De Rio à La Nouvelle-Orléans : ces carnavals qui génèrent des milliards de dollars pour les villes organisatrices

Brasser un milliard de dollars lors d'un carnaval, voilà qui parait un fameux exploit. C'est pourtant l'exploit réalisé, non pas par Venise, mais bien par La Nouvelle-Orléans métropole située en Louisiane (Etats-Unis). Là-bas, les célébrations du Mardis Gras (organisées ce mardi 1er mars 2022) sont une véritable institution et drainent chaque années des centaines de milliers de touristes.

Parmi les premiers aux Etats-Unis

La tradition du Mardis Gras a bien évidemment été importée par les explorateurs européens, et plus particulièrement français, au tout début du XVIIIe siècle. Fondée en 1702, la cité de Fort Louis de la Louisiane, rebaptisée aujourd'hui Mobile, fut la première a organisé les célébrations du Mardis Gras en 1703. Cette tradition à en devenir se répand rapidement dans la région et La Nouvelle-Orléans, fondée en 1718, l'adopte rapidement su bien que le Mardis Gras est déjà bien implanté dès les années 1730. Son succès ne va ensuite que croître pour devenir, de nos jours, l'un des plus importants carnavals du monde.

Mais comment une telle fête peut-elle générer autant de revenus ? Tout d'abord, il faut savoir que Mardi Gras vient clôturer près de... deux mois de fêtes et parades en tout genre. En 2022, le coup d'envoi du carnaval a été donné le 6 janvier. S'en est suivi des concours, des défilés, des concerts, des soirées et autres festivités à travers la ville. De quoi permettre aux principaux secteurs touristiques de pouvoir se rincer...

En 2020, le Mardis Gras à la nouvelle Orléans aurait attiré 1,4 million de personnes, c'est-à-dire... quatre fois la population totale de la ville. Une clientèle massive et aussi dépensière pour les hôtels, bars, restaurants et autres magasins de souvenirs. Dans une étude publiée en 2015, Toni Weiss, professeur d'économie à la Tulane University, a calculé que le carnaval engendrait à l'époque 164 millions de dollars de rentrées directs pendant les festivités, et 465 millions de dollars sur un cycle annuel, avec des chiffres en croissance constante lors de chaque nouvelle édition. Les visiteurs dépensent ainsi 70 millions de dollars dans les hôtels, et 61 millions de dollars en nourritures et transports. Les King Cakes (gâteaux du roi, tradition locale), ont ainsi été vendus à plus de 500 000 exemplaires cette année-là.

Pour l'édition 2020, les prévisions de WalletHub faisaient cette fois état des rentrées totales pour un montant approchant le milliard de dollars, soit un bond de 66 % des répercussions économiques entre 2011 et 2022. Si le "prix moyen d'un masque n'est que de 5,58 dollars", avance l'analyse, "celui d'un King Cake est de 38 dollars, celui pour participer aux plus grandes fêtes publiques est de 188 dollars, et celui d'une place VIP sur un char dépasse les 3 000 dollars".

Des dépenses astronomiques des USA à Rio

Aussi célèbre soit-il, le carnaval de La Nouvelle-Orléans ne boxe toutefois pas dans la même catégorie que Rio de Janeiro. Si les festivités de 2022 ont été reportées en avril (Covid-19 oblige), la ville est d'ores et déjà en ébullition. "Le carnaval est extrêmement important pour la ville de Rio, à tous les niveaux, tout particulièrement économique", commentait Marcelo Guimarães, chanteur et compositeur pour l'une des nombreuses écoles de samba de la région.

Le journal britannique The Independent révélait en 2014 que certaines de ces écoles dépensaient jusqu'à... 3,5 millions d'euros en costumes et préparatifs pour le grand défilé, événement qui rassemble plus de deux millions de personnes. Pour cette même année 2014, les retours financiers attendus avoisinaient, pour Rio uniquement, les 680 millions d'euros. Un chiffre d'autant plus astronomique qu'en plus de Rio, des festivités similaires se déroulent à travers tout le pays, de Salvador à Brasilia en passant par São Paulo.

Des chiffres à faire rougir le plus ancien carnaval (1394, pour ses premières traces) de Belgique, celui de Binche et ses quelque 500 000 participants lors du Mardi Gras.