Coût global du blocage du canal de Suez ? "Environ 350 millions d'euros... par heure", avance le CEO du port d'Anvers
Les répercussions sur le commerce mondial pourraient être lourdes si la situation perdurait.
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Publié le 26-03-2021 à 17h11 - Mis à jour le 25-06-2021 à 00h20
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Environ 8 milliards d’euros par jour. C’est le coût global avancé par le CEO du port d’Anvers, Jacques Vandermeiren, du blocage du canal du Suez par le porte-conteneurs de 400 mètres de long, l’Ever Given. Le navire de l’armateur Evergreen est immobilisé depuis la nuit de mardi à mercredi et bloque complètement le passage. D’autres experts du domaine maritime avancent un coût entre 3 et 9 milliards d’euros.
Quoi qu’il en soit, les répercussions sont gigantesques. “Cela représente près de 350 millions d’euros par heure. Avec 50 navires qui passent par jour, la file se fait longue… et elle coûte très cher”, calcule le CEO.
“C’est une perturbation majeure dans la chaîne logistique mondiale. Le canal de Suez en est un maillon important, comme le canal de Panama. Les conséquences sont énormes pour l’Europe comme pour l’Asie”, renchérit-il. “Pour mesurer l’impact, il nous manque le timing précis qui est nécessaire pour débloquer le canal. Difficile d’avoir des certitudes. Les armateurs attendent. Cela pourrait prendre une semaine, voire plus”, regrette-t-il.

Problèmes pour les semi-conducteurs ?
La perturbation de la chaîne logistique risque d’impacter les entreprises belges et européennes dans tous les domaines. S’il ne faut pas crier avant d’avoir mal, autant en être conscient. La fédération de l’industrie technologique belge Agoria avance ne pas avoir encore reçu de plaintes à ce niveau mais que ça ne saurait tarder. “Les pièces pour le secteur automobile et la mécatronique risquent de ne pas arriver dans les temps. Ces conséquences s’ajoutent à la carence mondiale en semi-conducteurs qui perturbe déjà les processus de production”, rappelle la fédération.
Même son de cloche pour Jacques Vandermeiren. “Il y a un impact sur les délais… Si ce sont des meubles, des livres, de l’électronique pour particuliers, on attend. Mais si ce sont des composants importants pour une chaîne de production industrielle, le processus peut tomber par terre. Les entreprises qui fonctionnent à flux tendu, au ‘just in time delivery’, risquent d’en payer les frais. Ceux qui ont des stocks vont moins ressentir les conséquences. Prendre la décision de faire le tour de l’Afrique, c’est augmenter les délais de deux semaines et la facture de 300 000 euros en carburant”, ajoute le dirigeant du port d’Anvers.

Un afflux à gérer par la suite
“Pour le port d’Anvers, ce n’est pas la panique. On a une capacité importante de stockage des marchandises. On est surtout un port d’exportations d’ailleurs. Mais si les navires sont bloqués, ils n’arrivent plus au port pour prendre les marchandises. On peut stocker pendant quelques semaines, mais ça va être la pagaille quand le canal sera débloqué. Il faudra charger et décharger rapidement pour rattraper le temps perdu. Ça sera compliqué alors que c’est déjà complexe par les temps qui courent à cause du Covid-19. On va vivre des moments difficiles… mais on a l’habitude de gérer des crises et on gérera celle-ci”, ajoute Jacques Vandermeiren.
“Il y aura des difficultés partout dans la chaîne logistique, au niveau des barges, des trains, des camions. Il va falloir adapter les plannings”, lâche-t-il, même s’il se veut confiant.

Impact sur le prix du pétrole et du gaz ?
Après l’annonce du blocage, le prix du pétrole a augmenté d’environ deux dollars le baril de Brent (quatre dollars même, si on regarde le prix à la clôture mercredi soir), étant donné qu’une partie de l’offre était bloquée alors que la demande n’a pas changé. Cependant, seule une quinzaine de pétroliers étaient bloqués et les autres routes d’exportations ainsi que les importants stocks permettent d’assurer l’approvisionnement et donc d’éviter une envolée des prix.
Pour le gaz naturel liquéfié, dont 8 % du trafic mondial passe par le canal de Suez, les répercussions ne se font pas encore sentir. Cependant, si la situation devait durer, l’approvisionnement européen pourrait être perturbé et la pression sur les prix pourrait se faire ressentir, avancent certains analystes.
Enfin, pour l’heure, la question de “qui va payer” se pose. La plupart du fret par navire n’est pas assurée contre les retards et une guerre d’assurances pourrait se livrer, sans compter le coût de la prise en charge des opérations de déblocage du navire, difficile à évaluer pour le moment.
