Dégressivité du chômage, maladies longue durée, métiers en pénurie : ces propositions du PS qui crispent la majorité
Le ministre de l’Economie Pierre-Yves Dermagne (PS) propose de donner la possibilité aux salariés qui quittent leur emploi pour réorienter leur carrière de bénéficier d’allocations de chômage.
/s3.amazonaws.com/arc-authors/ipmgroup/16e12df7-ddb4-42fc-bfe1-285390232bf8.png)
- Publié le 22-09-2021 à 19h57
- Mis à jour le 01-10-2021 à 13h54
/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/S4SNOTCF2RBCVDSQ3VIUVX3GKQ.jpg)
De nouvelles bisbilles voient le jour au sein de la Vivaldi. Cette fois, c'est au tour de la question des métiers en pénurie que ça se chamaille. On résume : le ministre de l'Economie Pierre-Yves Dermagne (PS) propose de donner la possibilité aux salariés qui quittent leur emploi pour réorienter leur carrière de bénéficier d'allocations de chômage. Tollé du côté libéral. "Non seulement cela pourrait créer un appel d'air, mais en plus cela pourrait créer des problèmes dans d'autres secteurs en pénurie. Contre-productif", nous assène Georges-Louis Bouchez, président du MR.
Tollé du côté des fédérations patronales. "Pour les travailleurs qui ne sont plus satisfaits de leur travail actuel et qui souhaitent changer d'emploi sans risque, il est préférable de miser sur des transitions d'un emploi à l'autre plutôt que de les laisser d'abord sans emploi et sans accompagnement", a réagi la Fédération des entreprises de Belgique (FEB). Du côté socialiste, on regrette cette fuite, "qui ne facilite pas le travail de la Vivaldi". On ne dira pas le contraire. C'est révélateur, de fait.
La prise en charge des malades de longue durée
La fiche “25” relative à la lutte contre les métiers en pénurie qui a fuité s’inscrit cependant dans un contexte beaucoup plus large. Celle des travaux orchestrés par le Premier ministre sur la relance et la transformation de l’économie. Le ministre de l’Economie et du Travail a été chargé de suggérer des pistes pour améliorer la situation du marché de l’emploi – notamment pour atteindre le taux d’emploi de 80 % d’ici à 2030 – et formulé 25 propositions qui seront passées au filtre de la Vivaldi ces prochaines semaines. D’autres mesures risquent de susciter moult discussions. Sans doute pas sur le droit à la formation (5 jours de formation par an dès janvier 2022). Ni même sur le calcul de l’allocation de chômage (qui serait calculée sur la base de la rémunération antérieure la plus avantageuse) ou la revalorisation par étapes du congé parental en cas de suspension du contrat de travail (de 25 % dans une première étape)…
En revanche, sur la réintégration des malades de longue durée – 1,5 fois plus nombreux (442 000 actuellement) que les chômeurs –, cela risque de chauffer. Le ministre souhaite notamment découpler les trajets de réintégration du travailleur malade du constat de force majeure médicale (ne pas être apte à l’emploi conduit souvent à un licenciement sans indemnité) et d’exclure de ceux-ci les personnes qui ne sont manifestement pas aptes à reprendre l’emploi. Si le ministre évoque des incitants fiscaux et le recours à l’avis des partenaires sociaux pour faire passer l’idée, la prise en charge du travailleur à réinsérer fera débat.
De même que fera débat… l'ajustement de la dégressivité des allocations de chômage. Sujet sensible s'il en est. Le ministre Dermagne, "afin de lutter contre la pauvreté des demandeurs d'emploi et pour leur donner plus de revenus pour ne pas entraver leurs démarches de remise à l'emploi", propose d'ajuster la dégressivité, afin de prévoir que les allocations en deuxième période (entre le 13e et le 36e mois de chômage) pour les cohabitants soit portée au niveau des allocations des isolés. Soit une hausse assez sensible de l'allocation. Là aussi, pas sûr que ça passe comme une lettre à la poste.