The Giving Pledge, quand 220 milliardaires promettent de donner plus de la moitié de leur fortune
Eco$tory | Droit d’entrée : un milliard de dollars en fortune personnelle. Soyez les bienvenus au sein de la Giving Pledge, un mouvement rassemblant plus de 200 milliardaires philanthropes ayant juré de consacrer leur fortune au bien commun.
Publié le 29-03-2021 à 14h53 - Mis à jour le 30-03-2021 à 11h47
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Jeff Skoll (premier président d'Ebay), Brian Acton (co-fondateur de WhatsApp), Sara Blakely (fondatrice et CEO de Spanx) ou encore Niu Gensheng (fondateur de Mengniu Dairy). Ils ne vous disent peut-être rien, pourtant ils font partie des gens les plus riches de la planète. A leurs côtés, on retrouve des noms plus ronflants comme Elon Musk (Tesla) ou Mark Zuckerberg (Facebook). Leur point commun ? Ils font partie des 220 milliardaires (1), issus de 25 pays, ayant rejoint The Giving Pledge.
Via cette “promesse morale”, les membres déclarent publiquement leur intention de consacrer au moins la moitié de leur fortune à la philanthropie. “The Giving Pledge n'est ni un organisme de contrôle, ni un fonds commun. Il ne distribue pas de fonds, de subventions ou de dons sous quelque forme que ce soit”, précisent ses créateurs sur le site web officiel.
Les membres n’ont aucune obligation ou aucun calendrier. Ils peuvent donner au fur et à mesure, l’intégralité de la somme prévue à leur mort, ou… finalement ne rien donner du tout. Ils choisissent leurs batailles et la manière dont ils souhaitent que leurs fonds soient utilisés.
Un bilan en demi-teinte
Derrière cette mouvance, on retrouve trois milliardaires cette fois bien connus du grand public : Bill et Melinda Gates (Microsoft), ainsi que Warren Buffett (fonds d'investissement Berkshire Hathaway). En 2009, lors d’un repas auquel auraient également participé David Rockefeller et Michael Bloomberg, ils ont évoqué la meilleure manière de mettre leurs ressources au service de la communauté. Un an plus tard, en 2010, ils fondent The Giving Pledge. L’objectif était de révolutionner la philanthropie en lui insufflant une nouvelle dynamique.
Mais après plus de dix ans d’existence, le constat est pour le moins mitigé, et ce à plusieurs titres. Premièrement, si 220 milliardaires semblent constituer une base solide, ils ne représentent que 10 % des plus de 2 000 milliardaires recensés à travers le monde.
Deuxièmement, l’absence de toute contrainte rend finalement cette promesse peu convaincante aux yeux du grand public. Si cette liberté avait pour but d’attirer un maximum de milliardaires au cœur du mouvement, elle n’y est qui plus est pas parvenue. Pire : à l’occasion du cinquième anniversaire de la Giving Pledge, le site Bloomberg révélait que sur dix Pledgers décédés, la plupart n’avait pas donné la moitié de leur fortune, comme promis de leur vivant.
Enfin, c'est notamment le cas de Bill et Melinda Gates, malgré les dons à répétition de certains membres, leur fortune est… plus élevée en 2021 qu’en 2010 ! L’un des problèmes est tout simplement d’ordre pratique : donner est une chose, mais encore faut-il s’assurer que l’argent soit utilisé à bon escient. Difficile donc de lâcher plusieurs milliards de dollars en une fois, sans courir le risque que quelques millions finissent au mauvais endroit.
Plusieurs centaines de milliards déjà donnés
Si la Giving Pledge n’a pas rempli tous ses objectifs, elle n’en a pas moins inspiré des dizaines de milliardaires à se lancer dans leur propre aventure. Jeff Bezos a par exemple lancé Bezos Earth Fund, promettant d’offrir dix milliards de dollars pour lutter contre le changement climatique. D’autres “clubs” comme le China Global Philanthropy, le Founders Pledge (Londres) ou encore le Generation Pledge (Brésil) rassemblent des centaines d’autres fortunes. Sans oublier les dizaines de fondations visant à promouvoir et améliorer l’éducation, les soins de santé, le statut des jeunes filles, l’alphabétisation ou encore l’accès aux ressources naturelles, qu’ils financent.
Quant aux membres de la Giving Pledge, impossible de savoir le montant exact de leurs donations, Warren Buffett exigeant que l’organisme ne soit pas trop contraignant, et les dons des milliardaires étant souvent réalisés loin des yeux des médias.

Mais à titre d’exemple, citons notamment :
- Azim Premji (Inde, patron de Wipro) : il a a déjà donné plus 21 milliards de dollars, et a été reconnu comme l'homme le plus généreux en Inde.

MacKenzie Scott (Etats-Unis, ancienne compagne de Jeff Bezos) : Rien qu'entre août et décembre 2020, elle a distribué plus de 4 milliards de dollars. Se voulant très transparente sur ses activités, elle publie régulièrement des détails sur l'utilisation de ses fonds. Elle expliquait ainsi avoir attribué 586,7 millions de dollars pour l'égalité raciale, 46 millions de dollars pour les droits des LGBTQ+, ou encore 133 millions de dollars pour l'égalité entre les genres.

Les Gates et Warren Buffett : ils auraient d’ores et déjà donné plus de 90 milliards de dollars à eux trois. A travers leur fondation, Bill et Melinda Gates aident par exemple au développement de la vaccination et des soins de santé dans des pays en voie de développement comme le Burkina Faso, le Nigéria ou l'Ethiopie.

Feeney, le milliardaire qui partira sans un sou
Mais le modèle du genre reste sans aucun doute Charles “Chuck” Feeney (co-fondateur du Duty Free Shoppers Group), aujourd’hui âgé de 89 ans. En septembre 2020, il était mis à l’honneur par le magazine Forbes pour être parvenu à faire don de l’intégralité de sa fortune de huit milliards de dollars de son vivant. “Je ne vois que peu de raisons de retarder ces dons alors qu’on peut accomplir tant de choses en soutenant des causes louables. Puis, c’est bien plus sympa de donner de son vivant plutôt qu’une fois mort”, a-t-il déclaré.
Une belle leçon qui, espérons-le, en inspirera bien d’autres après lui.
(1) La liste complète des 220 membres et disponible sur le site officiel de The Giving Pledge.