus d'un an.
Les incertitudes liées au Brexit et le conflit commercial sino-américain plombent depuis plusieurs mois l'activité d'un secteur manufacturier largement tourné vers les exportations.
L'accord sur la guerre commercial insuffisant
L'accord sino-américain signé mi janvier, mettant une fin temporaire aux tensions entre les deux premières puissances mondiales, et la sortie effective du Royaume-Uni de l'Union européenne fin janvier avaient pourtant alimenté les espoirs d'une sortie de crise progressive pour le secteur.
En novembre, un net rebond de la production industrielle à 1,1%, avait également encouragé l'optimisme.
Mais les chiffres de décembre ont douché ces espoirs de reprise rapide.
"La reprise de novembre n'était qu'un soulagement temporaire pour l'industrie", commente ainsi Carsten Brzeski, analyste chez ING.
"C'est un chiffre très faible, qu'on ne voit d'habitude qu'après une récession ou un choc particulièrement violent", abonde Jens-Oliver Niklasch, économiste chez LBBW.
Le secteur de la construction, qui avait jusque là pu compenser les pertes de l'industrie manufacturière, a, lui aussi, plongé en décembre (-8,7%).
Le virus chinois pourrait aggraver la situation
L'optimisme n'est plus de mise alors que l'extension du nouveau coronavirus chinois pèse depuis le début de l'année sur le commerce international, dont dépend l'industrie allemande.
La présidente de la Banque centrale européenne (BCE), Christine Lagarde, a estimé mercredi que la propagation du virus apportait une "nouvelle dose d'incertitude" à la croissance économique mondiale.
Les menaces douanières de Donald Trump sur l'automobile allemande, réitérées par le président américain à Davos fin janvier, constituent également une menace pour l'industrie du pays, malgré des promesses d'accord entre l'Union Européenne et les Etats Unis.
"Au vu de ces éléments, il est fort probable qu'il ne s'agisse pas du dernier mois dans le rouge" pour l'industrie allemande", commente Andrew Kenningham, de Capital Economics.
Le secteur a vu sa production chuter de 6,8% en un an, fragilisant l'ensemble de l'économie allemande.
Le secteur automobile, également confronté à une transition écologique à marche forcée, a, quant à lui, vu sa production chuter pour la troisième année consécutive en 2019 (-9%), atteignant 4,7 millions d'unités, soit son plus bas niveau depuis 1997.
Sur un an, l'excédent commercial est, lui, tombé à 224 milliards d'euros, contre 228 milliards d'euros en 2018.
Malgré ces mauvais résultats, l'Allemagne a relevé fin janvier ses prévisions de croissance pour l'année 2020. Elle table sur un PIB en hausse de 1,1%, après un tassement à +0,6% en 2019, son optimisme reposant sur la demande domestique "robuste", qui permettra de "compenser la faiblesse de l'industrie", selon le ministre de l'économie, Peter Altmaier.