“Cette sortie du président du PS est doublement maladroite”
Un gros travail a été réalisé par les partenaires de la majorité pour affiner la trentaine de mesures en matière de flexibilité sur le marché du travail. C’est dans ce contexte qu’il faut inscrire la sortie de Paul Magnette sur la nécessité d’avoir “une Belgique sans e-commerce”.
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Publié le 08-02-2022 à 19h28
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Accord de gouvernement. Page 41. On cite : "Le gouvernement examinera les causes de la faible présence dans notre pays, entre autres des centres de distribution dans le cadre de l'e-commerce. Il se penchera avec les partenaires sociaux sur l'opportunité en ce sens d'une modification de la réglementation sur le travail de soirée et de nuit."
Cela tombe bien. Cette mesure fait partie du projet de loi de dispositions diverses en matière d'emploi qui sera pour la première fois discuté en kern ce vendredi, comme le révélait La Libre ce lundi. Un gros travail a été réalisé par les partenaires de la majorité pour affiner la trentaine de mesures en matière de flexibilité sur le marché du travail qui avaient été décidées lors du conclave budgétaire d'octobre 2021. C'est dans ce contexte qu'il faut inscrire la sortie de Paul Magnette sur la nécessité d'avoir "une Belgique sans e-commerce". Si le président du Parti socialiste a ensuite "précisé sa pensée", sa sortie sur l'e-commerce ne tenait pas du hasard. L'économie collaborative et le travail de nuit dans l'e-commerce sont deux thématiques de ce "paquet emploi" qui continuent de crisper libéraux et socialistes. Pour ces derniers, la concession faite sur le travail volontaire de 20 h à 24 h jusqu'ici, à des conditions salariales inchangées par rapport à des horaires normaux, doit s'accompagner d'une concession sur l'économie collaborative. À savoir une forme de salariat pour ces travailleurs (Uber, Deliveroo, parmi les plateformes les plus connues). Les libéraux n'en veulent pas. D'autant que les travailleurs eux-mêmes ne seraient pas demandeurs, en grande partie, d'après le MR. Dont l'un des membres, proche du dossier, estime que la sortie de Paul Magnette "est doublement maladroite".
Le diable dans les détails
"Sur le fond, car nous avons besoin de ces emplois en Belgique. L'accord de gouvernement est d'ailleurs très explicite. Et sur la forme parce que le projet de Pierre-Yves Dermagne(NdlR : qui sera discuté vendredi)prévoit un volet e-commerce comme l'exige l'accord de gouvernement. Paul Magnette se fera donc déjuger vendredi soir avec la mise en place d'un projet pilote de développement d'e-commerce."
Côté socialiste, on reste soudé. Et on préfère se replier sur le fond. "Nous avons des réserves sur la qualité de vie de ces travailleurs de l'économie de plateforme, surtout dans les grosses structures. Il faut y être attentif. Tout comme il faut l'être en matière de réhabilitation des centres urbains. Les centre-villes se vident. Il faut trouver des solutions. Dans un cas comme dans l'autre, l'e-commerce est une partie du problème. On ne peut pas y mettre un terme, et on n'a rien contre la digitalisation du commerce. Mais il faut mieux l'encadrer, pour que les travailleurs reprennent le contrôle de leur vie professionnelle", conclut notre source socialiste proche du dossier. Qui conclut : "Pour nous, il n'y aura pas d'accord sur le paquet emploi si on ne trouve pas de solution équitable pour l'économie de plateforme."