La catastrophe de Fukushima a-t-elle eu un effet sur la politique énergétique de la Belgique ?
La Belgique a acté sa sortie du nucléaire avant la catastrophe de Fukushima. Elle devrait être réalisée d'ici 2025 mais la sécurisation de l'approvisionnement électrique pourrait changer un peu la donne.
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Publié le 10-03-2021 à 16h27 - Mis à jour le 11-03-2021 à 11h48
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"Bien sûr que l’accident de Fukushima a eu un impact sur les décisions en termes de production électrique en Belgique. Mais ce n’est pas cela qui a changé radicalement la stratégie. Disons que ça a permis d’accélérer la décision de sortie du nucléaire” annonce d’entrée de jeu Michel Huart, maître de conférences à l’ULB et spécialiste en Énergie et durabilité. Pour lui, Fukushima a surtout eu un effet sur l’opinion publique et la politique. “L’exploitation nucléaire induit des risques, même s’ils sont petits. Les accidents aux États-Unis, à Tchernobyl, à Fukushima… Cela retire des kilomètres carrés de terrains de l’espace habitable. C’est ça, le traumatisme” dit-il. Mais comme il le répète, la sortie du nucléaire était déjà actée en Belgique, et ce depuis la loi de sortie du nucléaire de 2003.
“Ce qui est important, c’est de voir que cette technologie nucléaire est à son heure de vérité actuellement. Les centrales ne sont pas éternelles. Leur moyenne d’âge est d’environ 32 ans, nous sommes dans la dernière décennie de leur usage. C’est maintenant qu’il faut investir dans ce qui va suivre”, affirme-t-il.
Et il pose donc la question. Investir dans une “deuxième vague de nucléaire” aurait-il été envisageable ? Pour Michel Huart, le coût de ce type de technologie, si l’on prend en compte le démantèlement et la gestion de ce qui reste sur place après la phase de production ainsi que la gestion des déchets, est trop élevé. “Il y a bien des cautions qui ont été prévues pour les réacteurs actuels, mais est-ce suffisant ?”, demande-t-il, convaincu qu’elles ne le sont pas. “L’indice du coût de revient de ces installations électriques est très élevé”, précise-t-il.
Si la décision de sortie du nucléaire date de 2003 et est confirmée pour 2025, malgré la réévaluation possible du maintien de certaines centrales en cas de pénurie électrique comme le signale la déclaration de politique générale du gouvernement, c’est la question du maintien du réseau qui inquiète plus, indique Michel Huart. “La manière dont cela va se faire, c’est la grande question. Il y a le contexte européen à prendre en compte, les échanges énergétiques possibles entre pays, le potentiel éolien en Mer du Nord, la taxe carbone qui favoriserait les sources d’énergie renouvelable… Il y a également la question de la demande électrique et son évolution ainsi que nos modes de vies”. C’est cela, le défi auquel se confrontent les politiques, selon Michel Huart. La catastrophe de Fukushima n’aura donc été qu’un sensibilisateur mais reste loin d’avoir été un instant crucial dans la politique énergétique belge.