Le prix Nobel d'Economie est décerné à trois Américains, dont l'ancien président de la Fed Ben Bernanke
L’utilité des banques, leurs risques et la manière de les encadrer pour éviter les crises, sont au cœur des travaux de ces économistes.
- Publié le 10-10-2022 à 12h00
- Mis à jour le 10-10-2022 à 17h06
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L’utilité des banques, leurs risques et la manière de les encadrer pour éviter les crises, sont au cœur des travaux de ces économistes.
Le prix Nobel d'économie a été décerné lundi à Ben Bernanke, l'ancien président de la banque centrale américaine (Fed), et ses compatriotes Douglas Diamond et Philip Dybvig, pour leurs travaux sur les banques et les crises financières. Le trio "a significativement amélioré notre compréhension du rôle des banques dans notre économie, particulièrement durant les crises financières, ainsi que la façon de réguler les marchés financiers", a annoncé le jury Nobel. "Une importante découverte de leurs recherches", dont les travaux commencent à partir des années 1980, "a été de montrer pourquoi éviter l'effondrement des banques est vital", a ajouté le comité.
Âgé de 68 ans, Ben Bernanke était le patron de la Federal Reserve (Fed) entre 2006 et 2014, bail marqué par la crise financière de 2008 et la chute de la banque américaine Lehman Brothers. Il a notamment analysé la Grande Dépression des années 1930, la pire crise économique de l’histoire moderne. Il a notamment montré comment les retraits massifs étaient un facteur décisif dans la prolongation et l’aggravation des crises. Douglas Diamond et Philip Dybvig ont développé des modèles théoriques montrant pourquoi les banques existent et pourquoi leur rôle dans la société les rend vulnérables à la rumeur sur leur effondrement imminent.
Un choix pertinent mais un peu passé de mode
Pour le professeur Eric Dor, (Directeur des études économiques à l’IESEG School of Management), le choix du sujet a un peu surpris le monde académique, plus de dix ans après la crise financière des subprimes, alors que l’on évoquait des noms de chercheurs axés sur les thématiques du moment, comme la diversité dans le marché de l’emploi ou la crise climatique… Mais pour lui, les travaux des trois Américains ont vraiment permis d’établir dans quelle mesure l’encadrement prudentiel des banques permet d’éviter l’aggravation de crises comme celle de 2008, précisément. Bernanke a lui-même prolongé les recherches menées par Milton et Rose Friedman, en étudiant dans quelle mesure la débâcle des banques accroît l’intensité des crises, notamment en se basant sur l’étude de la Grande Dépression.
Comme les autres Nobel, le prix est doté de 10 millions de couronnes suédoises (920 000 euros), à partager en cas de colauréats. Crée par la Banque de Suède, le prix en sciences économiques “à la mémoire d’Alfred Nobel” a été ajouté en 1969 aux cinq prix traditionnels (médecine, physique, chimie, littérature et paix) plus de 60 ans après les autres, lui valant chez ses détracteurs le sobriquet de “faux Nobel”.