Elia veut amener l’électricité des éoliennes en mer vers le Hainaut... Quel impact sur la facture ?
Elia, le gestionnaire du réseau belge d’électricité, vient de lancer la première phase d’un projet d’envergure : la construction de la Boucle du Hainaut.
Publié le 04-09-2020 à 18h14 - Mis à jour le 15-10-2020 à 18h54
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Ce projet, dont le coût est estimé à 500 millions d’euros, consiste à réaliser une nouvelle liaison électrique entre les postes d’Avelgem (en Flandre) et de Courcelles (Hainaut). En ajoutant une liaison supplémentaire, Elia entend créer une boucle… On parle ici d’une ligne de 380 kV, considérée comme la colonne vertébrale du réseau.
Le tracé aura une longueur de 85 km, traversant 14 communes du Hainaut (Mont-de-l’Enclus à Pont-à-Celles). À ce stade, un corridor de 200 mètres de large, pouvant potentiellement accueillir les pylônes électriques, a été dessiné. On ne connaît cependant pas encore le tracé exact de la future ligne électrique. Elia assure que le projet évoluera en fonction des avis récoltés durant la phase de consultation publique. La législation actuelle ne spécifie aucune distance minimale à respecter entre une habitation et un pylône électrique.
La validation formelle du projet par les autorités wallonnes ne devrait pas intervenir avant la mi-2025. Ensuite, le chantier devrait durer trois ans.
Quel est l’objectif d’un tel investissement ? Selon Elia, le développement continu des énergies renouvelables, en Belgique et partout en Europe, nécessite un renforcement du réseau, afin d’éviter la saturation.
Au cours de la prochaine décennie, la Belgique compte développer les capacités éoliennes en mer du Nord. Selon le Plan National Énergie Climat, l’objectif est de passer de 2,3 GW de capacités offshore, fin 2020, à 4 GW à l’horizon 2030.
Un des objectifs de la Boucle du Hainaut est de transporter cette électricité renouvelable vers le centre du pays. "Si on ne réalise pas cet investissement, il ne sera possible d’installer que 2,7 GW de capacités éoliennes en mer", explique Ilse Tant, chief community relations chez Elia.
D’une manière générale, le gestionnaire du réseau estime que, si elle n’est pas dédoublée, la ligne actuelle entre Avelgem et Courcelles sera saturée 40 % du temps en 2030.
En outre, le but n’est pas seulement d’acheminer l’électricité des éoliennes en mer. Il s’agit également d’augmenter la capacité de transport en provenances des pays voisins, notamment la France et le Royaume-Uni. En effet, le paysage électrique va considérablement évoluer au cours des prochaines années. "Aujourd’hui, le réseau est bien développé autour des centrales nucléaires et des grands centres de production, explique Ilse Tant. Dans le futur, le centre de production d’électricité va se déplacer vers le nord-ouest et les frontières".
Quel impact sur la facture ?
Le modèle économique d’Elia prévoit que ses investissements sont financés par les consommateurs d’électricité via le paiement d’une surcharge dans leur facture. Quel sera l’impact de la Boucle du Hainaut ? Elia ne peut pas donner de chiffre précis vu les incertitudes sur le coût final du projet. "Pour un ménage, les coûts facturés par Elia ne représentent que 3 à 5 % de la facture totale d’électricité, ajoute Ilse Tant. En outre, la Boucle du Hainaut sera intégrée dans nos tarifs après 2028".
Le gestionnaire du réseau insiste plutôt sur les bénéfices qu’apportera la nouvelle ligne électrique. "À terme, la Boucle du Hainaut permettra d’économiser 100 millions d’euros par an en évitant la saturation du réseau", précise Ilse Tant.
Elia estime également que cet investissement favorisera le développement économique du Hainaut, en soulageant la ligne 150 kV actuelle qui, sans la Boucle du Hainaut, arriverait à saturation en 2030.