Le FMI somme la Belgique de réduire ses dépenses
"Compte tenu de la charge fiscale élevée, l’assainissement devrait être fondé sur la limitation des dépenses", estiment les experts de l'institution.
Publié le 29-06-2021 à 16h00 - Mis à jour le 29-06-2021 à 16h47
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Le Fonds monétaire international (FMI) a publié son rapport d’évaluation de la situation économique belge. L’institution basée à Washington a tout d’abord salué la manière dont notre pays a géré la crise du coronavirus. En raison de "l’impressionnante campagne de vaccination", mais aussi de la réponse des autorités belges à la crise économique.
Le FMI estime cependant que les mesures de soutien aux ménages et aux entreprises devront être progressivement arrêtées. En effet, la Belgique doit reconstituer des réserves budgétaires, qui seront bien utiles en cas de nouveaux "chocs" ou "pressions futures". Parmi ces pressions futures, citons une possible remontée des taux d’intérêt qui augmenterait le coût de la dette, ou encore une hausse des dépenses liée au vieillissement de la population.
L’institution estime que notre gouvernement a fait un choix "judicieux" en liant le rythme de l’assainissement budgétaire au rythme de la reprise économique. Cependant, "un ajustement plus ambitieux maintenant la dette sur une trajectoire baissière serait souhaitable", pense le FMI. L’institution a calculé que les mesures annoncées par la Vivaldi "ne stabilisent pas la dette", qui "sera toujours supérieure de 20 points de pourcentage du PIB aux niveaux antérieurs au Covid". Bref, nos finances publiques restent "vulnérables aux chocs", selon l’institution internationale.
Le FMI a sa petite idée concernant la façon d’assainir nos finances publiques. "Compte tenu de la charge fiscale élevée, l’assainissement devrait être fondé sur la limitation des dépenses", estiment ses experts. L’institution cible notamment les dépenses sociales, de pension, de santé. Une recommandation qui risque de ne pas plaire au secteur des soins de santé…
Lutter contre la fraude
Côté rentrées budgétaires, le FMI estime que l’introduction d’un impôt minimum mondial sur les multinationales devrait accroître les recettes fiscales de la Belgique. La lutte contre la fraude (fiscale et sociale) pourrait rapporter 0,2 % du PIB en 2024, soit plus de 1 milliard d’euros.
Les experts du FMI font de nombreuses recommandations aux autorités belges : réformer le système d’indexation automatique des salaires, revoir le mécanisme de progression des allocations sociales (l’enveloppe bien-être), réformer les allocations de chômage ou encore taxer davantage le carbone.
Selon le FMI, les banques belges semblent disposer de réserves adéquates. Il faudra cependant surveiller les débiteurs touchés par la crise et les emprunteurs liés au marché immobilier. "Le secteur financier est fortement exposé aux prêts hypothécaires et des vulnérabilités pourraient apparaître", estime le FMI. Néanmoins, il n’y a pas de surchauffe du marché immobilier.
En outre, le FMI a demandé au gouvernement de s’activer en ce qui concerne son ambition de faire passer le taux d’emploi de 70 à 80 % d’ici 2030. Cela implique une forte poussée chez les jeunes, les femmes, les personnes âgées, peu qualifiées, ou nées en dehors de l’UE. "Nombre de ces initiatives n’en sont qu’à leurs débuts", regrette cependant le FMI, qui reconnaît que le coronavirus a occupé le gouvernement.
Au niveau des réformes structurelles, le FMI a recommandé à la Belgique de diminuer la taxation du travail. Pour financer cette baisse des charges, plusieurs pistes sont recommandées : la taxation des plus-values, une diminution des avantages fiscaux liés à certaines rémunérations en nature… Le FMI a d’ailleurs salué la réforme en préparation visant à réserver l’avantage fiscal bénéficiant à la voiture de société aux véhicules électriques.
Interrogé sur la sortie planifiée du nucléaire, le représentant du FMI a déclaré qu’elle allait augmenter les émissions de CO2 de la Belgique, mais pas nécessairement celles de l’Europe.
Le cabinet du Premier ministre indique que "l’analyse que fait le FMI sur la santé de l’économie belge actuelle est proche de l’analyse que la BNB a pu récemment partager et est proche de l’analyse que nous faisons". "Nous aurions signé des deux mains il y a six mois si on nous avait prédit une croissance de 5% en 2021, ajoute le communiqué du Premier ministre. Les mesures de soutien qui ont été prises, cette stabilité que souligne le FMI et notre campagne de vaccination permettent aujourd’hui à la Belgique d’être en meilleure position sur le plan économique que plusieurs de ses pays voisins".