Covid, tensions, climat: un effet "Don’t Look Up" sur les menaces qui planent sur nous ?
Le Forum économique mondial publie son Global Risk Report 2022. La crise sanitaire a indéniablement changé la donne sur les perceptions, mais les enjeux climatiques restent néanmoins prépondérants.
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- Publié le 11-01-2022 à 17h29
- Mis à jour le 04-05-2022 à 12h53
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Si le Forum économique mondial (WEF, World Economic Forum ) a été reporté à cause du Covid-19 cette année, ça ne l'a pas empêché de publier son Global Risk Report 2022 .
Le résumer en faisant référence au film catastrophe à succès Don't Look Up – visionnaire ou critiquable, les avis divergent – serait tentant, même si caricatural. À une différence près : ce n'est pas une comète qui fonce sur la Terre, mais une multitude de risques, plus ou moins grands, qui nous menacent. Faisons le point.
1. Inégalité des reprises
Si la pandémie de Covid-19 est évidemment incontournable parmi les craintes, ce sont les inégalités en matière de vaccination et de reprise économique qui pourraient accentuer des situations déjà tendues, selon le Forum.
"Dans les 52 pays les plus pauvres, où vivent 20 % des citoyens du monde, seuls 6 % de la population avaient été vaccinés au moment de la rédaction de ce document" , précise le rapport, qui détaille les différents taux de croissance selon les pays et leur situation de développement. Les tensions pourraient donc augmenter et accentuer les contrastes entre pays riches et pays pauvres. De plus, les pays riches dépendent souvent de pays plus pauvres pour leurs besoins en ressources, en biens manufacturés ou même pour y vendre leurs services. En cas d'impasse sanitaire et économique dans ces derniers, les répercussions se feront de toute façon sentir sur les premiers.
2. Le climat : enjeux paradoxaux ?
Si le Covid-19 cristallise les craintes à court et moyen termes, les dangers liés à l’environnement sont également prépondérants.
"Les conditions météorologiques extrêmes et l'échec de l'action climatique figurent parmi les cinq principaux risques à court terme pour le monde, mais les cinq menaces à long terme les plus menaçantes sont toutes environnementales" , précise le Forum, pointant l'échec de l'action climatique, les conditions météorologiques extrêmes et la perte de biodiversité comme les trois risques les plus graves pour la prochaine décennie. De plus, les enjeux parfois antinomiques entre croissance et climat ainsi que les lacunes politiques dans la gestion de la pandémie ne favorisent pas la confiance.
3. La crise de la dette imminente
Selon les répondants, les différentes crises de la dette sont une menace imminente sérieuse. Si les différents plans de relance sont indispensables pour maintenir l’économie et la société à flot, certains estiment que les budgets publics sont et resteront mis à rude épreuve. De plus, les hausses de prix de l’énergie et autres produits de base ont renforcé cette sensation de fragilité pour faire face à l’avenir.
4. Hausse des rivalités
Si les points d'inquiétudes sont souvent interconnectés, l'enquête révèle également que les confrontations géo-économiques " apparaîtront comme une menace critique pour le monde à moyen et long terme, et comme l'un des risques potentiellement les plus graves au cours de la prochaine décennie" . Les tensions dans les chaînes d'approvisionnement pendant la crise, la pénurie de semi-conducteurs et les conflits de plus en plus ouvertement assumés, comme entre la Chine et Taiwan et leurs partenaires respectifs, en sont des exemples. " Alors que les défis domestiques urgents nécessitent une attention immédiate, la pandémie et ses conséquences économiques ont prouvé une fois de plus que les risques mondiaux ne respectent pas les frontières politiques. L'humanité est confrontée aux menaces communes et cumulées de la fragmentation économique et de la dégradation de la planète, qui nécessitent une réponse mondiale coordonnée" , recommandent les experts réunis à l'occasion.
5. Cybersécurité et accès au monde numérique
Enfin, le rapport 2022 pointe le problème d’inégalités numériques, étant donné que trois milliards de personnes restent “hors ligne”, alors que la numérisation est galopante dans les pays développés.
De plus, les défaillances en cybersécurité, alors que les usages numériques s’étendent, doivent être résolues. Car si la cybercriminalité ne figure pas parmi les principales craintes des personnes sondées, le rapport stipule que celle-ci implique pourtant des conséquences économiques et sociétales parfois sans précédent.
Reste donc à voir si ces constats de "société qui a peur" pourront se faire entendre et que les autorités passent (enfin ?) à l'action.

Ralentissement de croissance en vue
Pour rester dans les nouvelles joyeuses, la Banque mondiale a annoncé mardi que la croissance globale allait ralentir et qu'un "scénario du pire" en raison du variant Omicron du coronavirus n'est pas exclu. Ce dernier accentuant les pénuries de main-d'œuvre et les soucis de logistique.
L’institution, qui avait prévu une croissance du PIB mondial de 4,3 % en 2022, l’a finalement révisée à la baisse, à 4,1 %. Contre une croissance de 5,5 % en 2021, qui était également inférieure aux estimations faites en juin dernier.
D'autres hypothèses moins optimistes et cumulant les perturbations provoquées par Omicron pourraient même réduire cette croissance à 3,9 %, voire 3,4 %.
"Les dirigeants mondiaux doivent se réunir et adopter une approche multipartite coordonnée pour relever les défis mondiaux incessants et renforcer la résilience avant la prochaine crise", a déclaré pour sa part Saadia Zahidi, la directrice du Forum économique mondial. Espérons qu'elle soit entendue.
