Comment expliquer la résilience de l'économie chinoise ?
Si le marché chinois semble attirant, il reste complexe et assorti d’un certain risque.
- Publié le 21-03-2021 à 10h51
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Il y a un an, le Covid-19 s’étendait en Asie et faisait son apparition dans nos contrées. Alors que ce virus a trouvé son origine en Chine, ce pays se trouve, aujourd’hui, dans une meilleure position d’un point de vue économique que les économies développées. Plusieurs facteurs peuvent expliquer cette résilience de l’économie chinoise.
"L’épidémie a été gérée de façon beaucoup plus efficace grâce à deux grands axes. D’abord, il y a eu des confinements beaucoup plus radicaux. Ensuite, la gestion des données et de la géolocalisation a permis une meilleure gestion de la crise. Il en a résulté moins de pression de la pandémie sur l’économie de ce pays", souligne Frédéric Rollin, conseiller en stratégie d’investissement chez Pictet AM.
La Chine a également bénéficié du soutien de ses exportations. En effet, on a assisté à une forte demande de la part des pays développés concernant les produits électroniques ou dans le secteur de la santé. Aujourd’hui, le cycle économique global est mené par l’Asie et la Chine s’en sort mieux que la majorité des pays développés. "On prévoit un rattrapage de l’économie chinoise avec une croissance de l’ordre de 10 % en 2021. À noter que cette croissance se fera sans politique monétaire accommodante ou fiscale importante. Si la Chine a eu besoin de stimuli monétaires et budgétaires dans le passé, il n’était pas nécessaire de les prolonger et ce, en raison de la bonne gestion de la crise sanitaire dans ce pays", ajoute Frédéric Rollin. En marge du commerce extérieur qui a été favorable, la Chine bénéficie également d’un taux d’épargne intérieure important qui lui assure une indépendance financière.
Mais ce pays n’est pas sans risques. La forte croissance qui caractérise cette économie depuis de nombreuses années s’est faite au prix d’un endettement important des entreprises. Cela s’est surtout marqué durant la période 2008-2010. "Il y a sans doute, parmi ces crédits, beaucoup d’entreprises qui sont maintenues en vie artificiellement. Ce risque paraît cependant sous contrôle aujourd’hui mais est néanmoins souvent évoqué parmi les gérants tant en actions qu’en obligations", prévient Frédéric Rollin.
Un autre risque est également pointé : celui lié à la guerre commerciale avec les États-Unis. Le départ de Trump et l’arrivée de Biden en 2021 vont entraîner un changement de style mais pas vraiment d’orientation dans les échanges sino-américains. L’idée "America First" restera bien là mais Joe Biden se souciera d’abord des Américains. Il devra mettre en place son administration. Ensuite, il se préoccupera du déploiement des plans de relance. Après cette organisation intérieure, le président américain essayera de trouver des alliés, essentiellement du côté européen, pour coordonner la lutte commerciale contre la Chine. Cette lutte reviendra à l’avant-plan mais pas dans l’immédiat.
Comment aborder la Chine et les pays asiatiques en portefeuille ? "Un an après le déclenchement de la crise sanitaire, nous restons favorables concernant les marchés asiatiques et plus particulièrement sur la Chine. Bien sûr, les valorisations paraissent élevées. Mais nous pensons qu’en raison de la baisse des primes de risque, ces valeurs sont encore décotées. L’écart entre les pays développés et les pays asiatiques va encore se réduire. Ces pays ont toujours un beau potentiel. Même si les cours ont augmenté, nous pensons qu’il ne faut pas prendre ses bénéfices. Il y a encore une décote sur ces titres en raison des perspectives de croissance de ces pays", estime ce conseiller.
Les pays émergents sont structurellement sous-représentés dans les portefeuilles. Face aux progrès engrangés dans les économies asiatiques, cette pondération devrait augmenter. "Si l’on veut de la performance en actions, il faut aller chercher de la croissance ailleurs que dans les pays développés. Les pays asiatiques ont donc leur place dans les portefeuilles. Aujourd’hui, la Chine est une économie diversifiée, créditrice, stable et solide", rappelle Frédéric Rollin.
Le choix des valeurs sur ces marchés doit être opéré par des professionnels. L’investissement à travers des fonds spécialisés est donc fortement recommandé.