Peter Vanden Houte (ING) : "En termes de richesse, les Belges ont déjà récupéré une partie des pertes boursières"
Certains secteurs vont manquer la reprise. La Libre Eco a interrogé Peter Vanden Houte, Chief Economist ING Belgium pour en savoir plus.
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Publié le 19-08-2020 à 17h52 - Mis à jour le 19-08-2020 à 18h33
1. Le principe d'une reprise en "V" évoqué avant la crise est-il encore d'actualité ?
En tout cas, au troisième trimestre, on va au moins avoir cette impression. Il y aura une très forte croissance, à la hauteur de la décroissance encaissée au moment du lockdown, soit +7 ou +8 %. Évidemment, c’est un peu cosmétique, puisque l’on va repartir de zéro dans une série de secteurs. On a déjà vu des études au niveau européen, montrant le retour de la confiance des consommateurs. Pour la suite, c’est plus compliqué : on risque fort de voir une croissance, mais très limitée, au quatrième trimestre. En termes de richesse, les Belges ont déjà récupéré une partie des pertes boursières, et aux États-Unis, certains indicateurs boursiers sont à nouveau au sommet. Ici, les gens ont épargné plus que d’habitude. Ils ont, pour beaucoup bénéficié d’allocations de chômage temporaire qui leur ont garanti des revenus disponibles suffisants. Et pour le dernier trimestre, les intentions d’épargne restent importantes en raison des incertitudes sur la reprise.
2. Certains secteurs ont toutefois du mal à redémarrer...
Oui, c’est clair que des secteurs comme l’horeca ou les spectacles, les cinémas, ont repris l’activité, mais à un niveau bien inférieur à celui d’avant le lockdown. Ici, c’est clair, tant que les normes de sécurité ne reviendront pas à la normale, tant que les capacités ne seront pas rétablies, ce sera compliqué. Sauf si on devait voir arriver un vaccin sur le marché, mais jusqu’à présent, cela ne semble pas envisageable.
3. Il y a aussi le spectre du chômage en vue ?
Oui, c’est ce qui conduit les gens à rester prudents et à épargner. Beaucoup d’entreprises ont déjà fait part de possibles plans de restructuration. Jusqu’à présent, ce risque est peu ressenti, grâce aux mesures spéciales de chômage temporaire. Mais à un moment, lorsque ces mesures de soutien prendront fin, il y aura un impact sur l’emploi. Dès lors, on peut s’attendre à un double effet : d’une part, une chute des revenus disponibles pour ceux qui vont perdre leur emploi, et d’autre part, une augmentation prudente du taux d’épargne de ceux qui conserveront un emploi. On le voit dans le secteur bancaire : il y a une augmentation des emprunts, mais aussi une croissance des dépôts. C’est ce qui nous fait penser qu’il faut s’attendre à un ralentissement de la consommation au quatrième trimestre.