Prolongation des mesures "Corona" : un vrai sketch politique !
N’y allons pas par quatre chemins : la prolongation des mesures de soutien “Corona” est un véritable sketch, où ce qu’il y a de plus détestable en politique est laissé dans l’ombre de négociations à multiples enjeux.
/s3.amazonaws.com/arc-authors/ipmgroup/16e12df7-ddb4-42fc-bfe1-285390232bf8.png)
- Publié le 17-09-2021 à 17h16
- Mis à jour le 17-09-2021 à 18h19
/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/QQGNXEKLS5BCRKGABJINIBOLOU.jpg)
A la base, pourtant, l'enjeu de la prolongation des mesures de soutien pour faire face à la crise du corona est d'abord un enjeu socio-économique. "Si le nombre de personnes concernées est moindre, il y a encore des indépendants et des entreprises qui, par milliers, subissent toujours pleinement les conséquences de la crise, malgré la reprise de la conjoncture sur un plan macroéconomique. Certains ont encore besoin du chômage temporaire ou du droit passerelle", lance une source patronale.
L’orthodoxie nordiste a bon dos
Et pourtant, à quelques jours de la date d’échéance (30 septembre) des mesures “corona”, alors que le monde politique s’évertue à dire qu’il faut donner de la visibilité aux ménages et aux entreprises, c’est toujours le blocage sur ce qu’il reste des 30 mesures de soutien “Corona”. Le comité ministériel restreint (kern) de ce vendredi matin n’a pas permis de trouver une solution sur la prolongation du chômage temporaire et du droit passerelle, deux des rares mesures à rester sur la table des discussions. Pour plein de raisons. La première est purement politique. Le CD&V et l’Open VLD sont enquiquinés par le Vlaams Belang et la N-VA sur des mesures de soutien qui vont surtout profiter au Sud. Dans un contexte, de surcroît, où le gouvernement flamand de Jan Jambon (N-VA) a lui décidé de débrancher la prise, arguant d’une reprise plus franche qu’attendu de l’économie. Ce qui est juste. Mais la N-VA a bon dos.
"La vérité, c'est qu'au sein même de la Vivaldi, il y a aussi une véritable bataille qui s'est engagée sur les questions budgétaires", nous explique une source gouvernementale. Les attaques de l'Open VLD, pour montrer patte blanche au Nord, afin que l'on commence à assainir les finances publiques, ne passent pas du tout chez d'autres partenaires de la majorité, comme le PS ou Ecolo. Les discussions pour la conception du budget 2022 s'annoncent épiques.
La logique de “trophées”
Bref, il y a blocage, circulez, il n’y a plus rien à voir ? Et bien non. En réalité, il y a un accord au sein de la Vivaldi pour prolonger de trois mois le chômage temporaire “Corona” (sous toutes ses formes) et un droit passerelle simple (pour autant que la perte de chiffre d’affaires se monte à 65 % par rapport à la période d’avant-crise). Budget : 30 millions d’euros pour chacune des mesures. Soit dix fois moins que le budget trimestriel consacré à ces deux mesures au plus fort de la crise. On comprend que le CD&V et l’Open VLD aient changé d’os à ronger et aient finalement, après des mois (!) de discussions, accepté de “stabiliser” ces deux mesures. "Peut-être la pression des partenaires sociaux a aussi amené ces deux partis à changer en moins de 24 heures leur fusil d'épaule ", glisse une autre source gouvernementale.
Bref, qu’est-ce qui coince encore, alors ? Il y a d'abord des demandes précises des partenaires sociaux (notamment au niveau des assimilations des périodes de chômage au niveau des vacances) et puis, il y a toujours cette de demande du PS de lier la prolongation du droit passerelle à celle de l’allocation de 50 euros par mois pour les bénéficiaires de la Grapa (garantie de revenu aux personnes âgées). Côté socialiste, on s'étonne du revirement soudain des partis nordistes, mais de toute façon, cette demande (de longue date) relative aux 50 euros ne passe pas… au MR et ailleurs. Alors que MR et PS se disaient soudés “sur leur volonté d’aider encore ceux qui doivent encore l’être”.
Alors que les principaux chantiers patinent (pensions, fiscalité, emploi, budget), on en est encore là : "une logique de trophée pour chacun, bien au-delà des besoins réels des acteurs de terrain", lâche une source proche du dossier. Bref, le blocage persiste. Les discussions reprendront en début de semaine…