"Qui a été le grand gagnant de la crise du Covid ? C’est Amazon! Est-ce cela que Paul Magnette souhaite pour les années à venir ?"
La sortie de Paul Magnette sur l’e-commerce, nuancée par l’intéressé mardi matin, continue à susciter de nombreux commentaires dans le monde économique. Pour Dominique Michel, le CEO de Comeos, la fédération belge du commerce, le président du PS fait fausse route.
Publié le 08-02-2022 à 16h10 - Mis à jour le 08-02-2022 à 16h18
/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/46HOYQ5G4VDUDIYIZYDWCWOU4Y.jpg)
La sortie de Paul Magnette sur l'e-commerce, nuancée par l'intéressé mardi matin, continuait cependant à susciter de nombreux commentaires dans le monde économique, souvent critiques à l'égard du président du PS. "Qui a été le grand gagnant de la crise du Covid ? C'est Amazon qui a connu une croissance phénoménale de son chiffre d'affaires. Avec la situation actuelle où tout est bloqué sur le plan social et les changements d'habitudes de consommation, la perte de milliers d'emplois va encore s'accélérer dans le secteur. Est-ce cela que Paul Magnette souhaite pour les années à venir ?" , explique Dominique Michel, le CEO de Comeos, la fédération belge du commerce.
"Far West législatif et social"
Mais au fait que pèse l’e-commerce dans notre pays ? Comeos avance grosso modo un chiffre d’affaires de l’ordre de 12 milliards d’euros par an. Sur le plan de l’emploi, c’est plus complexe, les frontières étant souvent poreuses entre le commerce physique et digital. Une fourchette de 15 000 à 20 000 emplois est cependant parfois avancée.
Mais Comeos avance un autre chiffre bien vérifiable celui-là, les 13 000 emplois des méga centres de logistique et de distribution, basés à nos frontières, côté néerlandais notamment. "En termes de produits non alimentaires, un achat sur deux en Belgique provient de l'étranger, parfois dans des conditions fiscales, sociales et environnementales inadéquates. Nous sommes les champions pour cela. Si vous achetez un frigo sur Amazon à l'étranger, ils ne reprendront pas votre ancien frigo comme c'est le cas pour un achat sur un site belge et vous ne paierez pas la cotisation Recupel et la TVA", illustre Dominique Michel.
Comeos estime donc que Paul Magnette se trompe de combat et qu'il faudrait pour lutter contre ce "Far West législatif et social" non restreindre encore un peu plus l'e-commerce dans notre pays mais au contraire "développer un e-commerce belge, contrôlé et encadré" capable de concurrencer ces plateformes étrangères. "Mais pour cela, notre paquebot social doit s'adapter en gardant un certain nombre de garde-fous mais en modernisant un arsenal social qui se retourne contre nous", enchaîne-t-il.
Et de pointer un droit du travail qui remonte à 1978, l'absence d'accord sur le travail de nuit (NdlR : qui commence chez nous à 20H01) et la lourdeur des négociations avec les syndicats pour toute évolution dans le développements de nouvelles activités digitales. "Nous ne voulons évidemment pas supprimer le dialogue social. Mais nous serions favorables au lancement d'expériences pilotes dans le domaine de l'e-commerce, encadrées et avec des volontaires. Qui ferait après deux ans l'objet d'une évaluation, puis d'une négociation avec les syndicats" .